Ce 03 novembre 2022 est la date d'ouverture des journées Cinématographiques de Doukkala, à El Jadida. Le festival se déroule du 03 au 06 novembre. Ville côtière située à 96 kms de Casablanca, la capitale économique du Maroc, El Jadida est une cité marquée par la colonisation portugaise. Riche en patrimoine culturel et humain, la ville est connue par son phare de Sidi Bouafi. Elle compte 217 975 habitants en 2020.
La ville est connue comme capitale de la citrouille, ingrédient principal du couscous, plat traditionnel et incontournable marocain. Cette année, El Jadida renoue avec son festival du cinéma. Le cinéaste et critique Khalid El Khodari est le directeur de cette manifestation. Selon lui : "le but de ce festival est d'initier les habitants d'Al Brija Mazagan, vieux nom de cette ancienne colonie portugaise, rebaptisée El Jadida, à l'importance de cinéma dans l'éducation et la sensibilisation des jeunes, aux effets positifs du 7ème art, en tant que 4ème pouvoir dans la gestion de la vie en général."
Le festival avait été gelé longtemps, à cause de la pandémie Covid 19. Le directeur du festival souligne qu'un nouveau complexe cinématographique (Ciné Atlas, en l'occurrence) a été mis au service de son évènement artistique et culturel. Le complexe comble un vide. En effet, la majorité des villes marocaines souffre du manque terrible de salles obscures.
Cette 11ème édition a pour thème "Cinéma et Théâtre". Le lien entre les deux arts est pratiquement boudé par les professionnels de cinéma. Ces derniers ne profitent pas non plus assez des romans et œuvres crées par les écrivains nationaux pour en faire des films.
En hommage aux films adaptés de pièces théâtrales, les films programmés sont :
- Le coiffeur du quartier des pauvres, du réalisateur Mohamed Reggab, d'après la pièce du même titre écrite par Youssef Fadel
- Zeft ("Goudron", en arabe) de Tayeb Saddiki, tiré de sa pièce "Sidi Yassin Fi Trik" ("Yassine est en route", en arabe).
- Noces de sang, de Souheil Benbarka, tiré d'une pièce du même nom de Federico Garcia Lorca.
- Les mécréants, de Mohcine Besri
- A mile in my shoes (Massafat Mile Bihidayi), de Saïd Khallaf
- Les Jardins de Samira de Latif Lahlou qui sera le film d'ouverture, en présence de son réalisateur et de l'acteur principal, Mohamed Khouyyi.
La population pourra profiter d'autres films encore. Les jeunes pourront aussi rencontrer les acteurs et actrices présents. C'est aussi un rendez-vous pour les professionnels du cinéma, des journées et un lieu pour parler affaires et échanger leurs expériences.
Le volet Hommage a pour vedette l'acteur marocain de grande renommée, Mohamed KHOUYYI, caméléon du cinéma et de la télévision. Sont aussi à l'honneur, des personnalités locales qui ont participé à l'essor culturel et artistique de la ville, tel que l'écrivain et poète Saïd Ahid, ou Fakihi Raoui Sahraoui, Abderahman Arès.
Un autre hommage pas comme les autres est rendu à des personnes qui travaillent dans l'ombre, loin des paillettes. C'est une initiative qui a un caractère plutôt humaniste et gratifiant. Les professionnels retenus sont Fatima El Hayej, alias "Mi Fatima" ("La mère Fatima", en arabe), ouvreuse (placeuse) de métier, avec Jalloul Sedrani, son collègue employé de cinéma. Ces gens veillent à ce que les spectateurs trouvent leur place quand les salles sont plongées dans le noir, en attendant l'envoi du générique. Il s'agit d'un métier en voie de disparition, surtout après la fermeture des salles de quartiers.
Il y a en outre, deux acteurs du Théâtre Jdidi ; il s'agit de feu Mohamed Tarda Ramzi et son frère Abdelkarim Tarda, sans oublier le chanteur populaire Abdelfattah Alkhayala qui fera partie de la soirée de clôture.
Un colloque est aussi au programme, autour du thème "Cinéma et Théâtre". Il sera animé par les metteurs en scène Abdelmajid Fennich et Abdelmajid Saadallah (également théoriciens du théâtre), en plus du critique de cinéma Mohamed Alaabid. Des professionnels des deux disciplines et les intellectuels de la ville de El Jadida participeront à la réflexion. L'acteur Mohamed Khouyyi animera une masterclass, en présence du réalisateur Latif Lahlou, suivie d'une discussion autour du film d'ouverture. Cela se déroulera au quartier portugais.
Une visite aux monuments historiques de la ville est également prévue, au bénéfice des festivaliers (invités et participants).
Amina BARAKAT
