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LES RACINES ARDENTES. Laissez la poule dans ses plumes
Un film réalisé par Camélia Jordana, Île de la Réunion
critique
rédigé par Hassanié Mahamat Brahim
publié le 28/12/2022
Hassanié MAHAMAT BRAHIM, Rédactrice à Africiné Magazine
Hassanié MAHAMAT BRAHIM, Rédactrice à Africiné Magazine
Camélia JORDANA, réalisatrice française.
Camélia JORDANA, réalisatrice française.
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
L'actrice Naomi DIAZ (Inaya)
L'actrice Naomi DIAZ (Inaya)
L'acteur Yann KIDOU (Ethan)
L'acteur Yann KIDOU (Ethan)
L'acteur Aymerick MOUCOUVEIA (Mathis)
L'acteur Aymerick MOUCOUVEIA (Mathis)

Camélia Jordana est une chanteuse et actrice célèbre. Elle a participé à un atelier Talent organisé par l'Adami à l'Ile de Réunion, qui permet à des acteurs et actrices de réaliser un film. Les Racines ardentes est une œuvre très personnelle et impressionnante de maîtrise cinématographique.

"A bar Kaza cinkin gashin ta". Ce proverbe haoussa est employé pour alerter les gens sur le danger de divulguer un secret. Il utilise la métaphore de la poule en préconisant de la laisser dans ses plumes. Les Racines ardentes commence justement par le déplumage des poules. On trouve peut-être là le titre de ce film qui parle d'origine mais aussi de secret.



Nous ne saurons que difficilement ce qui a motivé la séparation d'Inaya du reste de sa famille et ce que lui reproche son petit frère Mathis. Les non-dits dominent la relation familiale. Les moments qui les révèlent sont trop furtifs et sous-titrés pour être bien saisis. Là, n'est pas l'essentiel, semble nous dire Camélia Jordana qui cherche davantage à nous placer sur un autre terrain. En somme, le secret est ailleurs.

Ce court métrage de 17 minutes nous amène en effet entre deux temporalités, celle d'Inaya et celle de Mathis, lesquels vont évoluer en parallèle. Alors qu'elle est proche d'Inaya dans son trouble et sa transformation spirituelle, la caméra embrasse plus largement le reste de la famille qui agit comme un groupe uni. Tout converge vers un moment de paroxysme, le baptême auquel est venu assister Inaya pour renouer avec sa famille.
Qui dit baptême dit renaissance après les aléas de la vie. Le chaos de la préparation des poulets au départ est à l'image de ce qui agite les membres de la famille : ça bouillonne ! Les habits blancs du baptême sont par contre significatifs d'un nouveau départ, malgré le passif du passé. La langue importe aussi, le créole ancrant le récit dans l'origine, de même que la cascade où le nouveau peut être puisé dans l'eau.

Et bien sûr, le magnifique mayola de Danyel Waro, célèbre musicien réunionnais qui accepte ici d'officier comme acteur également, ancre sa musique dans les racines du terroir. On y trouve en creux les sentiments déçus, la colère étouffée, le désespoir et la renaissance qui portent ce film d'une grande beauté.

Hassanié MAHAMAT BRAHIM (Tchad)

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court par le Festival, Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).

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