AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 937 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Maroc : Drissa Touré, star du 23ème FICAK
Le cinéaste burkinabé est célébré à Khouribga, en sa présence.
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 10/05/2023
Drissa TOURÉ, réalisateur et scénariste burkinabé
Drissa TOURÉ, réalisateur et scénariste burkinabé
Amina BARAKAT, Rédactrice (Rabat) à AFRICINÉ MAGAZINE
Amina BARAKAT, Rédactrice (Rabat) à AFRICINÉ MAGAZINE
FICAK 2023
FICAK 2023
Le cinéaste burkinabè Drissa Touré avec Amina Barakat, journaliste marocaine
Le cinéaste burkinabè Drissa Touré avec Amina Barakat, journaliste marocaine

La fête continue avec les activités programmés durant la période du 6 au 13 Mai 2023, dans le cadre de la 23ème édition du festival International du Cinéma Africain de Khouribga (FICAK 2023).

Le milieu regorge de professionnels du 7ème art de ce continent qui a été pour longtemps exposé aux contraintes qui entravent l'évolution de son art, bien que cela diffère d'un pays à l'autre. Pour en savoir plus sur cette ambiance, j'ai saisi l'occasion pour rencontrer un invité de marque. Il s'agit de Drissa TOURÉ, réalisateur et scénariste burkinabé qui est resté au placard pendant 20 ans.
Il a réalisé Laada (1991), Haramuya (1995) et plusieurs courts métrages. Pour lui le 7ème art est du "has been" ["passé", ndlr] sauf que la chance, si on peut dire, lui a souri une nouvelle fois. Un appel est venu de très loin à vol d'oiseau, l'invite au festival du cinéma africain du Khouribga.
Drissa Touré n'en revenait pas. C'est à cette occasion que notre invité a joui d'un hommage que le festival lui rendu, outre la projection d'un documentaire intitulé le Taxi, le cinéma et moi, réalisé par Salam ZAMPALIGRÉ. Drissa a eu l'amabilité de répondre à quelques questions d'Africiné Magazine.

Bienvenu au Maroc où un hommage vous a été réservé. Comment vous avez reçu cette invitation ?

Cette invitation me laisse sans voix, vraiment. Je suis comblé et heureux d'être à Khouribga. Un festival qui me rend hommage, de mon vivant, c'est extraordinaire. Cela fait une vingtaine d'années que personne ne s'est soucié de moi, de ma santé, jusqu'à ce qu'un jeune réalisateur [Salam Zampaligré, ndlr] est venu me voir et me propose de faire un documentaire sur mon parcours. C'était pour moi un coup magique qui m'a retiré des ténèbres. Une fois le film sorti, la maladie est partie et j'en suis ravi. C'est une résurrection artistique qui a surgi.



Comment qualifiez-vous le festival de Khouribga ?

Pour moi, c'est un très grand festival spécifique au cinéma africain. Il unit dans son enceinte les doyens et la nouvelle génération des professionnels du champ cinématographique et cela est magnifique. Ce rassemblement est bénéfique pour tous les amoureux de ce monde magique.
Beaucoup de choses se passent : échanges des expériences, rencontres des professionnels, possibilités de coopération entre les pays africains qui ont les mêmes affinités....

Avec votre expérience dans le domaine, vous avez certainement rencontré des difficultés liées à la production, grande problématique qui entrave le travail d'un réalisateur ?

Le principe de la fabrication d'un film est de passer par la phase de la production. Pour nous les Africains, très souvent on va mendier ailleurs pour faire notre film. Et si on vous tend la main c'est pour vous imposer leurs conditions. Exemple le ministère de la coopération française [désormais ce ministère est réparti entre le ministère français des Affaires Etrangères et celui chargé de la Francophonie, ndlr] peut vous demander de prendre un chef opérateur français ou travailler dans un laboratoire français. Faire le montage en France.... C'est ça les vrais problèmes problèmes que rencontre le cinéma africain.

Comment évaluez-vous la 23ème édition de ce festival ?

Je ne peux pas espérer mieux : tout se passe comme il faut. J'ai déjà été là en 84 avec mon 1er film. Je suis très heureux d"y revenir. C'est comme si on remet un poisson dans l'eau. Je reviens après une chute cinématographique. Donc pour moi c'est une thérapie, un éveil, une renaissance un espoir. Ce sont des facteurs qui m'ont secoué et m'ont donné le courage de réintégrer ce domaine que j'aime beaucoup.

Est-ce que vous croyez que les festivals du cinéma peuvent donner un coup de pouce au 7ème art africain ?

C'est évident, car ils jouent un rôle très important dans l'essor du cinéma. Déjà, c'est une opportunité pour voir des films de différents pays de notre continent et une occasion de restituer notre mémoire qui assure une continuité dont on a besoin, un moyen de sauvegarder notre identité de ces avalanches d'images qui nous viennent d'ailleurs et nous bombardent par leurs idées, nous imposent leur mode de vie tout en continuant à porter un regard négatif sur nos sociétés qui malheureusement sont encore à un stade peu enviable pour la jeunesse africaine qui rêve d'un mode de vie qui cohabite avec le changement et la révolution technologique qui éclate de jour en jour.
Ce qu'il faut savoir c'est qu'on a notre savoir vivre et une identité propre à nous. Donc, notre devoir est d'apporter du nouveau dans nos sociétés. En plus, notre raison d'exister est de sauvegarder la civilisation africaine.

Quel regard vous portez sur le cinéma marocain ?

Le cinéma marocain existe bel et bien. Il se porte merveilleusement. J'en ai vu beaucoup dans des festivals internationaux. Il ne cesse pas de progresser et marquer de bons points.

Est vous croyez au cinéma au féminin ?

Aujourd'hui, il occupe peu de place dans la sphère cinématographique, mais ça va venir. Il faut seulement y croire.

propos recueillis par
Amina BARAKAT

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés