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THE LAST QUEEN. Un film d'époque sur le pouvoir des femmes
Un long-métrage fiction de Damien OUNOURI et Adila BENDIMERAD, Algérie
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 23/02/2023
Bassirou NIANG (Dakar), Rédacteur à Africiné Magazine
Bassirou NIANG (Dakar), Rédacteur à Africiné Magazine
Adila Bendimerad, réalisatrice, scénariste et actrice algérienne
Adila Bendimerad, réalisatrice, scénariste et actrice algérienne
Damien Ounouri, réalisateur, scénariste algérien français
Damien Ounouri, réalisateur, scénariste algérien français
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
Scène du film LA DERNIÈRE REINE
L'équipe du film à la Première Mondiale (Festival de Venise 2022)
L'équipe du film à la Première Mondiale (Festival de Venise 2022)
Une partie de l'équipe du film à la Première Arabe (Festival Red Sea 2022, Arabie Saoudite)
Une partie de l'équipe du film à la Première Arabe (Festival Red Sea 2022, Arabie Saoudite)
Adila BENDIMERAD et Damien OUNOURI, co-réalisateurs et co-scénaristes algériens
Adila BENDIMERAD et Damien OUNOURI, co-réalisateurs et co-scénaristes algériens

C'est quelque chose d'assez rare pour mériter d'être souligné, sonnant comme un message aux cinéastes du continent africain habitués aux thématiques contemporaines et, naturellement, non enclins à un retour au passé pour la parturition d'un film d'époque. Même si la liste consignant ce genre cinématographique n'est pas encore longue, une contribution nouvelle vient l'allonger encore un peu. The Last Queen (La Dernière Reine / El Akhira) en porte la signature.
Découvert en cette deuxième édition du Red Sea International Film Festival à Djeddah (1er - 10 décembre 2022), il dure 110 minutes. Co-réalisé en 2022 par les cinéastes algériens Damien OUNOURI et Adila BENDIMERAD (elle joue le rôle principal : la reine Zaphira), ce long-métrage raconte l'histoire de la Reine Zaphira dans l'Algérie du XVIe siècle.

La scène d'ouverture, frappée d'une précision temporelle (1516), renseigne largement sur le projet des deux réalisateurs. Elle est une identité visuelle portant la marque d'une responsabilité artistique assumée. Le combat acharné contre les agresseurs espagnols du peuple de Casbah montre toute la prouesse de la réalisation.
Le travail d'écriture révèle toute sa puissance : le scénario a dû s'allier à l'archive salvatrice pour s'authentifier lui-même et, du coup, donner une éclaircie aux possibilités de tournage du film. Le scénario est un puissant allié des coréalisateurs dans ce film qui a mis sept ans à s'offrir aux écrans.



The Last Queen est certainement inattendu ou inespéré, jusqu'à un moment assez bref dans l'univers du Septième Art apporte à la fois une réponse ludique et mémorielle à une légende à laquelle l'on opposait, selon des croyances fondées ou non fondées ou des ressentis corrompus, une non-réalité historique. Peu importe, les lieux de tournage, les jeux d'acteurs sont là pour en imposer une acception, plutôt nécessairement bienvenue dans un temps du monde trouble en recherche de sens.



Le chef costumier (Jean-Marc Mireté) a tenu son pari : la recherche dans les habillements est certainement l'une des prouesses de cette production. Cet aspect visible de l'être-personnage donne une lecture compréhensible, permettant de pénétrer dans ce flash-back du temps informatif, séduisant - peut-être ? - divertissant à certains égards. Lorsque les scènes de palais du roi Salim apparaissent, les positions de caméra captent les émotions, informent sur les défis guerriers et politiques, non sans en gommer l'esthétique d'image. Oui, de l'esthétique, il faudra y arrêter notre esprit, ou du moins le regard de celui qui met le pied dans la salle de projection.
La beauté des lieux frappe - les décors sont enchantants (par le travail de Feriel Gasmi Issiakhem, la cheffe décoratrice) - quand bien même elle est pervertie par les angoisses de survie des personnages, comme l'écume d'un moment de bouleversement d'un règne, d'un vécu lourdement rendu par le film.

The Last Queen, c'est aussi une expression filmique par Actes, comme au théâtre. Sauf qu'ici, le souci de précision renvoie à la chronologie qui fait écho à l'essence du scénario. L'Acte I "Je t'aime comme la mer" est comme un narrateur brouilleur de pistes, concepteur d'illusions référentielles. En effet, parce qu'il mène - après une bataille héroïque du Roi Salim contre les ennemis et une intense intimité avec la Reine Zaphira au cœur enflé de fierté et d'amour brûlant pour son héros - vers une scène clé.



Pour ne pas trop dévoiler le film, disons que des péripéties feront d'elle la personnalité incontestée (à la fois féminine et politique) qui devra décider de la destinée du Royaume de Casbah. Sa priorité : rechercher la vérité face au soupçon dirigé par la rumeur populaire vers Arouj (le frère du roi), l'homme à la main de fer sous forme de prothèse.

L'Acte II fait échouer l'honnêteté d'un homme (le frère) dans les dédales de l'hypocrisie. Arouj s'est juré de faire siens à la fois le royaume, le palais et la reine de son aîné. Les trois autres actes suivants ensoleillent l'intime douleur d'une reine qui refuse la déchéance, couve son unique fils Yahia, repousse les assauts d'un Arouj sans cœur. Ce dernier est obsédé par la volonté de puissance. La reine travaille avec courage à l'instauration d'un ordre juste mais que feront tanguer les vents nocifs d'un conquérant sans éthique fort décidé.



Autant le révéler : The Last Queen est une vitrine sur laquelle transparait le pouvoir des femmes, précisément de femmes fortes ayant marqué le destin collectif de leurs peuples respectifs. A l'image de la Reine Zaphira, leur donnant le privilège de raconter, oui de raconter le passé glorieux.
Ce premier long métrage (aussi bien pour le coréalisateur que sa coréalisatrice) crée une dialectique entre le tragique des batailles horribles pour la liberté - avec ses hécatombes épouvantables - et la fierté teintée de gloire. La Reine Zaphira sera le lumineux regard de lucidité, la force de caractère, le symbole louable devant l'obligation de la responsabilité.
La sortie en salles est prévue le 19/04/2023, en France (Distribution : Jour2fête).

Bassirou NIANG
(correspondant spécial à Djeddah)

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