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Khouribga : Lancement de la 23ème édition du festival international du cinéma africain
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 06/05/2023
Amina Barakat, Rédactrice (Rabat) à AFRICINÉ MAGAZINE
Amina Barakat, Rédactrice (Rabat) à AFRICINÉ MAGAZINE

La ville de Khouribga, située à 124,5 kms de Casablanca, la capitale économique marocaine, est heureuse d'accueillir encore une fois, son festival annuel. Elle fête la 23ème édition du festival international du cinéma africain créé en 1977. Cette grande messe dure du 6 au 13 Mai 2023.

Une semaine qui rassemble les professionnels du 7ème art venant d'Afrique, continent riche en patrimoine multiculturel qui possède un potentiel humain altier, qui crée son cinéma à son goût et essaie de conserver sa vraie identité, restée ignorée et masquée par les stéréotypes négatifs, aux yeux des autres cultures étrangères.

Ouverture ce soir du FICAK 2023

C'est ce soir du 6 Mai que cette édition verra une ruée vers la grande salle obscure de la ville pour donner le coup d'envoi au festival. Les médias marocains et étrangers invités à couvrir les activités de cet événement sont prêts.
Douze longs métrages représentant 10 pays africains sont en lice dans la compétition officielle, dont deux films appartenant au pays hôte, le Maroc. En l'occurrence, ce sont Jallal Eddine du réalisateur Hassan Benjelloun et L'oasis des eaux gelées de Raouf Sebbahi.
Il y a également deux films du Cameroun (le pays invité d'honneur de cette édition) : Sadrack de Narcisse Wandi et La plantation des planteurs de Dingha Yellow Eystein. N'oublions pas la compétition des courts métrages qui seront aussi de la partie.



Un jury bien choisi pour l'occasion aura la tâche de décerner les prix de mérite pour les films africains qui sortent du tas,des créations qui portent la couleur des drapeaux de leurs pays qui ont répondu présent à cette fête, annuellement attendu avec un grand plaisir, par les cinéphiles et les mordus du cinéma, plus les habitants de Khouribga et ses régions, une ville super connue par sa production du phosphate au niveau mondial et qui fait du Maroc un géant producteur et 1er exportateur africain détenant 70% des réserves de cette matière minérale vitale pour la sécurité alimentaire de l'Afrique.

Associer l'utile à l'agréable est une priorité pour les organisateurs passionnés. Ils n'ont jamais cessé de faire des efforts pour faire de ce festival un minaret. Le FICAK de Khouribga est un lieu de pèlerinage des professionnels de l'industrie cinématographique. Il est spécifique à l'Afrique qui retient tout l'intérêt des décideurs marocains, vu sa valeur et son importance dans le monde lumineux du son et image, en tant que champ médiatique qui a déjà fait preuve de son existence et professionnalisme.
Sa place a été confortée par les créations des doyens du cinéma tel que le Sénégalais Ousmane Sembène, le Malien Souleymane Cissé, les Burkinabés Idrissa Ouédraogo et Gaston Kaboré. La liste est longue, étoffée par la jeune génération des réalisateurs et réalisatrices.

Parmi les présentes et présents annoncés par le festival, on compte plusieurs femmes : l'ivoirienne Akissi Delta, la Sénégalaise Angèle Diabang, la Burkinabée Apolline Traoré, la Béninoise Christiane Chabi Kao, la jeune réalisatrice sénégalaise Ramata-Toulaye Sy. Cette dernière a créé la surprise : elle compte parmi les nominés pour la Palme d'or de la 72ème édition du festival international de Cannes cette année. C'est bien la preuve vivante de l'arrivée massive de ces faiseuses d'images sur la grande scène du cinéma où elles honorent leur pays.
Au rang des critiques, citons les Sénégalais Fatou Kiné Séne et Baba Diop, tous ont présidé la Fédération Africaine de la Critique (FACC, Dakar) qui édite le magazine multimédia Africiné.

Certains d'entre les ambassadeurs du cinéma africains font souvent des rentrées majestueuses dans les cérémonies internationales, avec leurs beaux costumes traditionnels qui reflètent clairement leur identité africaine.

Des prix en hommage aux pionniers et étoiles

Les prix réservés aux meilleurs œuvres portent le nom des artistes de la sphère du cinéma. Le grand prix du long métrage est nommé d'après le réalisateur et scénariste sénégalais Ousmane Sembène.
En hommage au grand critique et cinéphile marocain Nour-Eddine Sail, le prix du jury porte porte son nom. Le prix du meilleur réalisateur porte le nom du cinéaste burkinabé feu Idrissa Ouédraogo. Quant au prix du meilleur scénario, il revient au grand écrivain et critique égyptien Samir Farid. Le Prix du meilleur rôle féminin porte le nom de l'actrice marocaine Amina Rachid, quand le prix du meilleur rôle masculin revient à l'acteur Mohamed Bastaoui, grande figure du cinéma et de la télévision marocaine.



Le jury longs métrages de cette édition est composé du Burkinabé Stanislas Méda (président) avec l'Egyptienne Faiza Handaoui, le réalisateur marocain Naoufel Berraoui, l'Angolais Pedro Simao Claudio, l'Ivoirien Désiré Begro.
Quant au jury des courts métrages, il est présidé par la talentueuse actrice marocaine Salima Ben Moumen, aux côtés du Béninois Fadonougbo Aolosétondji Dimitri et de Przybyl Catherine Sylvie Monique (France). Ils devront choisir entre 15 courts métrages représentant 13 pays du continent africain (Maroc, Sénégal, Bénin, Côte d'Ivoire, Egypte, Kenya, Rwanda, Nigéria, Ouganda, Ghana et Burkina Faso).

Hommage à Drissa Touré et à Bachir Wakine

Cette édition va rendre hommage au Burkinabé Drissa Touré, acteur et réalisateur qui a participé à la 5ème édition de ce festival en 1992. Le public aura l'occasion de découvrir la personnalité de ce réalisateur à travers le film documentaire retraçant son parcours artistique intitulé Taxi, le cinéma et moi, de Salam Zampaligré.
Ce film vient de recevoir le prix du jury au festival international Rabat'Doc Africa qui s'est tenu à Rabat ville lumière (capitale africaine de la culture 2022 /2023) du 25 au 29 Avril 2023
À son actif, Drissa Touré a réalisé deux longs métrages (Laada, 1991, Haramuya, 1995) et plusieurs courts métrages.



Le deuxième artiste qui bénéficie de cet hommage est l'artiste marocain Bachir Wakine, acteur de profession, natif de Khouribga. Sa ville accueille ces invités de marque, dont plusieurs sont des habitués. Ces festivaliers cherchent à profiter le maximum de ces rencontres entre professionnels de cinéma africain afin de jeter des ponts entre tous les pays du continent. Il s'agit de renforcer les liens Sud/Sud, pour échapper aux problèmes de coopération et de coproduction continuant d'entraver la création au niveau africain.

Un festival panafricain, avec un nouveau soutien de poids

Les organisateurs de cette fête ont créé le prix culturel "Don Quichotte", octroyé simultanément par la fédération nationale des ciné club et les critiques. La critique africaine (FACC, Dakar) a parfois tenu ici un jury où le Prix Paulin Vieyra est décerné.
Ce festival compte parmi les 3 grandes rencontres panafricaines autour du cinéma, il vient juste après les JCC - Journées cinématographiques de Carthage, festival créé en 1966 par la Tunisie) et le Fespaco du Burkina Faso (créé en 1969). Citons aussi le festival africain de Louxor (LAFF, fondé en 2013). Leur dénominateur commun est le thème spécifique à caractère africain. Cela embrasse le côté humain de tous ceux qui utilisent le cinéma, les réalisations, les sujets qui traitent la condition de la vie en Afrique ou ses diasporas.
Signalons aussi que le festival de Khouribga vient d'être soutenu par la commission marocaine d'aide aux festivals cinématographiques, présidée par la productrice marocaine Khadija Alami. Il est arrivé en tête des bénéficiaires de l'appui des membres de la commission, en obtenant un budget octroyé par le centre cinématographique marocain (CCM), qui s'élève à 1.400. 000 de dirhams (monnaie marocaine équivalent à environ 83 millions de francs CFA ou 125 000 euros). Il se classe parmi les grands rendez-vous du cinéma qui s'organisent annuellement dans le royaume du Maroc.
Pour espérer que l'Afrique devienne un pôle d'éclat du cinéma, sans dépendre des pays de l'autre rive de la Méditerranée, il faut multiplier les efforts pour explorer ses richesses de toute nature. Il importe aussi de souder les relations entre les pays africains, afin rendre à César ce qui est à César.

Parmi les films en compétition, cette année :

- Shimoni, Angela Wamai (Kenya)
- Sadrack, de Narcisse Wandji (Cameroun)
- La plantation des planteurs (The Plantation of Planters), de Dingha Yellow Eystein (Cameroun)
- Streams, de Mehdi Hmili (Tunisie)
- Les épines du Sahel, de Boubakar Diallo (Burkina Faso)
- Le citoyen Kwamé (Citizen Kwame), du Rwandais Yuhi Amuli
- 19B, le 6ème long métrage de fiction de l'Egyptien Ahmad Abdallah
- Le courage en plus, de Billy Touré et Laurent Chevalier (Guinée)
- Maputo Nakuzandza, d'Ariadine Leitão Zampaulo (Mozambique)
- I am chance, de Marc-Henri Wajnberg (Congo, Belgique)
- Jalaldin, de Hassan Benjelloun (Maroc)
- L'oasis des eaux gelées (The Oasis of Frozen Waters), de Raouf Sebbahi (Maroc)

par Amina BARAKAT

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