La Tunisienne Kaouther Ben Hania et la Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy sont en lice pour la Palme d'or. Le Festival de Cannes se tiendra du 16 au 27 mai 2023.
C'est avec joie que l'on renonce à cette vieille rengaine sur la sous-représentation du cinéma africain à Cannes pour l'édition 2023 du Festival de Cannes. Elle ne vaut pas cette année. Et pour cause : deux films de réalisatrices africaines sont en compétition, à savoir le documentaire Les Filles d'Olfa de la Tunisienne Kaouther Ben Hania et Banel & Adama de Ramata-Toulaye Sy qui représente le Sénégal avec son premier long métrage.
Une production foisonnante en Afrique du Nord
Quatre autres films de réalisateurs africains sont présentés à Un Certain Regard : Kadib Abyad (La Mère de tous Les Mensonges) de la Marocaine Asmae El Moudir, Les Meutes de son compatriote Kamel Lazraq, Goodbye Julia du Soudanais Mohamed Kordofani et Augure de Baloji Tshiani pour la République Démocratique du Congo. Toujours dans la sélection officielle, des clins d'œil sont faits à l'Algérie avec la présence de Karim Aïnouz (Brésilien d'origine algérienne) en compétition avec Fireband et Omar la Fraise d'Elias Belkeddar, projeté en séance de minuit (ce dernier a la ville d'Alger pour décor).
Dès le début de la conférence de presse qui s'est déroulée le jeudi 13 avril, Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, avait annoncé la couleur en évoquant une "sélection élargie géographiquement". Pour preuve, entre autres, "une forte présence en sélection du continent africain, mais également dans les films (...) vus".
Des œuvres issues aussi bien du Nord, où la production est très dynamique, et de la région subsaharienne. "A l'intérieur de cette nouvelle génération de cinéastes africains, beaucoup de réalisatrices", a encore précisé Thierry Frémaux.
Des expériences cinématographiques inédites
Parmi elles, Kaouther Ben Hania, découverte à Un Certain Regard avec La Belle et la meute (2017). Sa dernière production, Les filles d'Olfa, est "à la lisière, de la fiction, de l'essai", selon Thierry Frémaux. Le film de Ramata-Toulaye Sy, Banel & Adama, a été aussi décrit comme une œuvre singulière, également "à la lisière de l'expérimentation".
Le long métrage de la Marocaine Asmae El Moudir s'inscrit dans la même veine. "C'est un film de fiction, c'est presque un essai. Ce n'est pas un documentaire. C'est une forme très étonnante de cinéma qui est proposée par Asmaé et on est heureux de voir le Maroc perpétuer sa présence", a poursuivi Thierry Frémaux.
Le délégué général du Festival de Cannes a salué la présence du Soudan sur la Croisette dont Mohamed Kordofani porte les couleurs. "C'est un nom qui gagnerait à être connu parce que c'est un premier film et parce qu'il vient d'un pays rare qui est le Soudan." La République Démocratique du Congo l'est un peu moins. Baloji Tschiani en sera, cette année, l'ambassadeur sur La Croisette avec Augure "coproduit avec la Belgique", a signalé Thierry Frémaux. Le cinéma, a-t-il ajouté, "continue de témoigner des liens historiques, parfois complexes, douloureux entre l'Europe et le continent africain".
Souleymane Cissé, Carrosse d'or 2023
Au total, de jeunes talents africains seront à Cannes pour démontrer que la relève est assurée au moment où la Quinzaine des réalisateurs, section parallèle du Festival, rend hommage au Malien Souleymane Cissé en lui décernant son prestigieux Carrosse d'or.
Thierno I. DIA
Falila Gbadamassi
Correspondance Spéciale, à Paris
![Retour (Le) [dir. C. Corsini]](http://www.sudplanete.net/_uploads/images/films/CORSINI_Catherine_2023_Le-Retour_01_Cannes_edit.jpeg "Retour (Le) [dir. C. Corsini]")
