Réalisé par le cinéaste kenyan Peter Murimi, I am Samuel (1h09, 2020) est un documentaire engagé pour la lutte des droits de la communauté LGBT au Kenya.
Le film est porté par la voix off de Sam, un homosexuel qui a grandi dans une ferme de la campagne kenyane. Installé à Nairobi, travaillant dans un chantier de construction, il rencontre Alex qu'il qualifie comme "l'amour de sa vie". Les premières images montrent les deux hommes dans une scène attendrissante où ils se promènent main dans la main dans les bois. Une douceur brusquement mise en contraste par la scène suivante où l'on voit Alex en train de se faire violemment lyncher à cause de son orientation sexuelle.
La plupart des pays occidentaux ont accordé certains droits aux homosexuels tels que le mariage et l'adoption. Mais le Kenya comme la plupart des pays africains, à l'exception de l'Afrique du Sud, se refuse toujours à accorder ces droits. Sam le dit explicitement en citant l'article 162 du code pénal kenyan qui pénalise l'homosexualité, passible de 14 ans de prison.
En plus de cette entrave juridique, Peter Murimi présente également tout au long de son documentaire d'autres obstacles considérables comme la culture et la religion. Dans la société kenyane, un homme doit s'accomplir en prenant une épouse et en faisant des enfants. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les parents de Sam attendent impatiemment son mariage. Ce qui est très poignant car nous réalisons à quel point ils seraient dévastés s'ils venaient à découvrir que leur fils est gay. Comble de la situation, le père de Sam est un prédicateur dans l'église du village. Sam est donc au sein d'une famille de fervents chrétiens qui condamneront forcément son orientation sexuelle comme un péché.
I am Samuel est un documentaire qui a le mérite de montrer avec lucidité à quel point l'homosexualité est mal vue au Kenya. Par le biais de cette œuvre, Peter Murimi aimerait inviter la société kenyane à l'empathie et à la tolérance.
I am Samuel rejoint les films africains de ces dernières années qui ont une intention similaire : Story of Our Lives (2014) de Jim Chuchu, Rafiki (2018) de Wanuri Kahiu et Walking With Shadows (2019) de Aoife O'Kelly [l'action du film de cette réalisatrice irlandaise se passe au Nigéria].
Aina Randrianatoandro
Cet article a été écrit dans le cadre du Durban Talent Press, une initiative de Talents Durban en collaboration avec le Durban FilmMart. Les points de vue de cet article reflètent les opinions du critique de cinéma Aina Randrianatoandro. Mentors de l'atelier de formation Durban Talents Press : Djia Mambu & Wilfred Okiche.
En partenariat avec Africiné Magazine (Dakar).
This story emanates from the Talent Press, an initiative of Talents Durban in collaboration with the Durban FilmMart. The views of this article reflect the opinions of the film critic Aina Randrianatoandro. Mentors: Djia Mambu & Wilfred Okiche.
In Partnership with Africiné Magazine (Dakar).