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Cannes 2022 : Tarik Saleh dédie son prix du scénario aux jeunes cinéastes égyptiens
critique
rédigé par Falila Gbadamassi
publié le 30/05/2022
Tarik Saleh, le 28 mai 2022, à la fin de sa conférence de presse, avec son Prix
Tarik Saleh, le 28 mai 2022, à la fin de sa conférence de presse, avec son Prix
Falila Gbadamassi, rédactrice à Africiné Magazine
Falila Gbadamassi, rédactrice à Africiné Magazine
Scène du film
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Tarik Saleh, réalisateur et scénariste égyptien suédois
Tarik Saleh, réalisateur et scénariste égyptien suédois
Festival de Cannes 2022
Festival de Cannes 2022

Ses racines égyptiennes nourrissent grandement son œuvre. Tarik Saleh espère désormais que son parcours aidera de jeunes réalisateurs égyptiens à s'exprimer, en faisant fi de la censure.

"J'ai mélangé l'histoire et l'actualité et créé une réalité
parallèle
", confiait Tarik Saleh le 21 mai 2022 au lendemain de la projection de son film, Boy From Heaven, en lice pour la Palme d'or au Festival de Cannes. Il en est reparti avec le Prix du scénario (il est le scénariste de son film).
"C'est absolument de la fiction", précisait-il encore tout en indiquant que le conflit entre le régime du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et Al-Azhar est intervenu après qu'il a fini d'écrire son scénario. Tourné à Istanbul (Turquie), le long métrage est une immersion au cœur de cette incontournable institution de l'islam sunnite, installée au Caire, et de la convoitise que son pouvoir suscite chez le politique.

Cette institution, Tarik Saleh de père égyptien et de mère suédoise, s'y intéresse depuis longtemps. "J'ai une relation personnelle avec Al-Azhar. Mon grand-père y est allé".



De la présentation de son film, où il a rendu hommage à ses grands-parents égyptiens, à la cérémonie de clôture le 28 mai, Tarik Saleh n'a cessé de rappeler son attachement à sa terre paternelle où il n'est pas le bienvenu. Ce qu'il n'a pas manqué de rappeler. "J'adore l'Egypte, c'est probablement l'endroit que je préfère au monde", a-t-il ainsi déclaré en recevant son prix après avoir pris une photo de la salle avec son portable. "Je vais dédier ce prix aux jeunes réalisateurs en Egypte pour qu'ils élèvent la voix et qu'ils content leurs histoires", a-t-il poursuivi.



"Certaines personnes m'ont dit que c'était courageux de raconter cette histoire, mais je ne suis pas du tout d'accord avec cela", a expliqué plus tard Tarik Saleh pendant la conférence de presse des lauréats. "L'histoire que j'essaie de raconter est une histoire universelle à propos du pouvoir et de l'autorité. Je pense que cela concerne tous nos pays". L'Europe "particulièrement", estime-t-il, du fait "que nous n'y connaissons rien à l'islam" alors qu'on en parle aux informations "chaque jour" et que les gens ne savent pas qu'Al-Azhar "existe". A contrario des Egyptiens, eux, qui connaissent le Vatican ou encore "les différences entre catholiques et protestants", a souligné le réalisateur. "Pour moi, l'information est clé, tout comme l'éducation". Par conséquent, "nous avons besoin d'histoires en provenance de l'Egypte, du Soudan….". Ce constat a été l'occasion pour le cinéaste d'inviter les médias à mettre en lumière tous ces artistes qui prennent des risques pour raconter leurs histoires.
D'autant qu'il considère que "la plus importante forme de censure se trouve dans nos têtes". "Quand j'ai commencé à écrire cette histoire (Boy From Heaven), la censure était présente dans mon esprit", a-t-il confié. Puis, Tarik Saleh a dit s'être imaginé tous ces cinéastes juifs ou italiens qui avaient franchi le pas. A l'instar du Japonais Kore-Eda Hirokazu qui, avec Shoplifters (Palme d'or en 2018), a renvoyé une image du Japon que ce pays ne souhaitait certainement pas voir projeter de lui. Broker, la dernière production du cinéaste nippon qui a tourné cette fois en Corée du Sud, a d'ailleurs remporté le Prix d'interprétation masculine qui est revenu à l'acteur coréen Song Kang-Ho ainsi que le Prix du jury œcuménique.

C'est donc l'exemple, entre autres, de Kore-Eda que Saleh dit avoir suivi pour se libérer de toute forme de censure. "Et maintenant, j'en subis les conséquences" a-t-il déclaré dans un éclat de rire en montrant son Prix du scénario aux journalistes. Quoi qu'il lui en coûte, l'Egypte continue ainsi de rendre Tarik Saleh heureux.

Falila Gbadamassi, correspondance spéciale

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