Film dramatique du Burkinabè Jean Elliot M. R. ILBOUDO, Le chant des fusils est sorti en 2021. D'une durée de 118 minutes, il a été (entièrement) tourné au Burkina Faso. des professionnels du 7e art de plusieurs nationalités (notamment burkinabèe, ivoirienne, sénégalaise, malienne, béninoise, togolaise et belge) ont participé à sa réalisation.
La nuit de la vérité de Fanta R. Nacro, le premier long métrage de fiction de la réalisatrice burkinabèe sorti en 2004, présente un décor d'une guerre tribale dans un pays africain. Dix-huit ans après, Le chant des fusils relate lui aussi l'histoire des rebellions armées en Afrique. Pour contextualiser la situation géographique de l'histoire, l'image du chapeau majestueux de Saponé a été mise à contribution. Ce signifiant iconique fabriqué au Burkina Faso permet de faire le rapprochement suivant : un groupe de soldats rebelles s'insurgent contre le pouvoir central du pays des hommes intègres.
Le chant des fusils est une monstration de la situation de vulnérabilité des enfants et des femmes en période de guerres civiles. Dans ce film, il s'agit d'un écolier de douze ans, du nom de Simon qui, à cause de la crise sécuritaire qui secoue son village où il poursuivait ses études, a tout perdu. Ses parents ont été tués par les rebelles et sa cour familiale incendiée. C'est ainsi qu'il prend la fuite mais il est rattrapé par des soldats rebelles qui l'enrôlent dans leur rang contre son gré. Il y retrouve ses camarades avec qui il organisera, plus tard, une évasion.
D'ores et déjà, l'affiche du film est une entrée en matière pour une bonne compréhension du récit filmique en ce sens qu'elle est riche en signes iconiques, plastiques et linguistiques. En ce qui concerne les signes iconiques, elle présente en gros plan les personnages principaux de l'histoire. Ces derniers ont des regards orientés de part et d'autre de l'affiche. Ce qui montre une divergence de positions et de points de vue de chacun d'eux dans le récit du film. Les costumes de ses différents protagonistes (les treillis) présentés sur l'affiche sont ceux d'un combat, d'une guerre qui rime avec ce que le film lui-même présente. L'affiche présente aussi un avion de chasse et un nuage de feu qui brûle, sur un plan éloigné, tous synonymes d'une situation tendue telle que présentée dans le message filmique.
Les signes plastiques, en l'occurrence les couleurs de l'affiche, n'en disent pas moins. Elles évoquent, d'une part, la terreur, la haine, la souffrance, le sang et, d'autre part, l'espoir et l'aspiration d'une issue heureuse.
Le slogan du film "ils ont perdu leurs familles, leur innocence mais luttent pour survivre" et le titre du film "Le chant des fusils" sont les principaux signifiants linguistiques qui corroborent le récit. Le slogan traduit la souffrance et la résilience des antagonistes du récit. Ayant tout perdu, suite à la barbarie des rebelles, Simon et d'autres jeunes rallieront de force ceux-ci.
Quant au titre du film, lui, est une métaphore employée pour contextualiser le récit et apporter des signes complémentaires à la lecture de l'affiche. A partir du titre, le décor est déjà planté. Il s'agit ici d'un conflit armé animé, tout le long du film, par des crépitements d'armes de guerre.
Au-delà de quelques insuffisances techniques, Le chant des fusils fusils a une vocation éducative et interpellatrice. C'est dans cette visée que San Remi Traoré, réalisateur audio-visuel et producteur d'artistes après avoir suivi ledit film, a dit ceci (sur internet) : "Au regard de la situation que traverse le pays, quand on suit le film on se sent immergé et cela donne froid dans dos et interpelle chacun à œuvrer pour le retour de la paix".
Saïdou Arnaud KAFANDO
(ASCRIC-B/Burkina Faso)
