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Maroc : Farid Regragui, l'acteur devenu réalisateur
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 04/07/2022
Farid Regragui, acteur et réalisateur marocain
Farid Regragui, acteur et réalisateur marocain
Amina Barakat (Rabat), rédactrice à Africiné Magazine
Amina Barakat (Rabat), rédactrice à Africiné Magazine
Amine Taidj, acteur marocain
Amine Taidj, acteur marocain
Sara Regragui, actrice marocaine
Sara Regragui, actrice marocaine

Avec une formation de haut niveau à Rabat, Farid Regragui a mené une brillante carrière d'acteur, au cinéma et au théâtre. Il a bifurqué vers la réalisation. On lui doit, entre autres, Pour l'amour de mon père (Min ajli hobi) et Mouchoirs blancs (Manadil Baydae). Il vient de terminer son premier long métrage, Le Retour à Tiflet (Al Aouda ila Tifelt), qui devrait sortir courant 2022 voire en 2023.

Les deux courts métrages Pour l'amour de mon père et Mouchoirs blancs sont des visas de passage de Farid Regragui l'acteur à Farid Ragragui le réalisateur. Il est diplômé de l'institut Supérieur d'Art Dramatique et d'Animation Culturelle (ISADAC) à Rabat, capitale du Maroc. L'acteur a joué sous la direction de plusieurs réalisateurs marocains dont Saad Chraïbi dans Soif, auprès de la grande actrice Mouna Fettou en 2001. Il figure dans de nombreuses séries télévisées et des téléfilms comme
Attoyour ala achkaliha takaâ - الفيلم المغربي الطيور على أشكالها تقع - Toutes les sortes d'oiseaux tombent
(Téléfilm, 2003, diffusé sur 2M), réalisé par Driss Chouika, avec Mohamed Bastaoui, Saadia Ladib, Farid Regragui, Abdellah Elamrani, Zineb Smaiki, dans les rôles principaux.



Il a joué également dans des films étrangers de renommée internationale, avec Roger Christian dans La malédiction de la pyramide, en 2013 et Jeffrey Nachmanoff dans Trahison (avec Don Cheadle), en 2008. En tant qu'acteur, Farid Ragragui a participé à des superproductions aux cotés de grands noms de la taille de Robert De Niro, Brad Pitt, Robert Redford. Il est aussi un amoureux du théâtre, sa toute première passion.

Cet acteur bien connu du cinéma et de la télévision au Maroc a décidé de se mettre derrière la caméra, sous la casquette de réalisateur. Dans ce registre, il a 4 courts métrages fictions à son actif. Il s'agit de Pour l'amour de mon père (2015), Mouchoirs Blancs (2016), Théâtre d'ombres et De l'un aux autres (2018). Il ne faut pas oublier son documentaire Ahlan Bika Fi Ljahim - Bienvenue en enfer (2016).
Tous ont été primés dans des festivals nationaux et internationaux. Parmi ses courts, Pour l'amour de mon père et Mouchoirs blancs sortent du lot. La sortie de son premier long métrage, Le Retour à Tiflet, est imminente.

Pour l'amour de mon père

Ce court métrage est l'histoire d'un jeune trisomique merveilleusement dirigé par le réalisateur. Le rôle est interprété par Amine Taidj, un acteur talentueux natif de Nador, une ville située au nord du Maroc. Atteint d'une anomalie génétique caractérisée par une déficience intellectuelle, ce jeune marocain se retrouve pour la première fois dans une équipe de tournage. Il s'est facilement intégré à l'équipe du film. Les images parlent d'elles-mêmes : Amine a le don de l'art dans le sang. Les tableaux qu'il peint traduisent sa sensibilité et sa vocation. Le réalisateur témoigne que ce jeune porte bien le chapeau du personnage et s'est livré au jeu sans aucune difficulté. Il apprécie visiblement de travailler sous les lumières et devant l'œil de la caméra.

Cette œuvre cinématographique, à caractère social, trace la vie d'un père affaibli, sous la protection d'un fils. Ce dernier est trisomique et dévoué, prenant soin affectueusement de son papa terrassé par la maladie.
La caméra balaie l'espace où se déroule l'histoire sans fioriture. Le film traduit fidèlement la situation sociale et économique d'une famille pauvre. Malgré son handicap, Amine dégage une certaine confiance et le sens de la responsabilité à l'égard de son père cloué dans un lit de fortune. Son papa est installé dans une chambre vide de tout confort. Le film impressionne par la manière forte et sensible de traiter ses personnages, sans misérabilisme. Une des scènes les plus poignants survient dans la scène de l'effondrement : l'enfant pleure sans retenue quand il comprend ce qui arrive à son père.

Les mouchoirs blancs

Dans ce court métrage, on est frappé par l'interprétation de l'actrice (en herbe) nommée Sara Regragui qui n'est autre que la fille du réalisateur. Elle fait ses premiers pas au cinéma. La petite semble suivre les pas de son papa : elle est d'une spontanéité magnifique.
C'est l'histoire d'une petite écolière qui vit avec sa maman prostituée, rôle campé par Hasnaa Tamtaoui. Cette dernière est une actrice très présente sur la scène artistique. C'est plus par des suggestions que des plans frontaux que le réalisateur nous révèle ce que fait cette femme. Il nous montre, discrètement, les clients passagers du coin.
Encore une fois, Farid Regragui dessine ici un personnage qui vit au ban de la société et n'a que la vente de sa chair pour survivre. En plus de sa petite fille, la jeune femme a, à sa charge, un handicapé sur une chaise roulante.
À la sortie de l'école la petite se rend aux ronds points, à la rencontre des automobilistes, afin de vendre des boites de mouchoirs en papier, sans faire attention aux risques qui la guettent. La fin du film est plutôt classique pour une histoire pareille. À la tombée de la nuit, un prédateur habitué, motorisé, prend la petite et l'emmène vers l'inconnu laissant une maman en pleurs devant cette scène. Le réalisateur laisse le public deviner la suite.

Dans ces deux courts métrages, le cinéaste marocain met l'accent sur une catégorie de gens vivant en marge de la société, livrée à elle même sans protection ni aide. C'est aussi autant de cris lancés aux parents, pour protéger leurs enfants des dangers qui circulent dans la nature à la recherche d'une victime.

par Amina Barakat

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