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Khouribga, un carrefour de rencontre des courts métrages
Festival international du cinéma africain de Khouribga - FICAK 2023, Maroc
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 23/05/2023
Amina BARAKAT, Rédactrice (Rabat) à AFRICINÉ MAGAZINE
Amina BARAKAT, Rédactrice (Rabat) à AFRICINÉ MAGAZINE
Le Nigérian Kagho IDHEBOR, réalisateur et scénariste du film Masque brisé (The Broken Mask).
Le Nigérian Kagho IDHEBOR, réalisateur et scénariste du film Masque brisé (The Broken Mask).
Abdoulaye SOW, réalisateur sénégalais
Abdoulaye SOW, réalisateur sénégalais
Marwa EL SHARKAWY, réalisatrice égyptienne
Marwa EL SHARKAWY, réalisatrice égyptienne

La 23ème édition du festival du cinéma africain de Khouribga s'est tenue du 6 au 13 Mai 2023. Elle était une occasion pour faire connaitre un bon nombre de courts métrages, réalisés par des jeunes faiseurs de films. Sachant que ce genre d'œuvres n'a pas toujours sa part de médiatisation ni de projections publiques. Leur seule chance pour avoir un public est leur présence aux festivals nationaux et internationaux.

La participation d'un film à des compétitions officielles lui offre l'opportunité d'être visionné par les professionnels de l'industrie cinématographique et profiter de la présence des medias présents.

C'est le cas des courts métrages programmés au festival de Khouribga 2023. Ces créations sont généralement en présence de leurs réalisateurs et les principaux acteurs. Durant les projections-débats, les créateurs ont pu exposer leurs expériences et discuter des problèmes qui entravent leur travail. Il y a le manque des structures de production, la diffusion et l'absence d'un marché pour commercialiser leurs productions.
Les professionnels du 7ème art sont venus de différents pays africains et/ou arabes. Ils ont apprécié l'ambiance qui règne dans l'ensemble du forum, surtout les discussions qui suivent chaque projection et la participation des critiques et cinéphiles à ces rencontres fructueuses qui répondent à leurs attentes. Ils visent à faire connaitre non seulement leurs produits filmiques mais aussi les thèmes qui les dérangent en tant que
citoyens africains et arabes.



L'ensemble de ces œuvres ont dévoilé les gros problèmes qui pèsent lourd sur le moral et le psychisme des réalisateurs. Les films abordent ce qui envenime la vie des jeunes qui sombrent dans la drogue et la débauche, pour fuir une réalité peu envieuse. Ces cinéastes se sentent donc responsables de mettre en évidence ces problèmes qui ne cessent de bâcler la vie d'une génération aspirant à un avenir mieux que celui de leurs parents.
Nombreux sont les courts métrages qui sont allés directement au fond des sociétés, pour dénicher les cas les plus graves, qui font souffrir ces damnés de la terre victimes d'un déséquilibre social sur tous les plans politique, économique, social et éducatif

Le réalisateur sénégalais Abdoulaye Sow a soulevé le problème de l'abandon scolaire chez les fillettes. Il nous entraîne sur le sillage d'Aïssatou, âgée de 11ans. Elle rêve d'intégrer les rangs des enfants qui fréquentent l'école, dans le but de s'instruire. Mais, elle se heurte à la résistance de son père qui s'oppose fermement à l'idée d'aller à l'école, car pour lui c'est une source de débauche pour les filles. Afin de lutter contre cette mentalité patriarcale réactionnaire, le jeune réalisateur construit un personnage, Aissatou, qui tient tête à son tuteur. Elle trouve le moyen d'apprendre à lire et à écrire en compagnie de son amie Habi qui lui apprend l'ABC de l'enseignement en échange d'un petit chaton. Kipou est donc un beau message simple et facile à définir avec une écriture filmique qui révèle le talent de Abdoulaye Sow.

Le réalisateur burkinabé Gaston Bonkoungou a participé à Khouribga avec son film Souk. Il traite de la pénurie d'un élément vital (l'eau) et la corvée d'une femme qui part à sa recherche loin du camp des personnes déplacées où elle a laissé sa mère et sa petite sœur attendre son retour. Son travail associe le problème d'une famille pauvre et la condition d'une femme qui assume la responsabilité d'assurer à ses proches de quoi se nourrir et boire pour survivre. Un problème qui touche un grand nombre des pays africains dont la population souffre de la déshydratation.

Dans la sélection 2023 du FICAK, il y a aussi Sokhna, un court métrage signé par le réalisateur ivoirien Boris Boué. C'est encore la condition féminine incarnée par Fanta, une mère célibataire qui, n'ayant pas pu surmonter les problèmes qu'elle rencontre (avec la charge d'une petite fille), finit par sombrer dans la folie. Une réalité qui fait trop mal au cœur. Le réalisateur dénonce l'absence des responsables qui doivent assister ces personnes perdues dans la nature. Le film est un appel aux décideurs politiques, pour trouver une solution pour épargner la société de ce mal.

Du monde arabe, Marwa Cherkawi, la réalisatrice égyptienne, est venue avec son film Azizati Ward pour dénoncer la pratique de la circoncision des petites filles et les conséquences de cette coutume qui infecte le psyché de ces mignonnes. La mutilation génitale qu'elle a subie est un mauvais souvenir resté gravé dans la mémoire de la petite Ward. Elle a grandi sans pouvoir le chasser jusqu'à sa nuit des noces qui tourne au désastre.

Le terrible génocide au Rwanda est présent. Il fait partie de la brochette des courts métrages en lice dans la compétition officielle de la FIFD. Il y a Itara ou la lampe du réalisateur rwandais Kassim Kéni. Il raconte l'histoire d'un jeune obsédé par la vengeance de ses parents victimes du génocide contre les Tutsis en 1994. La haine qu'il ressent pour les Hutus est tellement intense qu'il devient agressif. Mais son tuteur l'incite au pardon. La lampe est utilisée par le réalisateur comme un symbole pour tourner la page de l'histoire du pays et passer à autre chose.

La phobie est aussi traitée dans deux courts métrages. L'un est marocain : Corpus du réalisateur Mourad Khalou qui explore quelques souvenirs de sa mère à travers des moments de son enfance filmés par elle. Le film Rami ? du réalisateur égyptien Hamdi Wahba raconte l'histoire d'un jeune qui souffre d'une phobie sociale et l'empêche de s'intégrer dans la société. Ces jeunes cinéastes sont conscients du fait que les vibrations psychologiques existent dans la société et touche beaucoup les jeunes.

Dans Masque brisé (The Broken Mask), le Nigérian Kagho Idhebor traité d'un problème planétaire touchant toutes les sociétés. Il s'agit du viol ; un fait divers que les medias s'arrachent et que la société civile déplore. Le réalisateur aborde la tragédie vécue par un père de famille dont la petite fille a été sexuellement agressée par un de ses proches. Le cœur brisé, ce papa malheureux et traumatisé essaie de trouver un équilibre dans sa vie.



Avec la multiplication des festivals régionaux et internationaux, le court métrage continue à enchainer les participations aux compétitions et rafler les prix pour se faire une place dans la sphère cinématographique. La création des forums et festivals spécialisés uniquement pour la promotion des couts métrages documentaires ou fictions est une très bonne initiative. Ils offrent l'occasion à ces œuvres d'être diffusées dans le monde entier. Le festival international du court métrage de Clermont-Ferrand en France en est l'un des exemples, en donnant rendez-vous à tous les professionnels de cette catégorie filmique. Le Maroc a aussi son festival du même genre qui se tient annuellement à Tanger et à Ait Melloul, banlieue de la ville d'Agadir située au sud du Maroc.

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