La Jarre du réalisateur marocain Mohammed Ahed Bensouda est un court métrage qui dépeint la pauvreté d'une famille marocain qui n'a que pour seule richesse une jarre. Dans la société marocaine et africaine en général, la jarre revêt une signification particulière. Au-delà de son utilisation quotidienne pour la conservation de l'eau, elle est gardienne de bien des secrets, gris-gris et autres. La jarre constitue le centre d'intérêt du film. Elle prend toute son importance parce qu'elle constitue une source de trois générations.

Pour éviter de s'adonner à la mendicité un père de famille décide de placer une jarre à sa porte pour permettre aux passants de se désaltérer en échange de quelques pièces de monnaie. Après la disparition du père de famille, la mère perpétue cette tradition. Puis c'est au tour du fils de prendre la succession. La disparition, ou plutôt l'enterrement, de chaque membre de la famille est marquée par un gros plan sur l'horloge familiale, l'horloge symbole du temps où on y place successivement la photo de chaque disparu. Des enterrements qui s'expriment avec poésie à travers ce geste si simple de l'horloge que l'on ouvre et que l'on referme. Un jour le fils handicapé qui avait repris à son tour la gestion de la jarre, attend quelques passants, lorsqu'une personne se présente à lui, et lui remet une somme d'argent assez consistante. C'est le choc ! Le fils brise la jarre et en prime ainsi sa révolte contre la société et l'humiliation humaine. Une misère qui engendre de nombreux maux parmi lesquels l'intégrisme et le terrorisme. Sa vie va prendre un nouveau tournant puisqu'il décide de changer de vie et d'affronter enfin le monde…. Même s'il est vraie que Mohammed Ahed Bensouda a réalisé ce film pour les professionnels et les critiques, il nous offre un film sans dialogue, parfois difficile à cerner mais qui se comprend par la force des images.

Laure SAWADOGO