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Dangerous Twins. CONTRE
Triste stéréotype de l'Africain
critique
rédigé par Martial Ebenezer Nguéa
publié le 16/07/2005
Martial E. Nguéa
Martial E. Nguéa
Franck Ndema
Franck Ndema

Africiné - Bulletin n°6,
Festival Écrans Noirs du cinéma d'Afrique francophone (FENCAF, Yaoundé, Cameroun), 2005.

Plongée sur la ville, travelling dans la rue qui se rabat dans un bureau : on entre de plein-pied dans le monde des affaires. Le jour s'est levé à Lagos. La ville aussi. Dangerous twins du réalisateur nigérian Tade Ogidan met en scène un classique dans l'histoire du cinéma : le dédoublement dont Volte-Face [de John Woo, NdF] est un des derniers avatars. Le fait est que les êtres sont tous les mêmes, mais que leur environnement peut les changer.

Tout allait si bien entre deux jumeaux jusqu'au jour où Taiye, résidant à Londres, passe pour assurer le bonheur de sa famille un "deal" avec son frère jumeau resté au Nigeria Kehinde, prototype d'un pays foncièrement violent et corrompu. Taiye lui demande non seulement de changer d'identité mais aussi de changer de sentiment ! Ce qui lui permettra de profiter lui aussi des merveilles de Londres : "Tu prends ma femme, tu lui fais un enfant. Tu ne vas pas seulement bien t'occuper d'elle mais considères que c'est un devoir". C'est le début d'une grande folie.

A Londres, Kehinde fait prospérer les affaires de son frère, mais avec ses méthodes ! Tandis que Taiye, stéréotypé par la culture occidentale, peine à retrouver ses marques à Lagos. Sa raideur morale est inadaptée au monde nigérian et cela se passe mal : démission des employés, assassinat de ses deux neveux, disparition de son épouse... Dans l'impossibilité de joindre Kehinde dont le téléphone a changé, il s'installe dans la solitude et la dépression.

Le film s'étale dès le début par des plans fixes et longs. Le spectateur s'ennuie. La musique omniprésente annonce des suspenses que l'image tarde à illustrer. On voudrait pouvoir entrer dans l'intimité des personnages, mais le rapport reste figé. On a du mal à croire à cette affection brisée entre les frères jumeaux et à cette naïveté des deux femmes qui se font duper par leurs époux. Et à ce cycle de stéréotypes, s'ajoute la "désacralisation" de la gémellité en Afrique qui y est pourtant un peu partout un symbole fort.

Judy l'Anglaise ne peut faire la différence entre les deux frères, tout comme l'Européen ne distingue pas les Africains entre eux. Pourtant, ce Londres des libertés et de la réussite agit comme un modèle mystifiant de raffinement tandis que Lagos reste l'ère de la poussière, de la corruption et de la magouille. Triste image de l'Afrique et idéalisation du modèle occidental.

Au lieu d'un éventuel retour au pays natal, on semble percevoir un appel à l'émigration.

Martial Nguea
Franck Ndema

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