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EGÚNGÚN. Un parallèle entre la mort et la vie, un aller-retour entre le passé et le présent
Un court métrage fiction de Olive Nwosu, Nigéria.
critique
rédigé par Laura Fortes
publié le 30/12/2022
Laura FORTES, Rédactrice à "Africiné Magazine" (Dakar)
Laura FORTES, Rédactrice à "Africiné Magazine" (Dakar)
Olive Nwosu, réalisatrice nigériane.
Olive Nwosu, réalisatrice nigériane.
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film

Après son premier court-métrage, Troublemaker, qui mettait le doigt sur les traumatismes liés à la guerre du Biafra au Nigeria, la réalisatrice Olive Nwosu revient avec Egúngún ("Mascarade" en langue yoruba, 15 minutes) pour questionner la place des minorités sexuelles dans l'espace public de son pays.

Londonienne d'origine nigériane, Salewa rentre au pays pour assister à l'enterrement de sa mère. On pourrait croire que ce film en 4:3 (format qui induit une atmosphère plus intimiste) ne raconte que cet instant décisif de sa vie. Ce voyage prendra en réalité une toute autre tournure.



Au terme de cette cérémonie où elle était physiquement présente mais spirituellement absente, Salewa, incarnée par Sheila Chukwulozie, au crâne rasé et au costume noir contrastant avec les pagnes colorés des autres femmes présentes, retire finalement ses chaussures et allume une cigarette, comme pour mettre fin à la mascarade.
Fondamentalement déracinée, étrangère dans son propre pays et effrayée par le fourmillement humain, elle entreprend finalement une trajectoire vers sa propre existence, entrecoupée de souvenirs de son enfance.

Incarnée par Teniola Aledese (dont le vitiligo apparent n'est en réalité qu'un maquillage réalisé pour le film), Ebun - un second personnage, femme de ménage de la famille de Salewa - représente toutes ces personnes qui, au Nigeria, subissent discriminations et ostracisme social.
Un montage parallèle met en perspective les deux femmes et leurs deux mondes, de façon presque caricaturale mais avec une pudeur remarquable qui suit les regards et les corps. Au-delà de l'évasion et de la mélancolie, le bleu de son vêtement appelle finalement à la loyauté, à la sérénité.

À l'image des Egúngún, masques yorubas symbolisant l'esprit d'un mort qui revient se manifester aux vivants, Salewa est en réalité, elle aussi, une revenante.

Laura Fortes (Sénégal)

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court par le Festival, Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).

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