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Les femmes du pavillon J
Maroc : édition (virtuelle) du Festival de Cinéma Méditerranéen Tétouan 2021
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 15/06/2021
Amina Barakat (Rabat) est rédactrice à Africiné Magazine
Amina Barakat (Rabat) est rédactrice à Africiné Magazine
Mohamed NADIF, réalisateur marocain
Mohamed NADIF, réalisateur marocain
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
L'équipe du film au FNFT 2020 (Tanger)
L'équipe du film au FNFT 2020 (Tanger)
Rim Fethi ("Rim"), actrice
Rim Fethi ("Rim"), actrice
Asmaa El Hadrami ("Amal"), actrice
Asmaa El Hadrami ("Amal"), actrice
Imane EL MECHRAFI ("Ibtissam"), actrice
Imane EL MECHRAFI ("Ibtissam"), actrice
Jalila TALEMSI ("Halima"), actrice
Jalila TALEMSI ("Halima"), actrice
Awman Productions
Awman Productions
Janaprod
Janaprod
Les Films de l'Étranger
Les Films de l'Étranger
Film labellisé à Besançon 2020
Film labellisé à Besançon 2020

La 26ème édition du Festival International du Cinéma Méditerranéen de Tétouan - Cinémed Tétouan était initialement prévue du 21 au 28 mars 2020. Elle a été reportée à cause du Covid et elle s'est finalement tenue (en mode virtuelle) du 04 au 20 juin 2021. Mohamed Nadif était en compétition avec son second long métrage, Les femmes du pavillon J (2019).

La 26ème édition du festival méditerranéen de Tétouan se déroule à distance à cause de la pandémie de la Covid-19. Tétouan est une ville située au nord du Maroc, à 273 km de Rabat, la capitale du Maroc.
Il y a 20 films en lice. Ils proviennent de différents pays méditerranéens ; presque tous sont le résultat d'une coproduction régionale, meilleur moyen de pouvoir résister aux contraintes du virus. Le public - ayant un accès direct (sur invitation) aux films programmés pour l'édition 2021 - peut voir et apprécier à distance les films en compétition. On retrouve 9 longs métrages de fiction, 9 documentaires, 3 films concourant pour le Prix FIPRESCI (Prix de la Critique) et 2 films en section Coup de cœur.
Parmi les longs métrage de fiction, un film dramatique appartenant au pays hôte se distingue. Il s'agit d'une production de 2019, Les femmes du pavillon J (1h37mn).

Mohamed Nadif livre une ode à la bienveillance

Le film est l'histoire de 3 jeunes femmes internées dans le pavillon pour femmes d'un hôpital psychiatrique. Ces patientes sont entourées par les bons soins d'une infirmière plutôt cool. Cette surveillante se veut vigilante et sévère, sans manquer de faire preuve d'un grand sens de la solidarité humaine. Elle développe un lien d'amitié sincère avec ses trois patientes qu'elle a adoptées.



Chacune des jeunes femmes est une victime. Rim a subi un inceste. Amal est une jeune maman qui a perdu son enfant et elle se culpabilise de l'avoir négligé. Ibtissam refuse les principes et lois que le clan de sa famille bourgeoise lui impose, y compris le mariage arrangé.

Les scènes sont bien ficelées. Le réalisateur dirige avec talent ses héroïnes. Il dévoile cette complicité assez solide qui les réunit, leur permettant de combler le vide sentimental qui brisent leur cœur. Elles se sentent rejetées par la société. Le point noir qui ronge ces victimes et les rapproche les unes et les autres c'est l'incompréhension des parents qui sont sensés être à leurs cotés et leur venir en aide. Mohamed Nadif attire l'attention du public sur un fléau qui envahit la société moderne. Enfermés dans l'individualisme, l'on se rend moins disponible pour prendre compte les souffrances des proches.
Le cinéma actuel traite de nombreux problèmes sociaux. Le réalisateur y puise ses thèmes et les met dans sa ligne de mire.
Rim est autant victime du viol par son père, que du silence de sa mère et ainsi que de celui de sa grande sœur qui n'a pas échappé aux sévices du "papa". Ces traumatismes l'ont non seulement terrorisée mais ils ont fait exploser en elle une cargaison de révolte, de haine et de colère. Sa crainte est que sa petite sœur subisse le même sort qu'elles.
Le message du film dit stop aux tabous qui protègent les perpétrateurs du viol, un appel aussi à l'opinion public et aux décideurs, de punir et châtier ces monstres humains, pour ne plus garder ces terribles secrets par peur du scandale.

Un casting réussi

La direction des acteurs est aboutie, tant leur jeu semble spontanée. Chaque personnage incarne son rôle avec justesse.
Rim est incarnée par Rim Fethi. Elle a été consacrée Meilleure Actrice a la 37ème édition du festival Vues d'Afrique, à Montréal (Canada), en avril 2021. Cette jeune actrice tire ici avec brio son épingle du jeu et dévoile un potentiel prometteur. Déprimée par un drame qu'elle n'a pas causé, la maman (Amal) est bien jouée par l'actrice marocaine Asmaa El Hadrami l'icône du grand écran national. Par la simple expression de ses beaux yeux, elle a su traduire l'ampleur de sa peine. L'actrice est également co-scénariste du film avec Mohamed Nadif.

De son coté Imane El Machrafi se met dans la peau d'Ibtissam la rebelle. Quant à Halima, l'infirmière, elle est interprétée par Jalila Talemsi, la talentueuse actrice très présente au cinéma, à la télé et au théâtre.
Le psychiatre est joué par le réalisateur Mohamed Nadif lui-même, dans un rôle assez effacé.
Fatima Attif et Nisrin Erradi font preuve d'une grande présence scénique et complètent le triste tableau d'un groupe de patientes ravagées par des circonstances très difficiles à gérer.
La réalisation et le caractère social du thème placent ce film dramatique dans la catégorie des films à grand public. Le film a déjà été primé dans différents festivals dont celui de Vues d'Afrique, à Montréal où il a obtenu deux prix : le Prix du meilleur long métrage (section Fiction internationale) et le Prix de la meilleure actrice (à Rim Fethi, ex-aequo avec Amel Bent, "Les sandales blanches").

par Amina Barakat

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