AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 374 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
LE JOB IDÉAL, de Gilbert Bararmna
Une comédie dramatique pour alléger l'aventure vers l'emploi rêvé
critique
rédigé par Charles Ayetan
publié le 17/04/2022
Charles Ayetan, rédacteur à Africiné Magazine
Charles Ayetan, rédacteur à Africiné Magazine
Gilbert Bararmna, réalisateur togolais.
Gilbert Bararmna, réalisateur togolais.
Scène de tournage
Scène de tournage

Le long métrage de fiction Le Job idéal est un film réalisé par le jeune togolais Gilbert Bararmna, produit par Marcelin Bossou. Cette comédie dramatique sur le chômage et la quête de l'emploi est sélectionné pour la Fête du cinéma francophone au Togo dont la deuxième édition se déroule les 18 et 19 mars à Kara, puis du 22 au 26 mars à Lomé.

Le Job idéal (Gilbert Bararmna, Togo) s'ouvre sur une scène acrobatique de skateboards, ces planches à roulettes qui procurent de grandes sensations aux jeunes passionnés. La curiosité du cinéphile grandit, lorsqu'il découvre très vite que cette première scène provient d'une table de montage aux commandes d'un bloggeur, Prosper, le premier du duo de personnages principaux de ce film. Puis, la "tête" de Greg, son complice, avec ses "dreadlocks", ne tarde pas à poindre à l'écran pour l'aventure vers l'emploi idéal.



Ce long métrage est un pan de la vie de ces jeunes embarqués dans la quête d'un travail encore trop idéalisé, et parfois emportés par les rêves de jeunesse. La belle vie est-ce donc "boire, fumer et poster des vidéos sur les réseaux sociaux" à longueur de journée ? Sans doute "non", découvrent à leurs dépens Prosper et Greg face au poids de l'auto-prise en charge.

Quand un scénario de bonheur vire au vinaigre

En effet, ce scénario du bonheur vire vite au vinaigre. Le casting et le cadrage du film le montrent bien, notamment lorsque le propriétaire de l'appartement où crèchent les deux copains vient réclamer son loyer avec insistance, les yeux grands ouverts et l'air méchant, comme pour compenser sa propre taille, face aux jeunes géants mais encore naïfs et très paumés. Des plongées et contre-plongées s'alternent, entre lesquelles s'insèrent de gros plans qui révèlent la gravité et l'obligation de verser l'argent dû.
Il n'en fallut pas plus pour courir vers les portes de l'emploi. Juste un job suffirait, même celui qui fait courber l'échine à un heureux vidéaste blogueur qui découvrira que le vieillard de collègue qu'il côtoie tous les jours au magasin est un nettoyeur de plancher plus heureux que lui, quoique ce sage ait précédemment été cadre de banque à la retraite. "J'aime mon travail", lui confie Abalo, le nettoyeur, un rôle incarné par le célèbre artiste comédien togolais Noviti Atchina Mensah-Kanlih alias Gaglo (1953-2021).
Cet acteur avait honoré le public de sa présence discrète à l'avant-première de ce film le 5 mars 2021, sur la scène Jimi Hope de l'Institut Français du Togo à Lomé, 6 mois avant son décès le 12 septembre.

Ce long métrage fiction est l'un des rares films sortis au Togo en 2021, en pleine pandémie sanitaire au nouveau coronavirus (Covid-19) qui sévit depuis mars 2020. Ce film s'inscrit dans un registre populaire qui aborde le problème crucial et quasi-éternel du chômage sous les tropiques, précisément en Afrique Subsaharienne. Mais sous un angle d'éveil des consciences sur les possibilités entrepreneuriales, particulièrement d'emplois contemporains et créatifs de blogueur ou d'influenceur via les réseaux sociaux. Mais encore faut-il pouvoir imposer sa popularité dans le monde digital.

Vers un cinéma populaire

Cette œuvre marque un pas en avant dans le paysage filmique togolais. D'abord, grâce à son casting qui porte à l'écran de jeunes comédiens togolais émergents comme Ismaël Oureya-Molla et Gentil Houndenou qui ont déjà joué des rôles principaux très appréciés dans la fiction court métrage La Vie de Daniel (Togo, 13 mn, 2018) du même réalisateur, Gilbert Bararmna.
Ensuite, le repérage du film et les techniques de prise de vues utilisées font un clin d'œil artistique à certains lieux de la capitale togolaise, Lomé, ou encore de la ville côtière historique d'Aného (Togo). Ces lieux sont sublimés par les plans de de film salué par un public togolais dont la cinéphilie juvénile s'éveille grâce aux récentes productions. Le Job idéal est l'un de ces films qui ont du succès auprès d'un public de proximité, soit par la thématique (le chômage et la quête d'emploi), soit par la familiarité avec des lieux ou avec des tendances artistiques et culturelles. La musique du fil puise dans le répertoire des artistes comme Toofan, un duo très connu au Togo, dans la sous-région ouest-africaine et au-delà. La bande son compte également le célèbre chanteur de blues et rocker togolais Jimi Hope (1956-2019) qui aimait à chanter les peines mais aussi les espoirs de l'Afrique.
Ce film est justement une invite à la jeunesse appelée à tourner le regard vers ses rêves possibles, mais non sans passion, combat et créativité.

Premier long métrage de l'auteur, cette fiction en soi participe sans doute de cette aventure vers les possibles débouchés dans un pays qui fraye son chemin vers l'industrie cinématographique. Pourvu, bien entendu, que la proéminence du placement de marques ou de produits très lisible dans cette œuvre, et qui concourt à solutionner le problème crucial de financement du film, ne plombe l'élan créatif et artistique de ce jeune cinéma.
Gilbert Bararmna est également auteur du film court métrage de fiction Brigitte (2017) et de la série télé Une Famille pas comme les autres (2018).

Charles Ayetan (Togo)

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés