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DOULEUR SILENCIEUSE. Le poids du secret oppressant
Un court métrage fiction d'Aïssa Diaby, Guinée / France
critique
rédigé par Sitapha Badji
publié le 31/12/2022
Sitapha BADJI, Rédacteur à "Africiné Magazine" (Dakar)
Sitapha BADJI, Rédacteur à "Africiné Magazine" (Dakar)
Aïssa Diaby, réalisatrice française et guinéenne
Aïssa Diaby, réalisatrice française et guinéenne
L'actrice Élisabeth Mbaki (Ami)
L'actrice Élisabeth Mbaki (Ami)
L'actrice Mata Gabin (Fatima)
L'actrice Mata Gabin (Fatima)

Le bourreau est souvent un proche de sa victime. Le premier court métrage de la réalisatrice franco-guinéenne Aïssa Diaby lève le voile du tabou des violences sexuelles intra-familiales. Produit par le collectif Tribudom, engagé dans les réalités des banlieues en France, cette fiction est basée sur des faits réels.

La douleur est celle d'Ami, une jeune écolière de 17 ans, qui se tait malgré le sévices infligé par son oncle paternel. La réalisatrice pointe du doigt les violences invisibles, abus sexuel, maltraitance, domination verbale et psychologique, faites aux femmes dans le cadre familial. Sans oublier la violence sur l'enfant, accentuée par la peur permanente comme pour Ami. Et pourtant, la victime observe l'omerta. Elle refuse d'en parler pour ne pas briser les liens familiaux.



Mais ça bouillonne et explosera, selon une montée paroxystique que le film orchestre remarquablement. Il fallait pour cela des gros plans des visages et une utilisation de l'espace et des lumières qui renforce l'angoisse. C'est dans ce cocon familiale, d'émigrés ouest africains dont la figure du père autoritaire est incarnée par le rigorisme de l'oncle Abdou. La mère résignée est magnifiquement interprétée par Mata Gabin, l'actrice renommée.

Mais il y a aussi le petit frère Ibrahim, la sœur d'Ami et son mari Lamine. Tous évoluent dans un décor d'appartement exigu, le huis-clos renforçant les dialogues, la tension, l'intensité dramatique. S'y ajoute, le poids des traditions, la hiérarchie familiale, qui favorisent le tabou. Pour survivre, Ami tente de se protéger avec son foulard de tête contre Abdou. L'absence de musique permet d'entendre les respirations (…). Ces battements de cœurs rythment cet appel au courage à parler, se rebeller, se révolter afin de contribuer à ce dynamisme de libération de la parole impulsée par le mouvement "Me too !".

Sitapha BADJI (Sénégal)

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court par le Festival, Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).

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