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Les Journées Cinématographiques de Carthage (18-23 décembre 2020)
En quête d'inspiration en temps de pandémie
critique
rédigé par Hassouna Mansouri
publié le 12/01/2021
JCC 2020
JCC 2020
Hassouna Mansouri est Rédacteur à Africiné
Hassouna Mansouri est Rédacteur à Africiné

À l'instar de tous les festivals dans le monde entier, les Journées Cinématographiques de Carthage de 2020 se sont tenues dans des conditions exceptionnelles. Et bien sûr à conditions exceptionnelles, une conception exceptionnelle. Depuis l'enclenchement de la pandémie qui a mis le monde à plat, les organisateurs de chaque festival ont dû faire preuve d'imagination. Certains ont prêté leur programme à des festivals amis, d'autres ont émigré sur la toile du virtuel etc. La direction des JCC a choisi de placer la manifestation sous le signe de la mémoire et de la nostalgie.



Comme le temps semble s'être arrêté partout, tout le monde est obligé de prendre un temps de répit mais aussi de réflexion. Il en va de même des JCC. Cela a commencé avec un forum qui s'est tenu en trois étapes. La première a eu lieu quelques mois avant la tenue du festival.
Le thème est révélateur de l'esprit dans lequel la manifestation est organisée. Il s'agit d'une réflexion sur l'état des lieux du festival : le passé, le présent et le futur. Ces débats vont de pair avec une programmation inhabituelle. Pour la première fois dans l'histoire du festival, il n'y a pas eu de compétitions ni de sélections officielles de toutes autres sections parallèles comme il en fut la tradition depuis 1966.

La sélection de la 31e édition est composée de matière à mémoire. Elle est réduite à une rétrospective des films qui ont été primés par le festival depuis sa création. A cela s'ajoute quelques films tunisiens de l'année 2020, en l'occurrence L'Homme qui a vendu sa peau de la réalisatrice Kaouther ben Hania qui vient de remporter plusieurs prix au Festival international du Caire et qui est proposé par la Tunisie aux Oscars en février 2021.



Donc, à bien réfléchir, la matière cinématographique proposée est le produit du festival lui-même, puisqu'elle est puisée dans ses propres archives. Les pionniers du festival, dont feu Tahar Chériaa, ont mis en place un mécanisme qui fait que le ministère tunisien de la culture se procure une copie de chaque film primé. Ainsi, ces films sont mis à la disposition des jeunes générations qui n'auraient pas eu la chance de les découvrir autrement.
Plusieurs d'entre eux n'existent que sur un support argentique et constituent le noyau de la mémoire visuelle en Tunisie. Ceci pose la question de la sauvegarde de cette mémoire qui risque de disparaitre si rien n'est entrepris pour la digitaliser.

Sur le plan de l'organisation, l'édition des JCC 2020 se veut aussi exceptionnelle. Les organisateurs semblent considérer cette édition comme une session expérimentale. Ils ont profité du manque de tension qu'aurait engendré l'organisation dans des conditions habituelles pour mettre en place des dispositions pratiques comme la vente des billets en ligne qui est un procédé qui existe depuis des années sous d'autres cieux. Pour cette année, les billets sont proposés gratuitement comme s'il s'agissait d'essai préparant les éditions futures. Les images des foules faisant la queue devant les salles de cinéma pendant les JCC, vont probablement disparaître à jamais. Cela ne veut pas dire que l'intérêt va diminuer.



Entre le passé et le futur demeure l'idée la plus importante qui est celle de la tenue de la manifestation en elle-même. Qu'elle ait lieu dans les circonstances de cette pandémie historique et mondiale est un signe que la culture est un combat continu d'existence. C'est aussi, peut-être, un moment de mise au point au sens de la vision que le festival avait perdue pendant des années. Le retour sur l'héritage et le rôle historiques du festival est une occasion pour rectifier le tir et lui donner un nouveau souffle, mais dans le bon sens cette fois. Les recommandations du Forum de cette année serviront-elles à réconcilier le festival avec son esprit d'origine ? Sinon ce moment de réflexion n'en sera-t-il qu'un autre rendez-vous raté avec l'histoire qui viendrait s'ajouter à tant d'autres. La prochaine édition est annoncée du 30 octobre au 06 novembre 2021.

par Hassouna Mansouri
Africiné Magazine

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