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Adam
Deux Marocaines et la maternité
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 03/02/2020
Michel Amarger est rédacteur à Africiné Magazine
Michel Amarger est rédacteur à Africiné Magazine
Maryam Touzani, actrice, réalisatrice et scénariste marocaine
Maryam Touzani, actrice, réalisatrice et scénariste marocaine
Scène du film, avec Lubna Azabal (en noir) et Nisrin Erradi (en beige)
Scène du film, avec Lubna Azabal (en noir) et Nisrin Erradi (en beige)
Scène du film
Scène du film
Scène du film, avec Lubna Azabal (Abla)
Scène du film, avec Lubna Azabal (Abla)
L'actrice belge Lubna Azabal, dans une scène du film
L'actrice belge Lubna Azabal, dans une scène du film
Scène du film, avec Douae Belkhaouda (Warda)
Scène du film, avec Douae Belkhaouda (Warda)
Scène du film
Scène du film
Scène du film, avec Lubna Azabal (Abla) & Aziz Hattab (Slimani)
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Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
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Scène du film, avec Douae Belkhaouda (Warda)
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Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film avec Samia (Nisrin Erradi) et Adam
Scène du film avec Samia (Nisrin Erradi) et Adam
JCC 2019, Session Néjib Ayed
JCC 2019, Session Néjib Ayed

LM Fiction de Maryam Touzani, Maroc / France, 2019
Sortie France : 5 février 2020


Une nouvelle réalisatrice émerge au Maroc avec Adam de Maryam Touzani, fiction sélectionnée dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2019. Mais le visage de cette Tangéroise est familier au public depuis qu'elle a tenu le premier rôle de Razzia, 2016, écrit avec son mari, Nabil Ayouch, en s'exposant en femme libre face à l'objectif.
Pourtant c'est derrière la caméra que Maryam Touzani entend s'exprimer. Depuis qu'elle est revenue au Maroc après ses études de journalisme à Londres, elle s'est piquée de cinéma pour le défendre mais aussi le pratiquer. Après avoir signé deux courtes fictions, Quand elles dorment, 2012, et Aya va à la plage, 2016, tout en assurant des collaborations avec Nabil Ayouch, elle se lance avec Adam qu'il produit.




Pour Maryam Touzani, l'histoire du film retrace "une rencontre quelque peu fortuite entre deux femmes dans la médina de Casablanca. Le genre de rencontre inattendue, comme le destin sait si bien faire, et qui peut changer le cours d'une vie. Samia est une mère célibataire, enceinte, qui arrive de la campagne pour faire adopter son enfant. Elle sera recueillie chez une jeune veuve, Abla, qui se bat pour vivre avec sa petite fille de huit ans. Elle a perdu le goût de la vie depuis que son mari est mort."
Le récit se concentre sur l'évolution des deux femmes qui vont accomplir un véritable chemin intérieur, l'une vers l'autre. "Ce film est né d'une vraie rencontre, douloureuse mais inspirante", confie la réalisatrice dont les parents ont recueilli un temps, une femme enceinte sans mari."J'ai vu cet enfant s'imposer à elle, petit à petit, cet instinct maternel viscéral se réveiller, en dépit de ses efforts pour l'étouffer", se rappelle Maryam Touzani, également inspirée par sa propre maternité.

"Adam est l'histoire de deux solitudes qui s'apprivoisent, se confrontent, s'assemblent, de deux femmes prisonnières, chacune à sa manière, qui cherchent à trouver refuge dans la fuite, le déni", commente la cinéaste. Il y a donc Samia, "emprisonnée par l'enfant qu'elle porte", qu'elle refuse parce que la société condamne les filles-mères. Et il y a Abla, la boulangère, pétrifiée par la mort de son mari, "ce deuil qu'elle a refusé de faire", comme l'observe Maryam Touzani. Entre elles, se glisse Warda, la fille de Abla, vive et joueuse, qui fait le lien.
"L'action n'est pas très importante", concède la réalisatrice. "L'essentiel est le voyage intérieur que les deux femme et une petite fille vont parcourir." Il en résulte un film intimiste, centrée sur les sentiments. "J'ai fait le choix d'écrire une histoire simple, car je voulais qu'on puisse accéder à l'intériorité des personnages de la manière la plus primaire", souligne la cinéaste, concentrée sur la boulangerie de Abla, espace clos, ouvert sur la rue par la fenêtre où elle vend le pain.

Adam semble travailler avec une économie d'éléments pour aborder les émotions féminines tandis que Maryam Touzani signale : "J'ai également cherché la sobriété dans la mise en scène, comme dans les émotions que je décris, car je pense qu'il existe une corrélation réelle entre cette forme épurée et mon récit". La relation qui s'établit entre les femmes est valorisée par des plans rapprochés, dus à la directrice photo, Virginie Surdej.
Des plans plus longs laissent percer l'émotion, d'autres,en caméra portée, plus nerveux, suivent les mouvement des femmes l'une contre l'autre, l'une vers l'autre tandis que la lumière s'éclaircit à mesure que les relations se détendent. Nisrin Erradi qui joue Samia, évolue vers l'acceptation de sa maternité avec naturel, face à Lubna Azabal en boulangère attendrie comme Douae Belkhaouda qui campe sa fille.

Ainsi Maryam Touzani prend ses marques dans la production locale. "Je pense que le Maroc est un pays où faire du cinéma est rarement anodin", relève-t-elle. "Il y a toute une nouvelle génération de cinéastes qui ont des choses à dire. Et puis il y a des cinéastes un peu à part, qui font bouger les choses, comme Nabil Ayouch." Ce dernier est aussi le producteur du film, coproduit avec la France.
Avec son titre qui interpelle, Adam vise à réfléchir son temps. "Adam comme le premier homme, l'homme qui doit aussi se questionner parfois et revenir à l'origine. C'est aussi pour moi une façon de rappeler qui porte la vie", explique Maryam Touzani. "C'est donc une réflexion pour questionner la place de l'homme et celle de la femme dans nos sociétés."

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / Médias France)
pour Africiné Magazine

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