Le film SUKAR du réalisateur marocain Ilias El Faris a remporté le Grand prix du jury, au Festival Dakar Court 2021.

Sur une plage au Maroc, deux adolescents flirtent. La monstration d'un désir, interdite dans une société fortement conservatrice. SUKAR dessine les contours d'une réalité sociale sous surveillance de l'autorité patriarcale dans son opposition à tout désir de liberté. Le film critique ainsi la société marocaine tiraillée entre valeurs traditionnelles et aspirations d'émancipation.

Nous voici donc lors d'une journée ordinaire à la plage, ensoleillée et bercée par les vagues : un décor où se retrouvent toutes les composantes de la société. Le rôle de chacun y est défini sans que personne ne mesure la portée de l'autre.
Le film présente ainsi une myriade de dualités. Désir exprimé et désir refoulé. L'expression de l'amour est réprimée, alors que la violence physique est tolérée. Une violence qui détourne l'attention des enfants alors que le jeu amoureux du couple les excitait.



Nisrine BENCHARA réussit une belle interprétation d'une adolescente rebelle, provocatrice et sensuelle. Elle dicte son désir, sa liberté, à travers le partage d'une sucette rouge avec son amoureux. La jeune femme ose la transgression et l'assume avec son compagnon en rigolant des conséquences.

Ilias El Faris montre avec subtilité une société vigie d'une tradition envahissante. Ancré dans l'Histoire marocaine, le cheval s'impose en tant que force publique. Il représente une culture oppressante sur une plage espace de libertés. Dans les différentes déclinaisons du plaisir (boule rouge), on retrouve la symbolique du "fruit interdit" : le sucre, à la fois permis, interdit et toléré.



L'amour face à la violence : une dualité subtilement représentée en profondeur de champ par un baiser-volé des adolescents lors de la séquence de la bagarre.
En somme un film coloré qui explore et interpelle une société en mutation en affirmant une volonté et une confiance en un avenir serein et heureux.

Ibrahima Diallo
Judith Ekwalla
Cheikh Kane

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2021 / FACC.
Atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 4è édition du Festival de Dakar Court par le Festival et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).