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Carte Blanche AFRICINÉ à Continent Afrique (du 03 au 08 février, Pau)
Une critique africaine du cinéma
critique
rédigé par Thierno Ibrahima Dia
publié le 03/02/2022

La 28è édition de Continent Afrique (Pau) a proposé une carte blanche à Africiné Magazine (Dakar), partenaire fidèle et soutien indispensable depuis de nombreuses années.
Notre équipe a choisi 7 films qui reflètent la diversité et la vitalité de la production cinématographique africaine. Si ces films sont différents à la fois par leur thématique, leur traitement, leur propos, un fil rouge les lit : la figure de la femme ou des femmes émancipatrices.
Ces regards multiples portés racontent tous une histoire, celle de l'Afrique d'hier, d'aujourd'hui et de demain.

Moins d'un an après la naissance du cinéma à Paris, le nouvel art était célébré en Afrique, précisément à Alexandrie (Égypte), puis au Caire dès novembre 1896. La critique l'a très tôt accompagné autant en Égypte, au Maroc, au Sénégal, pour ne citer que ces 3 pays, sans oublier les expatriés. Au premier rang des Africains en France, il y a le pionnier Paulin VIEYRA (né au Dahomey, actuel Bénin, citoyen sénégalais). Également réalisateur (Afrique-sur-Seine), il n'en sera pas moins un critique régulier jusqu'à soutenir une thèse en cinéma à Paris 10 Nanterre, comme plus tard Férid Boughédir (Tunisie), son célèbre collègue.
En 2004, c'est durant le festival de Carthage, en Tunisie, que la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC) est créée. Même si la principale ambition est de porter un regard africain sur nos cinémas, il s'agit d'abord d'être des critiques du cinéma tout simplement.

Dix-huit ans après sa naissance, la FACC (basée à Dakar, Sénégal) dispose de la plus grande base de données au monde sur les cinémas africains, avec Africiné Magazine qui permet d'approfondir la réflexion sur plus de 20 600 films portant sur l'Afrique et ses diasporas. Le site web (www.africine.org) permet une visibilité inédite du travail des talents africains (diasporas comprises), de leurs structures et évènements (dont le Festival Continent Afrique de Pau).
En nous faisant l'honneur d'une Carte Blanche Africiné, la Déléguée Générale du Festival, Vicentia Aholoukpé, nous donne l'opportunité de présenter notre façon de travailler au public palois.

Notre choix de films ici reflète l'exercice même de la critique de cinéma : ce n'est pas sur le mode de "J'aime/J'aime pas", c'est plutôt une invitation à la curiosité, à sortir des sentiers battus, à aussi suivre les tendances et à ne pas oublier le patrimoine.

C'est pour cette dernière raison que parmi les films de patrimoine figure ici JOM de Ababacar SAMB Makharam (Sénégal, 1982) mettant en avant la résilience des sociétés civiles et l'importance des "biens communs" (pour parler comme Patrick Chamoiseau), à travers la figure du griot (à la fois aède, troubadour, instructeur, historien ouest-africain).



LA FEMME DU FOSSOYEUR est à la fois un film de la diaspora et du continent, le réalisateur (autodidacte) Khadar AHMED est Finlandais et Somalien (né à Mogadiscio il y a 40 ans). Il montre à l'écran (avec une équipe panafricaine) un petit pays peu vu au cinéma. Il a reçu au Fespaco 2021, le Prix Paulin Vieyra FACC. Pour Souley Moutari (critique nigérien, membre du jury FACC) "ce long-métrage, dans lequel le réalisateur dépeint des personnages imbus d'humanité, d'amour et de compassion, vaut d'être vu". Même si le sujet est âpre, il tient la gageure de montrer des hommes africains tendres et aimants.

Autre film lauréat du Prix Paulin Vieyra décerné à Carthage 2021 : ARGU (RÊVE) de l'Algérien Omar Belkacemi. Le Jury FACC estime avoir primé un film "puissant et sensible".
PARTIR ? de la réalisatrice camerounaise Mary-Noël NIBA nous a interpellés par son sujet et son traitement : montrer un autre visage des migrations africaines avec des expatriés qui font le choix de revenir dans leur pays respectif. La cinéaste comble l'absence d'archives par des scènes d'animation.
Quant à la production burkinabèe LES 3 LASCARS de Boubakar Diallo, cette comédie légère est aussi le visage assez fidèle d'une partie de ce que l'on peut trouver sur les écrans africains.

Sortie sur les écrans en France, avec une faible exposition, L'INDOMPTABLE FEU DU PRINTEMPS (THIS IS NOT A BURIAL, THIS IS A RESURECTION) est un film d'un petit poucet aux décors majestueux, le Lesotho coincé dans l'Afrique du Sud. Son réalisateur Jeremiah Lemohang MOSESE livre des personnages de femmes sans concession nimbées de poésie.

NAMELESS (LES ANONYMES) du réalisateur rwandais Mutiganda WA NKUNDA est son premier long métrage (Prix du scénario au Fespaco 2021). Il portraiture sans sensiblerie la vie dans une capitale. En se focalisant sur un couple et leur enfant, il met dans la paume de chaque spectateur le battement du cœur de ceux qui ont pour quotidien le gymkhana au milieu du sexisme, du désespoir des chômeurs (diplômés ou pas) et le confinement féroce que la vie urbaine impose d'une manière ou d'une autre (COVID ou pas).



Outre les 7 films de notre Carte Blanche, il s'y ajoute des films qu'on aurait pu également choisir, car ils sont complètement dans notre ligne éditoriale (représentant les regards africains ou sur l'Afrique ainsi les diasporas africaines, ici la France métropolitaine avec NOUS de la Sénégauloise Alice Diop, ainsi que VANILLE du Guadeloupéen Guillaume Lorin).

Il s'agit de SARRAOUNIA - UNE REINE AFRICAINE (Med Hondo, 1986, Burkina Faso / France), VANILLE (Guillaume Lorin, 2021, France, animation), LE PÉRIMÈTRE DE KAMSÉ (Olivier ZUCHUAT, 2020, France - Suisse), NOUS (Alice Diop, 2020, France), EN ROUTE POUR LE MILLIARD - Downstream to Kinshasa (Dieudo Hamadi, 2020, Congo RDC - France - Belgique), TWIST À BAMAKO (Robert Guédiguian, 2021, France - Canada - Sénégal).
Quant à AFROFUTURISTIK, c'est un long métrage qui agrège plusieurs courts métrages : QU'IMPORTE SI LES BÊTES MEURENT (Sofia Alaoui - 2019, France / Maroc, César 2021), WE NEED PRAYERS: THIS ONE WENT TO MARKET (Jim Chuchu, 2017, Kenya - 4'), ETHEREALITY (Kantarama Gahigiri, 2019, Suisse / Rwanda), HELLO RAIN (C.J. Obasi, 2018, Nigeria - 30' - 2018), ZOMBIES (Baloji, 2019, République Démocratique du Congo / Belgique).

C'est à un voyage vers le semblable, même lointain, que nous convie chacun de ces 13 films.
La carte Blanche à Pau rappelle ce qui fait la force de la critique panafricaine : la confiance des festivals et des cinéphiles. Que ce soit Carthage où nous avons été portés sur les fronts baptismaux, à Louxor, Ouaga ou Zagora au Maroc, les festivals accueillent la critique africaine. Nous y tenons des jurys pour y décerner le Prix de la critique africaine et nous y formons des journalistes au cinéma par la même occasion. Paulin Vieyra est le parrain du Prix FACC, avec le soutien de son fils, Stéphane Vieyra (PSV Films) qui, tous les 2 mois, projette des films africains à Tours où il réside.

Ghaël Sall est la Présidente du Fonds Privé d'Archives Ababacar Samb Makharam ; elle a accordé gratuitement son autorisation de diffusion film JOM, "afin de soutenir le festival". Nous la remercions vivement.

Trois rédacteurs d'Africiné Magazine seront présents lors du festival 2022 : Sahar ECHI (Tunis, Vice-présidente de la FACC), Sidney CADOT-SAMBOSI (Paris) et Thierno DIA (Bordeaux).

Thierno DIA, Rédacteur en chef - Africiné Magazine

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