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Clôture de la 23ème édition du festival du cinéma africain, à Khouribga
La relève est assurée
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 16/05/2023
Angela WAMAÏ, réalisatrice kenyane, recevant le Grand Prix Sembène Ousmane au FICAK 2023, Khouribga, pour son film SHIMONI
Angela WAMAÏ, réalisatrice kenyane, recevant le Grand Prix Sembène Ousmane au FICAK 2023, Khouribga, pour son film SHIMONI
Amina BARAKAT, Rédactrice (Rabat) à AFRICINÉ MAGAZINE
Amina BARAKAT, Rédactrice (Rabat) à AFRICINÉ MAGAZINE
FICAK 2023, Khouribga
FICAK 2023, Khouribga
Justin Mirichii, acteur principal de SHIMONI
Justin Mirichii, acteur principal de SHIMONI
Scène du film documentaire LE COURAGE EN PLUS (Guinée)
Scène du film documentaire LE COURAGE EN PLUS (Guinée)
Eystein Young Dingha, réalisateur de THE PLANTER'S PLANTATION (Cameroun)
Eystein Young Dingha, réalisateur de THE PLANTER'S PLANTATION (Cameroun)
L'actrice camerounaise Loveline Nimo, Prix Amina Rachid de la meilleure actrice (Khouribga 2023)
L'actrice camerounaise Loveline Nimo, Prix Amina Rachid de la meilleure actrice (Khouribga 2023)
L'acteur égyptien Sayed RABAG, Prix Mohamed Bestaoui Meilleur rôle masculin (Khouribga 2023)
L'acteur égyptien Sayed RABAG, Prix Mohamed Bestaoui Meilleur rôle masculin (Khouribga 2023)

Le Festival international du cinéma africain de Khouribga (FICAK) s'est tenu du 6 au 13 Mai 2023, à Khouribga, ville connue par sa production du phosphate à haut niveau. Le samedi 13 Mai, cette 23ème édition a baissé le rideau d'un festival créé en 1977. Les heureux lauréats rentrent, ravis, avec leurs trophées dans l'espoir d'entamer une autre expérience.

La fête au rythme africain était au rendez-vous. Une fête qui fait honneur à l'ensemble des films, pas seulement les primés. Les œuvres ont été projetées et ont trouvé un public réceptif et admirable répondant facilement aux attentes des réalisateurs.
Un public est toujours un atout important et une incitation à assurer la continuité de telle manière à sentir un souffle d'espoir. Cela annonce la présence d'un désir d'atteindre leur objectif de réaliser LEUR cinéma avec ses caractéristiques identitaires. Malgré les contraintes et la problématique du système productif dans les pays africains qui souffrent d'un manque d'institutions productives.

La liste des films primés est plutôt positive. Elle reflète amplement l'objectivité des des différents jurys. Ces messieurs et dames ont fait un énorme travail en visionnant 27 films (longs et courts métrages) durant toute une semaine, pour finalement choisir les œuvres qui les ont envoûtés.

L'Égyptienne Marwa Cherkaoui, Prix Paulin Vieyra 2023

Le grand prix (Sembène Ousmane) est revenu à Shimoni un long métrage signé par Angela Wanjiku Wamai. Venue tout droit du Kenya, pays des savanes, la talentueuse réalisatrice dispose à son effectif du court métrage Dad are you Ok ? produit en 2020 et Shimoni long métrage produit en 2022. Le scénario porte aussi sa griffe.

Le prix du meilleur rôle masculin (Mohamed Bestaoui) est revenu à l'acteur égyptien Sayed Ragab. Il a merveilleusement campé le rôle d'un vieux gardien d'une vieille bâtisse dans 19B. Le film est réalisé par Ahmad Abdalla qui est lui-même le scénariste.
Le prix de la meilleure actrice (Amina Rachid) a été remporté par Loveline Nimo, dans le film La plantation du planteur (The Planter's Plantation). Eystein Young Dingha en est le réalisateur ; il a cosigné le scénario avec Ijang Quinny.

Le prix du scénario (Samir Farid) est revenu au réalisateur camerounais Narcisse Wandji pour son film Sadrack (2023). Le réalisateur égyptien Ahmad Abdalla raffle le prix de la meilleure réalisation (Idrissa Ouédraogo) pour son film 19B (2022). L'industrie égyptienne du cinéma doit en être fière !

De son côté, le jury des Courts métrages a décerné son prix au film ougandais Ziwa signé par Samuel Tibandeke. Le prix Paulin Vieyra du jury FACC (Critique Africaine) est allé au film égyptien Aziza Ouard de la jeune réalisatrice Marwa Cherkaoui.

Quant au Jury des critiques, il a décerné le prix de mérite au film 19B. Le même prix est revenu au fim marocain Jallal Eddine du réalisateur Hassan Benjelloun. Le mérite aussi est allé au film Le courage en plus (Guinée) réalisé par Laurent Chevallier et Billy Touré.
Le prix du jury (Nour Eddine Sail) est allé au réalisateur marocain Raouf Sebbahi pour son film L'oasis des eaux gelées. Ce film a décroché aussi le prix des critiques. Le prix Don Quichotte du Jury Ciné-clubs est revenu à Hassan Benjelloun pour son film Jallal Eddine.

Vibrant hommage à l'acteur marocain Bachir Ouakine

L'hommage restera gravé dans la mémoire de l'acteur marocain Bachir Ouakine, accompagné par les célèbres youyous de sa maman et la présence de son père et ses proches, tous émus par cette initiative que les organisateurs lui a réservée. C'est à la hauteur de cet acteur aux multiples personnages campés avec succès. Il a été applaudi par le public, fier de voir un des leurs fils arrivé à ce niveau de professionnalisme. Bien qu'il ait vécu de nombreuses années en Italie, il a toujours gardé un profond amour pour son pays le Maroc et toujours affirmé son appartenance à une culture arabo-africaine.

La relève est assurée

Cette édition a démontré que la relève est assurée au niveau de la réalisation. Une belle brochette de jeunes faiseurs de films et leurs collègues de la gent féminine est présente. C'est la révélation d'une génération qui a fait preuve d'une ambition pour user du pouvoir de son 3ème œil, et dire à haute voix "nous arrivons avec notre professionnalisme, nos rêves et nos défis de trouver des solutions pour freiner les problèmes qui entravent le travail des réalisateurs". Cela est bien ficelé dans plusieurs films qui reflètent ce désir de raconter les histoires, qui les hantent.

Cela se voit clairement dans le traitement du génocide hutu contre les Tutsis au Rwanda en 1994. Ce terrible souvenir est présent dans plusieurs films. Ce drame a beaucoup affecté les réalisateurs. Cet horrible massacre s'inscrit à jamais dans l'histoire de ce pays (ainsi que du monde) et réside encore dans la mémoire des jeunes qui ont perdu leurs proches.
Le réalisateur rwandais Kenni Kassim a traité ce sujet (dans son court métrage Itara) d'une manière qui a laissé une forte impression chez le public khouribgui. La tragédie traduite par son film n'a pas laissé les gens insensibles ici. Le réalisateur met en exergue les états d'âme d'un père qui a perdu son unique enfant dans ce génocide. Le drame a détruit sa vie et l'a isolé de son entourage, chagriné profondément et personne n'a pu atténuer ce mal. Kassim a su transmettre ce crime à travers son beau travail, sa maîtrise technique. Face aux actes cruels, son écriture filmique raconte l'histoire et fait défiler les images horribles de ce drame subi majoritairement par les Tutsis.
Un autre jeune réalisateur a dévoilé son amour pour la fabrication des films. Il s'agit du Congolais Maisha Maene. Son film Mulika est l'histoire d'un astronaute sorti de son vaisseau spatial défectueux qui découvre le monde réel.

La surprise de ce bouquet est le long métrage intitulé Le courage en plus réalisé par Billy Touré et Laurent Chevalier. Ce film retrace l'histoire et le défi d'un groupe de personnes handicapées qu'on appelle "les handicapables". Ils ont multiplié leurs efforts pour prouver leur capacité à surmonter leur infirmité. Le groupe confirme le courage en face d'un terrible handicap, leur acharnement pour survivre malgré leur incapacité d'agir seul sans assistance.
D'autres films confirment l'arrivée de ces amoureux du cinéma avec leur professionnalisme. Par exemple, Kipou du réalisateur sénégalais Abdoulaye Sow portant sur le problème de la scolarisation dont souffrent les pays du tiers monde, à travers l'histoire d'une fillette de 11 ans désireuse de faire des études scolaires malgré la résistance de son père.

Le Kenya a été représenté par deux cinéastes. Pour le court métrage, il y a le réalisateur Joash Omondi. Venu avec son film Jua Kali, il nous emmène à Nairobi avec l'héroïne Diana et ses collègues qui travaillent en tant que domestiques chez les riches. De manière tendre, il signale la différence entre les classes sociales dans les grandes villes au Kenya.
Concernant le second cinéaste qui est une femme, le festival était l'occasion de découvrir Angela Wanjiku Wamai, une réalisatrice qui a mené de main de maître son premier long métrage. Shimoni (2022) raconte l'histoire d'un jeune professeur d'anglais à la recherche d'une autre vie après avoir purgé une peine carcérale à cause d'un homicide qu'il a commis. Angela Wamai déroule les problèmes que l'ancien prisonnier a rencontrés, à cause de son passé criminel. La réalisation analyse, par l'intermédiaire de Jeoffrey, le personnage du film (interprété par Justin Mirichii), les concepts de tolérance, pardon, compréhension et le relationnel dans les sociétés africaines. Elle remporte le grand prix à cette 23ème édition de Khouribga.
Sur ce, les responsables ont exprimé leur joie de clore cette édition. Ils nous ont donné rendez-vous pour l'année prochaine Incha Allah.

Amina Barakat

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