AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 940 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Carnets du Fespaco : Histoire d'une rencontre
critique
rédigé par Azzedine Mabrouki
publié le 16/02/2023
Azzedine MABROUKI, Rédacteur (Oran) à Africiné Magazine
Azzedine MABROUKI, Rédacteur (Oran) à Africiné Magazine
8è FESPACO
8è FESPACO
Jacques CHAMPREUX (1930-2020), scénariste et réalisateur français
Jacques CHAMPREUX (1930-2020), scénariste et réalisateur français

Azzedine Mabrouki est un des pionniers africains en matière de critique cinématographique. Il partage ici ses Carnets du FESPACO (Burkina), revenant sur des éditions marquantes.

Ouaga a parcouru du chemin, surtout quand on la regarde aujourd'hui. Au cours des premières années du Fespaco, c'était une ville très active, vivant au rythme de son marché situé au cœur d'un labyrinthe de ruelles envahies par les motocyclettes japonaises, étalant toutes les merveilles de son artisanat de tissus et de cuir, de sa production de fruits merveilleux : papayes, mangues, fraises… Les innombrables étals rivalisaient de couleurs de pagnes vives, gaies, chatoyantes. On voyait alors partout à Ouaga, fonçant à toute allure sur leurs engins Yamaha, des jeunes filles élégantes et pleines de grâce que le souffle torride de l'harmattan [vent sec sahélien, NDLR] ne semblait pas empêcher de sourire…

C'était au cours du Fespaco 1985 que le cinéma algérien a connu la consécration avec le triomphe du film de Brahim Tsaki : Histoire d'une Rencontre, Etalon d'or de Yennenga, meilleur film long métrage fiction.
C'est la 9e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Il a eu lieu du 23 février au 2 mars 1985 à Ouagadougou, avec pour thème "Cinéma et libération des peuples".



Par milliers, les spectateurs se pressaient aux portes du Ciné Burkina, aux projections le soir en plein air, au Centre Méliès. On était aussi conviés à des concerts de musique africaine, à des défilés de mode.

Les cinéastes étaient associés symboliquement à la construction du rail en direction du Sahel. Une longue journée était consacrée à la Bataille du Rail. Sembène Ousmane et Mohamed Bouamari dirigeaient les travaux.
Tsaki était absent, occupé par un autre projet. Mais, dès la première projection de son film, la rumeur s'était répandue que c'était "le film à voir".

Cette année-là, il y avait sur les écrans du Fespaco, dirigé par Filippe Savadogo, des œuvres remarquables : Les Mers de Soif de la réalisatrice Attiyat Allabnoudi [Atteyat Al-Abnoudy] (Égypte), L'Aventure ambigüe de Sidiki Bakaba et Jacques Champreux, une adaptation du roman classique de Cheikh Hamidou Kane. Trois grands acteurs africains y partageaient l'écran : Bachir Touré, Douta Seck et Sidiki Bakaba lui-même.



De San Francisco, deux cinéastes Noirs Américains (Larry Clark et Bob Gardner) avaient montré leurs films : Passing Through et Clarence and Angel. Tandis que le grand cinéaste éthiopien Haile Gerima rassemblait une foule énorme autour de son chef- d'œuvre : Bush Mama, autre œuvre classique du cinéma.



On remarquait surtout aussi le film d'Idrissa Ouédraogo, cinéaste phare du Burkina, un court métrage fiction intitulé Issa le Tisserand. Pour le Nigéria, Ola Balogun avait fait un long documentaire de trois heures sur la campagne des élections et King Ampaw, cinéaste ghanéen, montrait son long métrage Road To Accra, sur l'exode rural.
La Biennale du Fespaco 85 a été une réussite totale. Fêtes, films et rencontres joyeuses.

Azzedine Mabrouki

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés