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Quand le décor mange le réalisateur.
La Danse du vent, de Taïeb Louhichi.
critique
rédigé par Sid-Lamine Salouka
publié le 23/11/2005

La Danse du vent est le tout dernier long métrage du Tunisien Taïeb Louhichi, un réalisateur que le Fespaco a découvert avec notamment L'Ombre de la terre (1983) et Leïla ma raison (1989).
Taïeb Louhichi, qui est connu pour son aptitude particulière à filmer le désert, retourne une fois encore dans son décor naturel favori. Il met en scène un cinéaste nommé Youssef (Mohamed Chouikh) qui se perd dans des dunes de sable alors qu'il procède aux repérages des sites de son prochain film.

Pris dans une série d'hallucinations et de mirages, Youssef en arrive à remettre en cause l'utilité de son art. En effet, pour plaire à un public étranger, il s'est servi des histoires des hommes du désert pour monter ses scénarios et il a utilisé leurs cadres de vie comme décors pour ses films. Ces personnes dont il a exploité les images semblent se moquer de lui dans une séquence onirique où, devenu lui-même le personnage de son propre film, il est réduit à une image de télévision.

En réalité, en tant que réalisateur Youssef est semblable à ces pilotes de rallyes qui sillonnent le Sahara. Ils rejettent un peu plus de poussière sur la misère des habitants qui, eux, se contentent d'observer le passage de leurs 4X4 blanches.

Cette errance dans le désert confronte le sexagénaire avec ses démons intimes : la vieillesse et la mort, réalités absurdes que le mirage du temps finit par rattraper. Comme Saint-Exupéry, Youssef esr un aviateur en panne dans le désert. Cependant son petit prince s'appelle Zazia, une femme qui ne demande qu'une chose : ne pas être filmée.

Le questionnement sur la fonction du cinéaste est récent dans la thématique des cinémas d'Afrique. Si le film est rythmé par l'errance et la folie, c'est en fait la poésie qui constitue la dernière impression laissée aux spectateurs par La Danse du vent.

Sid-Lamine SALOUKA

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