Vu les problèmes d'Haïti, il faut être fou pour se poser la question de comment relever Haïti ! Ce sont pourtant des officiels de haut niveau qui se réunissent pour trouver une solution. C'est là qu'émerge un plan audacieux, fou d'espoir ! L'idée n'est-elle pas crédible après le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, et de nouveau celui du 14 août 2021… ?
Par la dérision, PROJET H questionne très sérieusement la situation humaine et sociale catastrophique d'Haïti, l'impérialisme américain et la capacité des pays sous domination. Pour faire monter la sauce, la réalisatrice Maharaki manipule allègrement le spectateur. Tous les éléments sont rassemblés pour rendre cette réunion et le bureau crédibles : dossiers diplomatiques, médailles, la nuit, l'orage et les éclairs, les bruits d'avions et ces gradés militaires avec leurs costumes.
La cinéaste martiniquaise convainc surtout par son utilisation judicieuse de l'échelle des plans, n'hésitant pas à multiplier les gros plans pour rendre la scène à la fois plus réaliste et plus humaine, mais aussi plus folle. Les silences, le style, l'insistance sur les mots : tout concoure à renforcer le jeu des acteurs.
Ce scénario tout court s'avère profondément original, inattendu et finalement cohérent. Qu'attend Haïti pour se développer ? A quoi bon l'indépendance dès 1804 et être toujours aussi dépendant ? Dans ce trio : la femme ouvre les portes, mène la danse et pose les limites. Même le cigarillo tenu par Colette Césaire (Lieutenant) a la couleur des Nègres marrons de la liberté.
Le théâtre de l'absurde utilisé dans ce film est apparu au XXe siècle à l'époque de la Seconde Guerre mondiale. Il est en rupture totale avec les genres plus classiques. Dans le cas de Projet H, c'est pour notre plus grand plaisir !
Bamba BÂ
Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2021 / FACC.
Atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 4è édition du Festival de Dakar Court par le Festival et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).