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Cinéma / Théâtre : un colloque à El Jadida, pour sortir de la confrontation
Clôture du festival des Journées Cinématographiques Doukkala 2022
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 11/11/2022
Les conférenciers et le modérateur, aux JCD 2022, El Jadida
Les conférenciers et le modérateur, aux JCD 2022, El Jadida
Amina Barakat (Rabat), Rédactrice à Africiné Magazine
Amina Barakat (Rabat), Rédactrice à Africiné Magazine
Mohamed Abid, poète et critique marocain
Mohamed Abid, poète et critique marocain
Abdelmajid Saadallah, théoricien, acteur, réalisateur et metteur en scène marocain
Abdelmajid Saadallah, théoricien, acteur, réalisateur et metteur en scène marocain
Ahmed Sijilmassi, historien et critique de film marocain

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Ahmed Sijilmassi, historien et critique de film marocain .

Sous les rythmes des chants populaires de la région de Doukkala précisément à El Jadida, le festival des journées cinématographiques a baissé le rideau le 6 novembre 2022. Les activités ont animé cette belle ville côtière. El Jadida étale ses monuments qui sont autant de traces de la colonisation portugaise qui a sévi ici.
Les heureux de cette fête sont ceux auxquels ont été rendu les hommages, avec des youyous et l'hymne national. En effet, le dernier jour a coïncidé avec la fête nationale marocaine du 6 novembre. Ce festival ne décerne pas de prix aux films qui ont été programmés, comme le veut la tradition des festivals artistiques en général. Mieux encore, il offre la joie au public de pouvoir visionner des films qu'ils ne pourront jamais voir dans les salles du cinéma commercial. Donc, il n'y aura ni heureux ni malheureux ; le seul bénéficiaire est le spectateur qui profite de ces moments magiques où les projections sont généralement suivies de discussions et rencontres entre cinéphiles et étoiles du cinéma. Les artistes se voient applaudis par une population pas trop gâtée par les distributeurs locaux qui préfèrent les films à caractère commercial.

Les Journées Cinématographiques de Doukkala a mis l'ambiance dans cette petite ville aux monuments historiques, témoins d'une civilisation culturelle et économique portugaise d'antan. Le colloque était l'élément phare de cette rencontre qui a pu retenir l'intérêt des participants et les cinéphiles de la région d'El Jadida et ses alentours tel que Sidi Bennour. Son thème est la relation entre cinéma et théâtre, avec pour intervenants le poète et critique marocain Mohamed Abid et le théoricien, acteur et metteur en scène Abdelmajid Saadallah.

Plusieurs films marocains adaptés des pièces théâtrales ont été projetés. Il s'agit en l'occurrence de Le coiffeur du quartier des pauvres (1982) réalisé par feu Mohamed Reggab, Zeft (1984, Tayeb Saddiki), Noces de sang (1977, Souheil Ben Barka), Les mécréants (2012, Mohcine Besri), A mile in my shoes (2015, Said Khallaf) ainsi que Les jardins de Samira (2007) qui était cette année le film d'ouverture ici aux JCD 2022, en présence de son réalisateur, Latif Lahlou, et de l'acteur principal, Mohamed Khouyyi.

Le colloque a été modéré par l'éminent critique et historien du cinéma marocain Ahmed SIJILMASSI. Intitulée "Du théâtre au cinéma", l'intervention du critique Mohamed ABID a porté sur la naissance du cinéma en tant qu'art et ayant passé par plusieurs étapes puis qui a évolué sur tous les plans. Cette avalanche d'images en train d'inonder le monde ainsi que le pouvoir de la révolution technologique sont au cœur de sa réflexion.
L'intervenant a signalé que le cinéma en tant qu'art moderne est sorti du sein des cités avec toutes ses contradictions au début du 20ème siècle, en même temps que la révolution technologique et industrielle. Le 7ème art s'est inspiré de tous les arts y compris en premier lieu le théâtre, puis de l'art plastique et la musique. D'ailleurs, il note que c'est du théâtre que les artistes (comédiens, metteurs en scène, techniciens) sont passés au cinéma. Les scénarios se sont nourris des pièces de théâtre traduites en films, telles que La tragédie de Macbeth et Othello de William Shakespeare.

Mohamed Abid a pris exemple de cette relation entre cinéma et théâtre en s'appuyant sur Zeft ("Goudron", en arabe) de Tayeb Saddiki. Le film a été adapté de la pièce théâtrale "Yassine est en route" du même réalisateur. Il a analyse une relation différente au niveau de l'interprétation des artistes et leur comportement. Il n'a pas manqué de souligner que le théâtre a pu profiter de quelques nouvelles techniques. Ceci a contribué au développement de la vision esthétique de la scène théâtrale, en ajoutant la relation du voisinage et du dialogue que vit actuellement le cinéma et le théâtre.

Quant au théoricien et metteur en scène Abdelmajid SAADALLAH, il a surtout parlé de la similitude ainsi que des contrastes entre cinéma et théâtre. "Tout d'abord, ces deux arts comptent parmi les arts visuels les plus complexes en termes de structure. Il s'agit dans cette intervention de comparer le cinéma (en tant qu'art du mouvement et de l'image) au théâtre (en tant que l'art de dire)", selon lui. Il diagnostique l'espace du cinéma (plateau de tournage, salle de montage et les employés du plateau) et l'induction technique de présentation théâtrale. Les techniques de l'industrie cinématographique, à la lumière de la recherche dans les expressions de chaque industrie et technologie, amènent en plus un démantèlement des mécanismes du travail technique et artistique pour créer la présentation théâtrale en direct. Le théâtre propose du film sur scène.
Il ajoute que "la scénographie dans le théâtre se représente sous forme géométrie esthétique. Les mouvements des artistes profitent d'un vaste espace pour l'un, tandis que l'autre est limité par le besoin de l'acte et le mouvement de l'artiste".

En conclusion de ces interventions riches en information sur cette relation entre les deux disciplines, il s'est avéré qu'à travers de leur développement historique, ils représentent une sorte d'exutoire pour respirer et extérioriser les envies de prendre plaisir à regarder une pièce théâtrale ou un film, sous forme d'explosion des sentiments et des émotions, bien qu'il y ait une grande différence au niveau de la réalisation des deux arts.

par Amina Barakat

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