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La Femme du fossoyeur : à la vie, à la mort
critique
rédigé par Falila Gbadamassi
publié le 13/07/2021
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Khadar A. AHMED, réalisateur finlandais somalien
Khadar A. AHMED, réalisateur finlandais somalien
Scène du film
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Le premier long métrage de fiction de Khadar Ayderus AHMED est en compétition à la 60e édition de la Semaine de la critique.

Il est fossoyeur, elle est malade. Pour gagner sa vie, Guled (Omar Abdi) guette la mort des autres. Mais quand elle menace sa bien aimée, Nasra (Yasmin Warsame) c'est une autre histoire et c'est celle que nous raconte le cinéaste finlandais d'origine somalienne, Khadar Ayderus Ahmed. Pour son premier long métrage de fiction présenté à la Semaine de la critique, section parallèle du Festival de Cannes, le cinéaste a posé sa caméra dans un foyer djiboutien dont la maison fait écho à la précarité ambiante du quartier pauvre dans lequel ses protagonistes vivent dans la capitale, Djibouti.
La vie est néanmoins heureuse et les hommes draguent toujours les jeunes femmes et on s'introduit encore, sans invitation, dans les noces pour faire la fête avec les mariés jusqu'au bout de la nuit.



La mise en scène de Khadar Ayderus Ahmed insiste certainement sur ces moments heureux pour mettre en relief l'épée de Damoclès qui pèse sur ce foyer réchauffé par l'amour que Nasra et Guled éprouvent l'un pour l'autre.

Ce dernier est un mari aimant et aux petits soins pour sa compagne qui joue à cache-cache avec une infection rénale qui lui pourrit le quotidien et surtout la vie. La proximité que Guled a avec son épouse n'a d'égal que la distance qui s'est installée entre son fils, Mahad, et lui. D'autant que Guled essaie de trouver d'autres sources de revenus pour payer les soins dont sa femme a besoin. Quand la possibilité d'opérer sa compagne se présente, il est prêt à tout pour rassembler la somme nécessaire, y compris retourner dans son village, une initiative qui ne réjouit guère Nasra. Guled a pour lui un optimisme qui frise la naïveté.

Développé en 2015 dans le cadre de la Résidence Cinefondation (du Festival de Cannes), La Femme du fossoyeur est une histoire d'amour qui se nourrit d'une problématique sociale : celle de ces hôpitaux africains dépourvus de tout et, par conséquent, incapables de guérir les corps de femmes et d'hommes qui peinent, eux aussi, à trouver les moyens de se soigner.

"What we do for love (ce que nous faisons par amour)" : à cette réplique rendue célèbre, entre autres, par la série américaine à succès Games of Thrones, Khadar Ayderus Ahmed répond brillamment en s'appuyant sur un solide récit, qu'il déroule presque comme un suspense, et un duo d'acteurs tout aussi fort. Sa caméra a la même complicité avec le couple de cinéma que celle que les amoureux partagent entre eux.

Le cinéaste avait déjà tourné avec Omar Abdi. Quand à la mannequin canadienne Yasmin Warsame qu'il a repérée, il était persuadé qu'elle était sa Nasra. Il ne s'est pas trompé. A son héroïne, qui paraît la plus faible, la prestance de Yasmin Warsame et son jeu épuré donnent toute sa puissance.

Au total, le réalisateur finlandais livre une œuvre fluide qui souligne que ceux l'on croit indispensables ne sont pas ceux que l'on avait imaginés.

Ainsi, avec Mahad, l'enfant du couple, Khadar Ayderus Ahmed filme aussi d'une certaine manière la fin de l'innocence, car lui aussi veut participer aux efforts faits pour débarrasser sa mère de sa maladie.

La Femme du fossoyeur est un premier essai qui tient toutes ses promesses et même au délà. En dépit de la gravité de son propos, Khadar Ayderus Ahmed offre un joli moment de cinéma.

Falila Gbadamassi, correspondante spéciale

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