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MAMY - un film puissant sur le pouvoir
Court-métrage réalisé par Toumani Sangaré (Mali, 12')
critique
rédigé par Ansoumana Dasylva
publié le 30/01/2022
Ansoumana Dasylva (Dakar), rédacteur à Africiné Magazine
Ansoumana Dasylva (Dakar), rédacteur à Africiné Magazine
Toumani Sangaré, réalisateur malien
Toumani Sangaré, réalisateur malien
Scène de tournage du film (avec le réalisateur, en rouge)
Scène de tournage du film (avec le réalisateur, en rouge)
Le réalisateur Toumani Sangaré (4ème en partant de votre gauche) sur la scène du festival Dakar Court 2021
Le réalisateur Toumani Sangaré (4ème en partant de votre gauche) sur la scène du festival Dakar Court 2021

Le jour de l'investiture de sa mère comme présidente de la République en 2024, une jeune fille de 9 ans, Mamy, a le pouvoir de discuter avec l'esprit de Modibo Keïta qui présida la Fédération du Mali en 1960 puis le gouvernement malien de 1960 à 1968.
C'est son engagement anti-impérialiste que semble vouloir mettre en avant Toumani Sangaré, le mettant sur le même plan que Kwame Nkrumah et Thomas Sankara.

Le film démarre donc par un rappel en archives de l'histoire politique de l'Afrique depuis les indépendances sur fond de musique dramatique.
Modibo Keïta regrette amèrement son échec d'indépendance face à la perfidie de la France mais aussi la tendance du pays aux mauvaises habitudes et à la corruption. Toumani Sangaré met à nu l'échec des hommes qui ont dirigé nos Etats depuis l'indépendance en se faisant ainsi écho de l'actuel débat sur le rôle et la place de la femme dans ce Mali qui fait face à une crise multidimensionnelle depuis plus d'une décennie. Les Maliens accusent la classe politique du pays d'être en partie responsable de l'impasse actuelle. De nombreuses voix se sont également élevées pour revendiquer plus de place pour les femmes dans la gouvernance. On pense au film "Les Mamans des Indépendances" de Diabou Bessane.

"Les hommes ont échoué pourquoi ne pas aussi laisser les femmes faire leur preuve", disent les Maliennes, d'une manière résumée.
Ce souhait se réalise avec la mère de Mamy élue présidente de la République. Mais "j'espère que le Mali ne va pas tuer ma mère", s'inquiète Mamy en rappelant que son pays a tendance à chasser ses présidents du pouvoir…

Renversé le 19 novembre 1968 par une junte militaire, feu Modibo Kéita fut une figure de proue pour ce pays malgré des dérives autoritaires que le film passe sous silence
Mamy s'interroge également sur la place de la jeunesse, une jeunesse silencieuse à l'image de Tidiane, "oncle assisté". Le film exhorte les jeunes à la patience : "le baobab n'a pas poussé en un jour".

Le "Prix de l'Intégration africaine" décroché lors de l'édition 2021 du festival "Clap Ivoire" à Abidjan, en Côte d'Ivoire atteste de la puissance de ce film.

Réalisateur/producteur né à Paris, Toumani Sangaré revendique sa double culture franco-malienne. Il est membre fondateur en 1995 de Kourtrajmé Productions avec Ladj Ly, Romain Gavras et Kim Chapiron.

par Ansoumana Dasylva

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2021 / FACC.
Atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 4è édition du Festival de Dakar Court par le Festival et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).

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