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ENTRETIEN AVEC… Ahmed ZITOUNI (le Bosniaque, dans THE LAST QUEEN)
"L'incarnation du Bosniaque m'a ouvert les yeux sur comment surpasser l'écriture…"
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 18/03/2023
Ahmed ZITOUNI, acteur algérien
Ahmed ZITOUNI, acteur algérien
Bassirou NIANG, Rédacteur (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE, correspondant spécial au Red Sea FilmFest
Bassirou NIANG, Rédacteur (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE, correspondant spécial au Red Sea FilmFest
L'acteur Ahmed ZITOUNI, sur le tournage de THE LAST QUEEN
L'acteur Ahmed ZITOUNI, sur le tournage de THE LAST QUEEN
Scène du film THE LAST QUEEN, avec Ahmed Zitouni ("Le Bosniaque")
Scène du film THE LAST QUEEN, avec Ahmed Zitouni ("Le Bosniaque")
Ahmed ZITOUNI, acteur algérien, à la Première Mondiale de THE LAST QUEEN, à Venise
Ahmed ZITOUNI, acteur algérien, à la Première Mondiale de THE LAST QUEEN, à Venise
L'acteur Ahmed ZITOUNI (2ème à droite), à la Première Mondiale de THE LAST QUEEN, avec les coréalisateurs et une partie de l'équipe du film, à Venise
L'acteur Ahmed ZITOUNI (2ème à droite), à la Première Mondiale de THE LAST QUEEN, avec les coréalisateurs et une partie de l'équipe du film, à Venise
Ahmed ZITOUNI, acteur algérien, au Festival Red Sea 2022, à Djeddah
Ahmed ZITOUNI, acteur algérien, au Festival Red Sea 2022, à Djeddah
Ahmed ZITOUNI, acteur © Adel Fouzi Chekroun
Ahmed ZITOUNI, acteur © Adel Fouzi Chekroun

Les succès et les flops dans l'incarnation de personnages au cinéma se comptent toujours. Preuve que ce n'est toujours pas évident d'être à la hauteur du rôle confié. Ahmed Zitouni, personnage du Bosniaque dans The Last Queen coréalisé par Damien Ounouri et Adila Bendimerad, le sait pertinemment. Dans ce long-métrage présenté sélectionné lors de la deuxième édition du Red Sea International Film Festival (1er - 10 décembre à Djeddah), son jeu d'acteur n'a pas été loin de satisfaire et le réalisateur et le public. Dans cet entretien, il nous parle, entre autres, de son parcours, de son regard sur l'actorat.

Pourrions-nous savoir comment s'est faite la rencontre avec le réalisateur ? Et quelle a été votre impression première lorsqu'on vous proposé d'incarner un personnage ?

La rencontre avec le réalisateur et le frère Damien Ounouri s'est faite à Alger, il y a presque une dizaine d'années, en présence d'Adila Bendimerad. Damien m'avait déjà confié un rôle dans sa première fiction intitulé KINDIL AL BAHR. Depuis lors, nous sommes restés en contact car c'est quelqu'un dont j'ai besoin dans ma vie ; il a été toujours là pour moi.



Quand il m'a proposé d'incarner le personnage du BOSNIAQUE dans "La Dernière Reine (The Last Queen), j'étais surpris et en même temps pris de trac. Il m'a dit qu'il serait content de me voir dans ce rôle et m'a préparé psychologiquement à mieux comprendre l'histoire du personnage et celle du film. Je ne m'en cache pas : il y a eu un moment où j'ai appelé Damien pour lui présenter mes excuses, parce que j'avais le sentiment de n'avoir pas été à la hauteur du personnage lui-même. Mais le script, le Dr Antoine Guillot, m'a défendu d'abandonner. J'avais peur de décevoir Damien et Adila.

A-t-il été facile d'entrer dans la peau de ce personnage ?

Je mentirais si je disais que c'était facile pour moi parce que le personnage du Bosniaque est légèrement flou et n'a pas une histoire bien précise. Mais les informations disponibles sur lui m'ont aidé à (pouvoir) construire une histoire en parallèle, avec évidemment l'aide des réalisateurs.
L'incarnation du Bosniaque m'a ouvert les yeux sur comment surpasser l'écriture et donner une âme à ce personnage machiavélique dont j'étais "amoureux".
Et aussi tout le travail de recherches que j'ai mené personnellement sur la documentation de cette époque (livres, documentaires…) m'a aidé à lui donner une couleur. Je devais aussi, par des exercices sportifs, répondre à l'exigence des réalisateurs en perdant du poids ; retrouver donc une certaine minceur afin de pouvoir me différencier physiquement des autres personnages corsaires comme imaginés dans le scénario. Avec le coach des combats, Mr Samir Haddadi, j'ai pu aussi entrer dans la peau du Bosniaque car il a su lui donner une technique dans sa façon de combattre et de tuer.
Le chef costumier, Jean Marc Mireté, ainsi que la maquilleuse m'ont aidé à avoir une nouvelle tête, un nouveau look. Je peux donc dire que je n'étais pas seul à construire le personnage du Bosniaque ; ce fut le travail de toute une équipe.

Comment appréciez-vous le jeu d'acteur de celui qui endossait le rôle d'Aruj ?

Le jeu de l'acteur Dali Benssalah est d'une finesse remarquable. J'ai beaucoup apprécié le fait de travailler avec lui. Comme le bosniaque est son homme à tout faire, il s'est créé entre nous une entente doublée d'une complicité. Dali est courageux, persévérant, bosseur et humble. Ce sont là aussi les qualités du Barberousse ! Au fait, je ne voyais pas Dali mais plutôt Barberousse ! Nous avons tous été éblouis par son talent d'acteur. Je peux dire que c'est l'un des meilleurs que j'ai côtoyé sur scène.

Parlez-nous de vos débuts dans le cinéma. Ont-ils été faciles pour vous ?

Mes débuts dans le cinéma n'ont pas été aussi faciles et le sont toujours. J'ai commencé ma carrière professionnelle à l'âge de 18ans. J'ai pu incarner différents personnages de différents projets : cinéma, télé, théâtre de rue.
Le cinéma c'est un peu compliqué. Comme on ne produit pas souvent de films, la demande d'actorat est rare ; et pour le petit nombre de films qui sont produits, il ne nous est pas évident d'en décrocher des rôles.
Je compte aller jouer ailleurs qu'en Algérie pour sortir de ma zone naturelle et confirmer mon talent d'autres horizons géographiques. J'ai la chance de parler plusieurs langues et j'ai une morphologie qui (peut) change(r). Je peux donc mettre à profit ces atouts pour décrocher des rôles. Avec mon agence Wojooh, dirigée par Mme et M. Trifi, nous travaillons sur cette stratégie pour atteindre ce but.

Quel a été votre plus grand rôle au cinéma ?

Mon plus grand rôle au cinéma n'est pas encore venu. Tous les rôles que j'ai pu incarner jusqu'à maintenant ne me satisfont pas vraiment. Cependant, je dois avouer qu'actuellement ma plus grande expérience a été ma participation à The Last Queen. L'expérience humaine et professionnelle engrangée dans ce film a fait que mon rôle pourrait y être qualifié de grand. Après tout, je trouve qu'il n'y a pas de grands ou petits rôles ; en revanche, il existe de bons et/ou de mauvais acteurs. Malgré le rang secondaire du personnage du bosniaque dans le film, tout a été fait pour le rendre grand.

Pour vous, quelle image doit refléter un acteur de cinéma ? Quelles doivent être ses véritables qualités ?

Un acteur ou une actrice doit refléter à travers ses personnages toute l'histoire que raconte le film, tout en reflétant aussi celui qui le regarde à travers l'écran. J'aimerais, moi aussi, raconter des histoires à travers des personnages.
A mon sens, la véritable qualité d'un acteur de cinéma est sa sincérité qui fait qu'on arrive à le croire, à l'aimer ou à le détester. Et quand cela arrive, c'est parce qu'il a réussi à nous toucher. Le travail d'un acteur - il faut aussi le dire - est en même temps beau mais aussi épuisant moralement et physiquement.

Quelle appréciation faites-vous du Red Sea IFF qui, visiblement, a de grandes ambitions pour le cinéma arabe et mondial ?

J'ai été impressionné par ce festival qui a de grandes ambitions pour le cinéma. Et dire que c'est juste la 2ème Edition. J'ai tellement apprécié le fait d'être parmi mes pairs du monde arabe et des autres pays. Les rencontres humaines et professionnelles ont fait de cet événement un véritable moment d'échanges et de découvertes entre publics et professionnels du 7eme art d'horizons différents. Un festival qui encourage les talents du monde arabe à produire et les accompagne dans leur démarches et visions cinématographiques. Avec ses invités internationaux et la qualité de la composition de ses Jurys dont l'un est dirigé par le grand Oliver Stone, nous avons là une bonne source d'énergie pour créer de belles œuvres cinématographiques.
Nous sommes rentrés en Algérie avec un Award de meilleure actrice attribuée à Adila Bendimerad pour sa performance dans The Last Queen. C'est un prix bien mérité pour une actrice qui contribue avec force et courage à rendre le cinéma algérien mondial à travers sa performance qui a été appréciée durant le festival, malgré son absence physique.

Y-a-t-il eu des films qui vont particulièrement marqué lors de ce festival ?

Malheureusement, je n'ai pu voir aucun des films au programme pour des raisons de planning et aussi pour cause de la courte durée de ma présence à Djeddah, mais je vais essayer de me rattraper pour voir quelques films comme Nounou, Harka, 200 mètres, etc. C'est aussi dommage pour moi de n'avoir pas pu rencontrer des réalisateurs et acteurs dont j'apprécie le grand talent pour des échanges. Au final, vive le cinéma ! Le cinéma is everything !

Entretien réalisé par
Bassirou NIANG

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