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Carnets du Fespaco. Touki Bouki à Ouaga
critique
rédigé par Azzedine Mabrouki
publié le 21/02/2023
Touki Bouki, 1973
Touki Bouki, 1973
Azzedine MABROUKI, Rédacteur (Oran) à Africiné Magazine
Azzedine MABROUKI, Rédacteur (Oran) à Africiné Magazine
Scène du film TOUKI BOUKI, 1973
Scène du film TOUKI BOUKI, 1973
Scène du film TOUKI BOUKI, 1973
Scène du film TOUKI BOUKI, 1973
Djibril DIOP Mambéty (1945-1998), réalisateur sénégalais
Djibril DIOP Mambéty (1945-1998), réalisateur sénégalais

Azzedine Mabrouki est un des pionniers africains en matière de critique cinématographique. Il partage ici ses Carnets du FESPACO (Burkina), revenant sur des éditions marquantes.

C'est souvent un miracle qu'un film africain sort sur l'écran. Sur le continent il n'y a pas de ces "majors company" qui fournissent l'argent. Au Nigéria et en Afrique du Sud, les productions, nombreuses certes, sont souvent commerciales, de piètre qualité. Comment expliquer alors que le Fespaco montre des dizaines de films tous les deux ans ? La solution souvent ce sont les bailleurs de fonds étrangers qui ne sont pas innocents et ne donnent pas leur argent pour rien. Ils arrivent à remanier les sujets. Ce système d'aide est une solution malgré tout pour les cinéastes africains fatigués d'attendre et de voir leurs projets jetés dans les tiroirs.

Le Fespaco arrive à faire incursion dans le cinéma de qualité et présente au fil des (deux) ans des films de bons auteurs. Les films de Sembène Ousmane, Souleymane Cissé, Abderrahmane Sissako, Idrissa Ouédraogo et tant d'autres encore… Du Maghreb, sur les écrans de Ouaga les films de Brahim Tsaki, Azzedine Meddour, Belkacem Hadjaj, Nouri Bouzid, etc.
Il y a quelques années, on a vu au Fespaco une œuvre étrange et magnifique : Touki Bouki de Djibril Diop Mambéty. À maintes repises, Djibril est venu à la Cinémathèque d'Alger où Touki Bouki a reçu un grand accueil.



Djibril Diop Mambéty, dont l'œuvre survit à sa mort, encore jeune, était un grand artiste, fin, drôle, généreux, amical, très célèbre au Sénégal, comme dans toute l'Afrique. Acteur de théâtre, puis metteur en scène de cinéma, il a tourné son chef d'œuvre Touki Bouki, l'histoire d'un jeune berger peulh qui rêve de l'exil en Europe. Mais une force surnaturelle le retient dans son pays.
Touki Bouki est une histoire émouvante, très drôle en même temps, Inoubliable. Djibril n'est plus, hélas. Mais Touki Bouki est en vente sur Amazon.com. Destin cruel, car Djibril a fini sa courte vie dans sa gloire de grand artiste mais éternellement pauvre. Djibril n'était pas le seul artiste africain à quitter ce monde laissant une œuvre profitant à d'autres…

Cependant, malgré toute leur lassitude de chercher en vain des moyens de production, les cinéastes d'Afrique, tous les deux ans, années impaires, le dernier samedi du mois de février, se retrouvent à Ouaga dans la grande fête du Fespaco. Et quand l'Afrique du Sud, en 2005, a décroché le grand prix, l'Etalon de Yennenga (avec Drum de Zola Maseko), le président Thabo Mbeki a dit : "Nous sommes à l'aube de l'âge d'or du cinéma sud africain". Sans doute voulait-il dire qu'après Tsotsi, de Gavin Hood, Oscar du meilleur film étranger 2005 (nominé à l'Etalon d'or 2007 à Ouaga : grand prix remporté finalement par Ezra de Newton Aduaka), son pays mettrait le cinéma dans la case prioritaire, en raison de la prospérité acquise avec le pétrole, les mines d'or, de diamants, de charbon…



Confrontés à la corruption de certains dirigeants, au pillage systématique de leurs richesses, les autres pays du continent n'ont aucune chance de ce genre.
Dilemme : car, encore une fois, s'ils partent à la recherche d'aide étrangère, les réalisateurs rêvant un film personnel se retrouvent avec un scénario changé, raccourci ou allongé, souvent une vision misérabiliste du Continent.

Au Burkina même, les choses allaient autrement. Au temps de Thomas Sankara, brillant leader et aussi cinéphile, qui pédalait sur son vélo entre deux salles du Fespaco. Sankara avait créé une école de cinéma pour les jeunes réalisateurs. Le président avait vraiment à cœur d'aider le cinéma africain, à cette école du cinéma venaient apprendre des cinéastes d'autres pays des projets plein la tête.

Azzedine Mabrouki

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