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OLIVER BLACK de Tawfik Baba - Une vie entre rêve et cauchemar
Le cinéma de la rhétorique de l'espace ouvert
critique
rédigé par Noureddine Mhakkak
publié le 26/07/2022
Noureddine Mhakkak, rédacteur à Africiné Magazine
Noureddine Mhakkak, rédacteur à Africiné Magazine
Tawfik Baba, réalisateur et scénariste marocain
Tawfik Baba, réalisateur et scénariste marocain
Scène du film, avec Modou Mbow (Vendredi)
Scène du film, avec Modou Mbow (Vendredi)
Scène du film, avec Hassan Richiou (Homme Blanc)
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Scène du film, avec Ilham Oujri (Petite-fille de l'Homme Blanc)
Scène du film, avec Ilham Oujri (Petite-fille de l'Homme Blanc)
Scène du film
Scène du film
Le Marocain Tawfik Baba, réalisateur, au Fespaco 2021 © Olivier Barlet
Le Marocain Tawfik Baba, réalisateur, au Fespaco 2021 © Olivier Barlet

Faire un film qui appartient au domaine du cinéma c'est plonger dans un monde plein d'imaginaire, un monde où tout est possible, soit par l'esprit, soit à travers le rêve. Car le cinéma est un champ de rêve, d'après le sociologue français Edgar Morin (Le Cinéma ou l'homme imaginaire). Et celui qui veut vivre dans le monde du cinéma, il faut qu'il sache cette vérité. Ainsi, chaque vrai réalisateur du cinéma, ne peut pas être loin de cette réalité, surtout s'il veut faire des films, des bons films. Je pense que le réalisateur du film Oliver Black sait fort bien cette vérité.
Tawfik Baba a comme objectif artistique de présenter une simple histoire simple parlant de l'être humain dans sa diversité. Le thème est la puissance de l'âme humaine, l'âme qui possède un rêve et qui veut le réaliser à tout prix. Mais, pour que ce rêve soit une réalité il faut de l'intelligence, et une profonde connaissance de la nature humaine, pour que ce rêve ne se transforme pas en un cauchemar.



Ce film marocain présente un jeune homme appelé "Vendredi". Il est en train de traverser le Sahara avec un but bien déterminé : atteindre le Maroc, pour travailler dans le cirque en tant qu'artiste de talent. Pour lui, le cirque représente un monde de paix et de tolérance. On essaie d'y créer plein de joie et de sincérité. Mais, son destin lui voue à un autre chemin, une voie pleine de tristesse où règne la violence extrême.
Lui qui ne suit que les paroles de sa mère va rencontrer un vieil homme qui se montre devant lui comme un sage plein de bonté et de sagesse. Il cache en réalité sa vraie nature. Le film présente son visage terrible d'une façon indirecte. Le spectateur peut lui-même être pris au piège. Vendredi, le jeune homme innocent, aide le vieil homme à survivre, à rester en vie. Il ne passe pas son chemin, il ne va pas le laisser en plein désert.

Durant tout le film, on voit un vieil homme qui essaie de traverser le désert saharien tout seul, pour aller rejoindre le Maroc, afin d'assister à la cérémonie du mariage de sa fille. Il est bien équipé. Il possède une petite tente et deux draps, et tout ce qu'un voyageur a besoin de lui. Cet homme, se montre sage et ne veut pas de la compagnie. Mais Vendredi le suit jusqu'à ce qu'ils deviennent des compagnons de route voire plus : ils sont désormais amis. La caméra plonge dans le désert et révèle une beauté naturelle très frappante. Le sable permet de suivre la trajectoire de Vendredi et son acolyte. L'espace est utilisé comme un personnage, dans la pure tradition du cinéma d'auteur.

Cependant, on peut dire que Oliver Black de Tawfiq Baba est un récit qui peut paraitre simple. Pourtant, il est tellement riche en significations. Il traite de deux visions du monde tout à fait différentes l'une à l'autre. Il y a celle d'un vieil homme jouant un double jeu, celui de la sagesse et celui de la ruse, tandis que son camarade de route est un jeune subsaharien très innocent au sens propre du mot. L'intrigue glisse vers un dynamisme narratif très élevé et donne au film un rythme magnifique. La réalisation est bien structurée et le mouvement des images crée une sensibilité visuelle très puissante.
Le souvenir de "vendredi" concernant sa relation avec sa mère, ou même son rêve de rejoindre le Maroc, terre de paix et de tolérance, sont filmés avec une grande tendresse. Les personnages sont très vivants. Pourtant, chacun est de son côté, bien plus loin de l'autre que ne le laisse penser le récit de prime abord. La fin de ce film est triste tout en ouvrant sur de l'espoir. Et ce que peut le spectateur ressent en plongeant dans ses idées et ses réflexions.

Ce genre du cinéma est une sorte d'une esthétisation de l'espace d'une part et des personnages d'autre part. D'où, il faut évoquer, ici et là, les mille nuances de l'image, pour paraphraser le philosophe français Henri Bergson (La pensée et le mouvant) qui nous fait plonger dans un monde ouvert vers l'infini. Ce genre du film mérite d'être vu et revu, et en plus il mérité d'être recomposé bien évidement.

Noureddine Mhakkak

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