Pour les funérailles de sa mère, Salewa retourne dans sa ville de Lagos au Nigeria. Elle découvre un chemin qui la ramène vers son passé et lui permet de mieux comprendre les personnes et les expériences qui ont fait partie de son enfance.
Certes les vécus ne sont plus les mêmes de même que la façon de s'habiller. Salewa, crâne rasé, est toujours en costume noir. Est-ce pour les funérailles ? Ou bien, comme au Sénégal, lorsqu'une femme craint un malheur imminent ? Elle est complètement confuse quand elle traverse un marché, ne supportant pas d'être touchée.
Elle retrouve son amie d'enfance Ebun, vêtue d'un boubou bleu comme le ciel. Mais Salewa n'est plus la personne qu'elle était ; elle a perdu les repères de son enfance.
Lorsque les deux femmes trouvent le calme pour s'asseoir côte à côte, elles se rapprochent physiquement aussi bien que mentalement, retrouvant la complicité passée. Mais la pudeur reste de mise. Pour ne pas déflorer la scène, limitons-nous à écrire qu'elles échangent sur ce qu'elles sont devenues.
Faut-il voir dans cette rencontre la trace d'un amour adolescent passé ? En tout cas, c'est celle d'une amitié interdite, de mots d'amour lancés sur le vif, que la réalisatrice évoque par des plans extatiques en regard caméra.
Le format en 4:3 renforce cette plongée dans l'intimité, relativisant les décors pour privilégier les corps. Il permet aussi des plans rapprochés tandis que la musique est très discrète, quasi inexistante.
Au fond, chacune a évolué dans son environnement mais la différence sociale est demeurée prégnante. Cela n'empêche pas les deux femmes de s'écouter et se comprendre.
Salewa puisera dans cette douceur retrouvée la force de retourner sur la tombe de sa mère et peut-être ainsi de mieux assumer son origine.
Alioune KÂ (Sénégal)
Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court (05-10 Décembre 2022) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar), avec le soutien de Vivendi Create Joy.
