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Le parcours des cinémas africains
critique
rédigé par Noureddine Mhakkak
publié le 03/06/2022
FICAK 2022
FICAK 2022
Noureddine Mhakkak, rédacteur à Africiné Magazine
Noureddine Mhakkak, rédacteur à Africiné Magazine
Christian THIAM, réalisateur sénégalais
Christian THIAM, réalisateur sénégalais
Le réalisateur Tawfik BABA (Maroc)
Le réalisateur Tawfik BABA (Maroc)
Le Tchadien Emmanuel ROTOUBAM MBAÏDÉ, réalisateur de "Massoud !" (Burkina Faso)
Le Tchadien Emmanuel ROTOUBAM MBAÏDÉ, réalisateur de "Massoud !" (Burkina Faso)
Desiree KAHIKOPO, réalisatrice namibienne
Desiree KAHIKOPO, réalisatrice namibienne
Philippe LACÔTE, réalisateur ivoirien
Philippe LACÔTE, réalisateur ivoirien
Ismahane LAHMAR, réalisatrice tunisienne
Ismahane LAHMAR, réalisatrice tunisienne
Paul S. Wilo, réalisateur zambien
Paul S. Wilo, réalisateur zambien
Mahamat-Saleh HAROUN, réalisateur tchadien
Mahamat-Saleh HAROUN, réalisateur tchadien
Narcisse WANDJI, réalisateur camerounais
Narcisse WANDJI, réalisateur camerounais
Yuhi AMULI, réalisateur rwandais
Yuhi AMULI, réalisateur rwandais
Mohamed MOUFTAKIR, réalisateur marocain
Mohamed MOUFTAKIR, réalisateur marocain
Magdi AHMED ALI, réalisateur égyptien
Magdi AHMED ALI, réalisateur égyptien
Omar BELKACEMI, réalisateur algérien
Omar BELKACEMI, réalisateur algérien

Le cinéma est d'abord un style de vie, un chemin artistique et culturel qui mène à comprendre la beauté dans sa profonde richesse. C'est bien évidement une vision du monde pleine d'amour, l'amour pour tout ce qui est beau dans ce monde ci. En plus, le cinéma est un moyen de communication artistique entre les différentes cultures, anciennes et nouvelles. Ainsi, chaque cinéma représente d'une façon ou d'une autre, la richesse culturelle de son pays, et de son continent. D'où, on parle des plusieurs cinémas du monde, le cinéma américain, le cinéma européen, le cinéma africain (auxquels on met ici le pluriel pour traduire toutes ses diversités) et bien d'autres.

Ainsi, si on veut parler des cinémas africains, et de leurs parcours culturels et artistiques, on ne peut pas ne pas parler d'un prestigieux festival international qui représente ces cinémas avec toute ses richesses et ses diversités. Ce festival n'est autre que le festival international du cinéma africain de Khouribga.

Ici, dans cet article, nous allons parler seulement des films longs métrages de fiction en compétition. Ces films qui sont tous, d'une façon ou d'une autre, attachés aux problèmes sociaux locaux.
La situation de la femme africaine est le thème omniprésent. Les films abordent également le conflit existant entre les générations ainsi que les différentes visions du monde et les intérêts des gens, d'une façon directe.



Mami Watta du réalisateur sénégalais Christian Thiam tourne autour d'une jeune et belle femme, Délia. Elle aime son mari d'une façon extraordinaire, tandis que l'ami de son mari l'aime d'une façon maladive, avant même son mariage. L'histoire est construite sur deux fortes passions, celle de l'amour et celle de la haine. Le film est plein des symboles mythiques tels le symbole de l'eau et du feu qui nous pousse à penser à la vie et à la mort en même temps. L'emploi des images est magnifique et le récit narratif est linéaire.

Oliver Black de Tawfik Baba (Maroc) est un récit qui peut paraitre simple, pourtant il est tellement riche de signification. Il traite de deux visions du monde tout à différentes l'une à l'autre. Il y a celle d'un vieil homme jouant un double jeu, celui de la sagesse et celui de la ruse, tandis que son camarade de route est un jeune sub-saharien très innocent au sens propre du mot. L'intrigue glisse vers un dynamisme narratif très élevé et donne au film un rythme magnifique. La réalisation est bien structurée et le mouvement des images crée une sensibilité visuelle très puissante. Le film possède, d'après les thèmes traités, une richesse culturelle cinématographique très remarquable.

Massoud ! du réalisateur tchadien Emmanuel Retoubam Mbaïdé, (avec une production burkinabèe) aborde le problème du terrorisme. À l'instar de The White line de la réalisatrice Desiree Kahikopo (Namibie), il s'appuie sur des fortes histoires représentant d'une façon cinématographique l'effet du réel selon l'expression du sémiologue français Roland Barthes. Les deux films suivent un parcours narratif linéaire néanmoins plein de suspens. Le spectateur est scotché du début jusqu'à la fin.

La nuit des rois de Philippe Lacôte (Côte d'Ivoire) est basé sur le pouvoir de la parole dans une société qui est soumise sous l'influence des rituels et coutumes traditionnels. La prison ici représente d'une façon métaphorique la difficulté de la vie où les personnages cherchent seulement un abri où exalter chaque souffle d'espoir. Le scénario est bien construit et la réalisation cinématographique bien maitrisée.

La réalisatrice tunisienne Ismahane Lahmar de traite la question des libertés personnelles et la condition de la femme dans les pays arabo-musulmans. Son long métrage J'irai au diable est l'histoire d'une femme qui s'appelle Najet, atteinte d'une grave maladie et dont les jours sont désormais comptés. Alors elle décide de choisir sa propre façon de mourir. Le film suit un parcours narratif linéaire. Son récit est bien construit. Par une réalisation solide et par le pouvoir des images, la cinéaste arrive à décrire avec justesse les sentiments profonds des personnages, et surtout ceux de Najet.

Maria Kristu de Paul S. Wilo (Zambie) parle d'une façon fort bien maitrisée des problèmes socio-culturels reliés aux lois posées par les traditions (le pouvoir démesuré des hommes, le mariage précoce, la condition de la femme, la violence conjugale, la recherche de la liberté personnelle). Le jeu des acteurs est remarquable.

Le même thème concernant la situation des femmes est au coeur de Lingui, les liens sacrés du réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun, d'une façon cinématographique très forte. Le propos de son scénario, la réalisation cinématographique et le jeu de tous les acteurs lui donnent cette force.
La question des femmes africaines se retrouve aussi dans Bendskins du réalisateur camerounais Narcisse Wandji. Il tresse les histoires de trois femmes. Chacune a sa propre relation avec un homme qui travaille comme conducteur de mototaxi. Le cinéaste signe avec brio son premier long métrage.

A Taste of Our Land (Un morceau de notre terre) aborde le thème de l'amour de la patrie et la relation avec la terre natale, et l'exploitation des ressources locales par des entreprises étrangères. Tous ces problèmes sont traités dans ce film d'une façon très émouvante, par Yuhi Amuli, réalisateur rwandais.

L'Automne des pommiers du réalisateur marocain Mohamed Mouftakir est un récit filmique présenté avec un regard cinématographique sur un rythme solide. Le réalisateur commence d'abord par se focaliser sur les lieux. Ensuite, il présente les personnages, en se basant surtout sur le conflit qui règne entre eux, tout en offrant au spectateur de temps à autre des signes qui peuvent l'aider à reconstruire ce récit avec tant de symboles qui reflètent le sens de la vie humaine tout entière et pas seulement de ce récit.

Dans 2 Talaat Harb, l'Égyptien Magdi Ahmed Ali décrit le parcours sociopolitique de son pays, à travers quatre histoires différentes bien filmées. Le scénario est bien construit et sa réalisation tellement réussie.

Quant à Argu (Rêve) du réalisateur Omar Belkacemi (Algérie), c'est un film poétique qui puise d'une façon très forte dans les ressources qu'offre le langage cinématographique. Il nous plonge dans un monde de rêve où la folie et la raison se complètent. C'est une vision très profonde des problèmes de ce monde et des souffrances humaines.

Pour finir, on peut dire, en nous basant sur ces films, que les cinémas africains ont produit des films possédant une très remarquable vision artistique. C'est autant au niveau des thèmes abordés que la représentation de ces thèmes d'une façon cinématographique respectant la beauté des images et le déroulement des effets, et l'interprétation des personnages. Ces cinémas sont très beaux et pleins de sensibilité humaine et tellement originaux.

Noureddine Mhakkak

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