La digitalisation croissante de la société a ouvert une ère de changements sans précédents, tout a changé autour de nous, et ce n'est que le début. "Home Sweet Home" : cette expression bien américaine qui définit le plaisir d'être chez soi, la douceur du cocon familial. Le paradis, un endroit où tu te sens à l'aise et libre de faire ce que tu veux.
"Si je ne veux pas être moi-même, qui le fera ?" disait Alfred Hitchcock. Franck Moka l'a bien compris. Le Congo qu'il nous montre n'est ni sa nature, ses chutes d'eau, ses richesses culturelles et culinaires, ses "Sapeurs" (sorte de dandys). Acteur dans son propre film, il nous évoque plutôt un monde qui secoué par la pandémie de la COVID-19, et nous raconte son envie de s'isoler suite à son voyage dans une zone à risque.
Il choisit une forme très expressive, expérimentale, multipliant les écrans et les effets visuels, saturant la bande-son : c'est un film en musique, mots et images, où l'on entend ou lit du français, de l'anglais, du swahili et du lingala.
Les masques covid sont sur les yeux, car les gens préfèrent ne plus voir. Franck Moka lui choisit de parler, en une mélopée, au rythme de la musique endiablée. Les pierres pesant sur la tête et les débris de bouteilles isolent ; la lumière tamisée et les mouvements des corps en disent long quant à la racine du mal : on est jugé et on devient vulnérable. Tout devient noir pour Uncle Franck, comme l'appelle affectueusement sa nièce.
Dans un monde de plus en plus connecté, le bouche à oreille est digitalisé, tout passe par les canaux sociaux. "Il y a un cas de Corona à Tshopo" (province de la RDC). Ce monde est commandé par les technologies, ce qui nous fait entrer dans un cercle vicieux, cause de toutes les inégalités.
Mais ne sommes-nous pas une famille ? Il nous faut être ensemble et se soutenir. Pourquoi vouloir tuer Franck, juste parce qu'il aurait le Covid ? Comme si ce qui se passe déjà en Ituri, au Kivu et au Kongo (provinces de l'Est de la RDC) ne nous suffisait pas. Re-unissons-nous !
Retrouver les anges à l'hôpital reste sa seule option, mais Maman est là et Dieu. Rions et partageons des moments heureux avec les êtres qui nous sont chers et qui nous prouvent leur amour comme son frère et sa soeur.
Home Sweet Home affirme que la fibre humaine reste sensible partout, et que nous avons tous besoin d'un CŒUR pour restaurer cette vie organique.
Mbaye Laye MBENGUE
Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2021 / FACC.
Atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 4è édition du Festival de Dakar Court par le Festival et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).
