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Air conditioner, un drame aux couleurs magiques
critique
rédigé par Mireille Bambara
publié le 12/11/2021
Mireille Bambara est rédactrice à Africiné Magazine
Mireille Bambara est rédactrice à Africiné Magazine
Fradique, réalisateur angolais
Fradique, réalisateur angolais
Scène du film
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Prudênciana HACH, productrice exécutive, cheffe décoratrice, Costumière et actrice (Passagère Taxi / Voix Radio de la Secrétaire d'État)
Prudênciana HACH, productrice exécutive, cheffe décoratrice, Costumière et actrice (Passagère Taxi / Voix Radio de la Secrétaire d'État)
Tournage du film
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Affiche portugaise
Affiche portugaise
Affiche portugaise
Affiche portugaise
Affiche portugaise
Affiche portugaise

Réalisé par le cinéaste angolais Fradique, le film Air conditioner est un long métrage de 72 minutes. Ce chef d'œuvre est un drame à travers lequel le réalisateur convoque magie, réalisme, naturalisme et fiction.

Dans ce film, il est question de Luanda, capitale de l'Angola où des climatiseurs en panne ne cessent de tomber des immeubles en causant des blessés et des pertes en vies humaines. Agent de sécurité d'un immeuble, Matecedo est un homme calme et ferme. Zezinha est une domestique jeune, très ouverte et expressive. Ce sont les personnages principaux au cœur de cette histoire inspirée de la réalité. Face à un patron acariâtre qui leur confie la réparation de son ventilateur en un temps bien limité, ces deux personnages se rendent dans un magasin de réparation où ils découvrent un monde enfoui de mémoire et submergé de matériaux.



À travers un espace unique et pluriel, le réalisateur Fradique présente le décor d'une ville en ruine, un véritable dépotoir de tout ce qui parait comme échec d'une réalité sociale, politique, psychique, spatiale et financière d'un pays, d'une nation, d'un continent. Il montre des immeubles et des bâtiments d'une grande immensité reflétant l'image d'un pays aux grandes ressources minières et énergétiques dans lequel l'on devrait normalement vivre dans l'opulence mais la population se retrouve en majorité dans une misère et une pauvreté absolue.

Un regard critique sur l'impuissance des populations

Le réalisateur arrive à traduire la réalité, au regard de la misère que vit le peuple. A travers des objets de la technologie tels les climatiseurs, les ventilateurs, la télévision, le congélateur pour ne citer que ceux-là, Fradique présente un monde submergé de ces outils qui semblent envahir et impacter les villes africaines. Cette dépendance technologique conduit tout simplement aux dangers et à une confrontation avec la réalité en place. Ces outils, de façon métaphorique, représentent les étrangers, les immigrés, c'est-à-dire tous ces Occidentaux qui s'implantent dans les pays africains exploitant la richesse de leurs sous-sols en plongeant la population locale dans une triste réalité. L'image des climatiseurs en panne ou qui tombent symbolise la fragilité des esprits et la destruction de tout ce qui pourrait constituer les valeurs et les fondements du cadre physique et sociale de l'Afrique. Le réalisateur donne vie et forme à ces objets et au décor. Il fait de ces objets et du décor des personnages morts-vivants véhiculant et dégageant des émotions, des messages, des sensations. A travers les rôles de Matecedo, Zehinga et le patron de l'immeuble, Fradique porte un regard critique sur l'impuissance de ces populations confrontées aux dérives politiciennes, dominatrices et envahissantes. Il présente Matecedo sous un œil observateur et interrogateur, emprisonné et délaissé face à lui-même.

Un chef d'œuvre qui titille les consciences

Le réalisateur ne manque d'utiliser la radio pour seconder et suppléer les images. Il tente d'appuyer et de traduire les choses telles qu'elles se présentent aussi cruciales, pénibles et surtout pathétiques auxquelles les Angolais sont confrontés. Cet outil médiatique qui est la radio essaye de situer les responsabilités en dénonçant et en interpellant. A travers de longs silences, des monologues, des images très fortes et hyper sensibles, des travellings qui accompagnent les personnages, des panoramiques dans une fonction descriptive et une caméra accrocheuse et promeneuse à la dimension d'un personnage animé de vie et de sens, l'auteur parvient à décrire et à dépeindre les choses avec succès.



Sous une atmosphère tendue, comprimée, forte de chaleur, suspendue, Fradique semble indiquer la souffrance et l'oppression que ces habitants subissent. Il présente un temps au rythme lent, défilant à la lumière du jour et de la nuit et compartimenté dans une sorte de bouteille à bouchon bien fermée. A travers une lumière tantôt diffuse et transfuge, le cinéaste dévoile les choses sans complaisance. Par ailleurs, il titille les consciences dans un style particulier, innovateur, original, et axe sa réflexion sur des thématiques fortes et actuelles. Il inscrit alors sa production en véritable chef d'œuvre.

Mireille Bambara (Burkina Faso)

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier FACC / NO'O CULTURES / FESPACO 2021.
Atelier de formation en critique cinématographique et de production de contenus sur les cinémas africains, organisé à l'occasion de la 27è édition du FESPACO par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC) en collaboration avec le Programme NO'O CULTURES et ASCRIC-B
avec le soutien du Fespaco (Burkina Faso), Africalia, Direction de la Cinématographie (DCI, Sénégal), Centre National de la Cinématographie du Niger (CNCN) et La Semaine de la Critique (Syndicat français de la critique de cinéma & Institut Français, France).

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