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Ecrans Noirs, Yaoundé : présentation de l'atelier sur la critique
critique
rédigé par Olivier Barlet
publié le 12/07/2005

par Olivier Barlet (Africultures/Afrimages,France

Voici le festival Ecrans Noirs de Yaoundé terminé. J'ai eu l'occasion d'y animer comme l'année dernière [en 2004] un atelier sur la critique cinématographique sur la demande de Bassek ba Kobhio, président du festival, et coordonné par Jean-Marie Mollo Olinga, président de Ciné-Presse, l'association des critiques camerounais.



L'atelier était réservé aux adhérents de Ciné-Presse et a regroupé 14 inscrits.



Il ne disposait pas de financement particulier. Le festival a indemnisé les participants (1500 FCFA par jour) et pris en charge mon transport et hébergement. Il a pris également en charge l'impression du bulletin (photocopies, pour une somme de 10 000 FCFA par jour, ce qui en limitait la diffusion à un cercle restreint). Il était clair qu'il aurait été plus simple que l'association ou la fédération soient dotés d'un budget précis à gérer en autonomie.



A la suite de cet atelier, nous accueillons six nouveaux membres sur notre groupe de discussion, les autres étant déjà inscrits puisqu'ayant participé à l'atelier de l'année dernière.




L'atelier a démarré peu avant le festival par une introduction théorique sur la critique et s'est poursuivi chaque matin de 8 h 30 à 11 h 30 par la discussion des films vus. Des articles tenant compte de cette synergie étaient ensuite écrits par des participants de l'atelier, corrigés et regroupés dans un bulletin de bonne qualité de 4 pages A4 bouclé vers 15 h, imprimé l'après-midi et distribué le soir.



Six numéros sont ainsi sortis qui pourront alimenter le site Africiné avec des critiques de films et des articles de fond.



Inutile de dire qu'il s'agissait là d'un pari et que l'énergie a été telle que chacun est satisfait du résultat mais qu'on est tous sur les rotules. Voici le bilan dressé collectivement le dernier jour.






Méthodologie :



- Pour de nombreux participants, la semaine a été très riche en enseignements, notamment par la méthodologie très pratique et concrète adoptée : échange en groupe, rédaction seul ou à deux, correction, publication respectant un délai de bouclage.



- Beaucoup ont insisté sur l'importance de la lecture pour enrichir ses points de vue et ses références, et bien sûr sur l'importance de se mobiliser pour voir un maximum de films. La lecture de critiques dans les journaux et revues de cinéma est essentielle pour se familiariser avec l'exercice et comparer ses points de vue. Sur la question du manque de temps pour le perfectionnement et la recherche, il a été évoqué le fait que c'est une discipline à inscrire dans son emploi du temps, une priorité à définir pour un début de journée par exemple.



- la production d'un bulletin qui matérialise le travail de l'atelier est très positive car elle pousse à aller au bout, à se corriger, à travailler à plusieurs.



- beaucoup d'efforts doivent encore être faits pour maîtriser la capacité d'expression, le bon choix des mots, la clarté du style et le fait que l'article doit accompagner le lecteur par une accroche, un développement en lien où tout se déduit et une chute reprenant l'idée centrale du papier.



- la relecture est importante, d'où l'intérêt de travailler à plusieurs.



- des formes d'échange peuvent être trouvées qui permette de continuer à se former (contributions à partir de livres lus, réflexions partagées etc.)







Perspectives :



- une assemblée générale de l'association doit se tenir pour mettre au point un plan de travail pour continuer la dynamique d'écriture à partir des films vus. Les séances de films du CCF sont une bonne occasion de mettre en place des discussions.



- ce travail peut contribuer à ce que la Culture et le cinéma trouvent une plus large place dans les journaux et à inscrire davantage les journalistes qui travaillent sur la critique dans les médias locaux. Les patrons de presse doivent comprendre qu'il y a là un filon à exploiter pour sortir du carcan de la presse occidentale.



- le fait de participer à la dynamique panafricaine Africiné est une chance supplémentaire de visibilité, de travail collectif, d'émulation et de poids dans nos médias.



- "Quand tu as montré ta face, tu ne peux plus te cacher" : ayant publié le bulletin, le travail doit continuer.



L'hebdomadaire Nouvelle vision propose un carnet mensuel de quatre pages détachables pour la publication régulière des articles de l'association.







Il me semble quant à moi que l'atelier a permis de mieux cerner les attentions à porter dans la recherche d'une écriture africaine sur le cinéma :



- avoir en tête quand on analyse les films les questions d'image de l'Africain et de l'Afrique, ce qui suppose d'approfondir le regard colonial pour en déceler les traces encore présentes, afin d'éduquer le public à la vigilance.



- interroger à partir du film la place qu'il donne à l'Afrique dans le monde contemporain ou bien s'il la marginalise.



- expliciter les spécificités culturelles locales, les informations qui ne peuvent être connues d'un extérieur, les informations sur la production etc.



- resituer le film dans la filmographie de l'auteur, les thématiques proches dans d'autres films d'Afrique et les esthétiques choisies par ces films pour aborder le sujet.



- rechercher la nécessité d'être du film dans le contexte actuel, son importance historique, dans quel mouvance de pensée ou de recherche il s'inscrit.

Olivier BARLET, Africultures/Afrimages, France