AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 937 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
RED SEA IFF 2022 - Une touche arabe
Presqu'intournables…
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 19/03/2023
Bassirou NIANG, Rédacteur (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE, correspondant spécial au Red Sea FilmFest
Bassirou NIANG, Rédacteur (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE, correspondant spécial au Red Sea FilmFest
Youssef CHEBBI, réalisateur tunisien
Youssef CHEBBI, réalisateur tunisien
VALLEY ROAD, de Khalid Fahad (Arabie saoudite, 1h 50min), en Première Mondiale
VALLEY ROAD, de Khalid Fahad (Arabie saoudite, 1h 50min), en Première Mondiale
Khalid FAHAD, réalisateur et scénariste saoudien
Khalid FAHAD, réalisateur et scénariste saoudien
Zeyad "Zee" ALHUSAINI, réalisateur koweïtien
Zeyad "Zee" ALHUSAINI, réalisateur koweïtien
Ron PERLMAN, acteur américain
Ron PERLMAN, acteur américain

Un bref regard critique sur des films qui ne sont pas passés inaperçus lors du Red Sea IFF 2022. Ils représentent un grand pas en avant pour les cinématographies arabes qui tiennent de plus en plus leur place dans le Septième Art.

ASHKAL
La création permet toutes les libertés, par un imaginaire élastique. On y pense logiquement après avoir vu le long-métrage Ashkal, d'une durée de 92 mn, du réalisateur tunisien Youssef Chebbi. L'actualité rude d'un pays est combinée, dans le déroulé d'un scénario, à de l'invraisemblable aux confins du chaos. Des meurtres et suicides au lien bizarre avec le champ du feu étalé sur des corps humains. De quoi amener à imaginer l'interminable va-et-vient de la plume-caméra de Chebbi entre ce qui est vécu et accepté dans la douleur et ce que le rationnel rebute.



Un meurtre dans un immeuble en construction au quartier Les Jardins de Tunis, symbole d'étalement urbain et de paradoxe criant d'une ville, devient la ficelle qui tire l'histoire du film. L'inspectrice de police Fatma (Fatma Oussaifi) et son collègue Balal (Mohamed Houcine Grayaa) iront à la recherche de preuves tout comme à la rencontre de l'insaisissable, de l'incompréhension. L'enquête confrontée à l'indicible est difficilement tenable tant est redoutable l'adversaire qui s'oppose à elle : le feu qui efface la source de preuves, créant un vide tout comme le sont les immenses bâtiments en chantier gardant le silence de tous les secrets qui échappent...

Ce film qui a reçu plusieurs distinctions dans des festivals internationaux [Etalon d'Or de Yennenga 2023 au Fespaco, NDLR], informe sur les choix esthétiques d'un réalisateur qui n'hésite pas à mettre dans une même séquence, une même scène, ce qui a du sens comme ce que l'esprit rejette...



VALLEY ROAD
Il existe aussi des films qui savent (dire ou) montrer une réalité dans le fantastique. Valley Road, long-métrage saoudien, réalisé par Khalid Fahad, ayant été projeté en clôture du Red Sea IFF, le 9 décembre 2022, touche la liberté d'une enfance et l'impuissance des adultes à lui imposer des limites. Ali, le petit garçon muet selon les circonstances, tient le pouvoir sur les autres dans ce village d'Alwadi. Ses frasques versées dans l'anormalité d'un comportement l'exonère de subir toute punition, y compris quand il arracha le micro de la mosquée pendant que l'imam faisait son sermon devant les fidèles. Défendu par une mère aimante, une sœur-poule, le petit garçon ‘'désarme'' son père.


Le principal morceau de musique (avec du Oud) du film Valley Road (2022)

Valley Road est aussi une tentation à la beauté : celle d'une chanson et celle du décor, avec des paysages séduisants rendus par des plans larges.

HOW I GOT THERE (COMMENT J'Y SUIS ARRIVÉ),
C'est un thriller à la Koweïtienne ! Un hymne aussi à la belle vie, à l'argent par le trafic d'armes. Un film plein d'intrigues dont la projection au Red Sea IFF a drainé un monde fou, y compris des officiels de tous bords. Réalisé par Zeyad (Z) Alhusaini, d'une durée de 135 minutes, How I got there parle de la vie de deux frères enclins à tous les risques pour s'offrir le meilleur dans la vie. Quand l'un, un brin droit, travaille tout en cherchant le profit, l'autre enivré par l'illusion du bonheur, mouille dans toutes les magouilles, même dans le show biz : star du rap raté, traqueur d'une célébrité qui lui échappe, il n'hésite pas à fréquenter les milieux d'affaires les plus répugnants - ceux des trafiquants de drogue et/ou d'armes, des mercenaires, des terroristes, des gangsters - pour se faire de l'argent, conduire de puissantes et jolies voitures, vivre avec les plus belles filles.
Dans How I got there, est incarné le rôle du trafiquant d'armes par l'acteur américain Ron Perlman (Hand of God, 2014, Hellboy, 2004, Le nom de la rose, 1986, La Guerre du feu (1981). Preuve que maintenant le cinéma dans monde arabe évolue vers des standards élevés. Le film a remporté le 2022 Red Sea Fest Audience Award (Prix du Public au Festival de la Mer Rouge 2022).

Bassirou NIANG
, Correspondant spécial au Red Sea Festival (Djeddah, Arabie saoudite)

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés