Une femme battue sort de son silence et trouve une nouvelle voie : la force de résister. Cela ne vient pas en un jour.

La réalisatrice rwandaise choisit Inès Girihirwe une image symbolique pour résumer son propos : le moment où le thé bout sur le feu. Elle traduit comment Anna se dirige vers la liberté à laquelle elle aspire. Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance. Vivre avec son mari est comme vivre en prison.

Breaking Ground nous fait vivre physiquement l'enfermement des violences conjugales dans le huis-clos domestique que la réalisatrice filme en renforçant la fermeture. L'absence de musique marque la solitude, dans ce court métrage fiction de 13 minutes.



Le problème est complexe mais ce court-métrage choisit la simplicité. Sans doute trop pour nous convaincre, le passage à une nouvelle voie semblant trop proche, trop beau pour être vrai. Film d'atelier, il est basé sur une opposition de lieux et de logiques qui a du mal à trouver sa crédibilité, et nous laisse du coup sans émotion.

Les voisines d'Anna doivent-elles être aussi différentes d'elle pour la soutenir ? Doivent-elles être la représentation parfaite de la femme décriée par la société pour s'opposer à un homme ? Même la confrontation entre le mari et les voisines d'Anna manque d'émotion. Le rapport de force auquel on s'attend n'a pas lieu. On vit cette scène avec déception.
Mais ce premier essai ne doit pas empêcher Inès Gihirigwe de poursuivre sa voie. Il y a encore tant à dire sur le sujet !

Petra ASSOGBA (Sénégal)

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court (05-10 Décembre 2022) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar), avec le soutien de Vivendi Create Joy.