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Antoine Khalife, Responsable de la Programmation Arabe au Red Sea Festival
"Nous allons accorder une attention toute particulière à l'Afrique Noire : c'est une mission !"
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 21/11/2022

Réalisateur, producteur, Antoine Khalife est un acteur actif du cinéma arabe et aussi francophone. Avec une expérience solide en termes d'organisation de grands évènements cinématographiques, notamment le Festival de Dubaï, il joue un rôle crucial dans l'acceptation et l'accueil de films européens et arabes dans de prestigieux festivals comme Cannes, Berlin, Venise, Toronto, Venise, etc. Le nom de ce diplômé de sociologie, de communication et des médias de masse, reste lié, en tant que co-producteur, à de nombreux films à succès tels que Capharnaum de Nadine Labaki, L'Homme qui a vendu sa peau de Kaouther Ben Hania. Responsable de la Programmation Arabe du Red Sea International Film Festival de l'édition 2022, il nous livre dans cet entretien les grandes lignes de son travail ainsi que l'importance du ‘'linck'' naturel existant entre l'Arabie Saoudite et le reste du monde, ‘'cinématographiquement parlant''.

Africiné : Pouvez-vous nous dire comment est né le Red Sea Festival ? Et dans quel but ? Est-ce pour palier à un manque de visibilité et de promotion du cinéma arabe ou pour compléter le travail des festivals comme Louxor (Égypte) JCC (Tunisie), FIFM (Maroc), etc. ? Ou est-ce pour une tout autre raison ?

Antoine Khalife : Le Red Sea Festival n'est pas né par manque de visibilité du cinéma arabe, mais plutôt suite à l'ouverture en Arabie Saoudite des salles de cinéma et aussi après l'explosion de la production et des systèmes d'aides au cinéma saoudien qu'est née l'idée d'avoir un festival en Arabie Saoudite ; un festival non seulement pour le cinéma arabe, mais aussi un festival international qui peut mettre au programme aussi bien des films arabes que des films internationaux. L'un des objectifs était aussi de montrer aux populations locales une nouvelle production qu'elles n'avaient pas l'habitude de voir parce qu'il n'y avait pas de salles de cinéma ; aussi de montrer un cinéma différent de celui hollywoodien, un cinéma nouveau qui peut rayonner tant au plan local que celui international.



A-t-il été facile de convaincre les autorités saoudiennes d'héberger un tel festival sur le sol du royaume ?

Les autorités saoudiennes étaient avec nous dès le début. Le festival se tient dans la vieille ville de Djeddah et c'est énormément soutenu par le Ministère de la culture. Ça n'a pas été du tout difficile de les convaincre. Bien au contraire, elles avaient envie d'avoir un festival qui peut rayonner au niveau national et aussi celui international.

Contrairement à d'autres festivals, on constate une diversité de nationalités dans l'équipe du Red Sea Festival. Et aussi une sélection à la thématique diversifiée. Pourquoi un tel choix ?

Notre but est d'avoir du personnel, des gens d'Arabie qui travaillent avec nous et à qui nous transmettons notre savoir-faire et notre expérience en matière d'organisation d'un festival. Personnellement, j'ai de l'expérience puisque j'avais déjà travaillé au festival de Dubaï. On travaille beaucoup sur une programmation diversifiée ; on a envie d'avoir un cinéma d'auteur, un cinéma grand public. On a une idée de ce que nous avons envie de faire ; on a une vision par rapport à une programmation différente et innovatrice. Celle-ci reste, si j'ose dire, subjective : nous avons nos propres critères, mais si nous aimons un film, nous le prenons. C'est cela qui fait penser que la sélection de cette 2ème édition est riche et diversifiée. Ça l'est parce qu'après tout, elle est très subjective. On tombe amoureux d'un film et on le choisit. Tout cela, c'est voulu.



Concernant la programmation des films arabes, africains et asiatiques, on voit qu'elle est extrêmement riche et diversifiée. Cela a dû demander un travail acharné et une équipe expérimentée et compétente ?

La sélection officielle comprend le cinéma arabe, mais aussi les cinémas d'Afrique Noire et d'Asie. Ce, dès la première édition. Pour nous, l'Afrique est très proche de l'Arabie. Ici vivent beaucoup d'Africains et le pays est vraiment très lié à leur continent. Dès la première année, on a voulu que l'Afrique soit au cœur de ce festival. Pareil pour le cinéma asiatique parce que l'Arabie Saoudite est après tout un pays asiatique. Nous sommes concentrés sur les pays arabes, mais nous travaillons beaucoup sur l'Afrique. A preuve, il y a des films que nous sommes en train d'aider financièrement parce que nous pensons et sentons qu'il y a un prolongement entre l'Arabie et beaucoup de pays africains.



Relativement au choix, dans la sélection officielle, de films venant d'Afrique Noire, le Red Sea Festival envisage-t-il, à l'avenir, d'accorder plus de place à ces pays du Sud ?

Nous allons accorder une attention toute particulière à l'Afrique Noire : c'est une mission ! Le Red Sea Fund tient beaucoup à ce que nous finançons et continuons de financer les films africains. Pourquoi ? Parce que le cinéma africain a toujours été un cinéma très riche, mais peut-être pas assez connu dans le monde arabe. C'est cela l'inconvénient. Et comme je disais tantôt, il y a un prolongement entre l'Arabie Saoudite et l'Afrique, et nous avons envie que ça se reflète dans le cinéma. Voilà pourquoi notre aide au cinéma d'Afrique Noire va se poursuivre et va grandir, j'en suis certain.

Avez-vous aussi, dans ce même travail de sélection, accordé une attention particulière aux langues des films, en termes de critères ?

Il n'y pas de critères liés aux langues des films. En compétition, nous avons des films venant de partout du monde arabe, avec des dialectes différents, et aussi des films internationaux venant d'Asie. La langue n'est donc pas un critère de sélection. Les films que nous aimons s'imposent.

Avez-vous eu à rejeter des films dans le processus de sélection, à cause de sa thématique ?

Tous les films sélectionnés et projetés au Red Sea Festival ne sont pas censurés. Je voudrais que les gens apprennent à aimer le cinéma, à venir voir des films, surtout des films différents de ceux qui ne sont pas censurés. C'est très important et je tiens à le souligner.



Cela dit, expliquez-nous les grandes lignes du Red Sea Souk, lieu d'opportunités pour la concrétisation de projets et de collaborations.

Pour le Red Sea Souk, nous avons beaucoup de projets que nous sommes en train de développer à travers le Red Sea Fund : les projets en développement, les films en production et d'autres en post-production. Ces trois phases concernent les films arabes et africains. Il y aura des pavillons où toutes les grandes sociétés seront représentées, et de petits films qui seront présentés en post-production. Il y a une grande vitalité dans ce Red Sea Souk.

Entretien réalisé par
Bassirou NIANG
(Facilité par Mmes Michelle MORETTA & Zeina SFEIR)

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