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entretien avec Fanta Régina Nacro, Catherine Ruelle, Jean Marie Teno, Jo Gaï Ramaka, Jean Michel Kibushi
Cinémas du sud : La caméra, instrument de lutte pour les cinéastes africains
critique
rédigé par Amour Gbovi
publié le 21/03/2006

La caméra, instrument de lutte

Racisme, néocolonialisme, mauvaise gouvernance, conflits interethniques, dictature. Ce sont là quelques maux que combattent les cinéastes africains à travers leurs créations. Du nord au sud, de l'est à l'ouest du continent africain, les réalisateurs sont unanimes sur le fait qu'ils sont la conscience du peuple

Catherine Ruelle (journaliste à Rfi)
Au sujet du premier long métrage négro-africain, tourné en 1966 par Sembène Ousmane (Sénégal).

"Le film est intitulé La noire de.... Un film qui raconte l'histoire d'une jeune dame amenée en France par des colons qui rentrent en France; et c'est en France qu'elle comprend le racisme. Les gens la rejettent, la considèrent comme un objet et elle va finir par se suicider. Ce film est inspiré d'un fait divers réel. Le cinéma africain a donc eu, en 2005, 50 ans pour ce qui concerne le court métrage, et 40 ans pour ce qui concerne le long métrage."





Jean Marie Teno (réalisateur Camerounais)
Parlant de son dernier film documentaire Le malentendu Colonial

C'est donc pour combattre cette espèce de négationnisme qui caractérise l'histoire coloniale ?

"Absolument. Pour lutter contre le colonialisme qui est en train de commencer maintenant. Parce qu'il y a des gens qui sont en train de nier l'histoire. Des gens qui sont en train de se servir du fait qu'on n'en a pas du tout parlé pour faire comme si on pouvait continuer à répéter les choses qu'on disait avant : "Mission civilisatrice". Que signifie mission civilisatrice ? Alors qu'elles ont détruit tout un pan des cultures africaines pour nous parler de mission civilisatrice. Mais c'est n'importe quoi ! Cette idée de hiérarchie des cultures. On continue aujourd'hui à parler de hiérarchie des races. Le racisme s'appuie complètement la dessus."

Qu'est ce qui justifie le fait que vous n'ayez toujours fait que du cinéma engagé ?
"Moi j'ai horreur de parler pour ne rien dire. Je n'ai pas besoin de me faire plaisir en regardant de belles images à l'écran. Je suis venu au cinéma en voyant les films de Sembène Ousmane quand après l'indépendance, il disait que le cinéma est une arme pour reconquérir l'identité culturelle. Moi, cela m'a beaucoup touché et j'avais envie de faire un cinéma qui parle de nous, qui nous met en avant. Je suis vraiment heureux quand je peux planter ma caméra vers d'éminents professeurs comme ceux qu'on a vu dans le film. Des gens qui peuvent parler avec autant de clarté de choses si compliquées. Partout où on passe, les gens disent mais on ne savait pas qu'il y avait des historiens compétents, qui pouvaient ramener la parole au niveau du peuple de cette façon. Pour moi le cinéma c'est regarder le monde autrement. Pas comme le définit l'occident, mais le monde avec un point de vue qui soit africain."





Jo Ramaka Gaï (réalisateur sénégalais)
Parlant de son dernier film documentaire Et si Latif avait raison ?

Votre programme de carrière est-il de toujours faire des films à polémique ?

"Mon programme de carrière aurait été que dans nos pays africains et dans toute l'Afrique, on n'ait plus cette sorte de personne à la tête de nos pays. Si j'arrive à faire mon travail de cinéaste et que en même temps disparaissent des catégories de dirigeants dont je parle, cela serait formidable."





Régina Fanta Nacro (réalisatrice burkinabé)
Au sujet de sa dernière fiction La nuit de la vérité
.
"Or, même les animaux ne se mangent pas dès lors qu'ils appartiennent à la même communauté"





Jean Michel Kibushi (réalisateur de la République démocratique du Congo)
(Au sujet du cinéma africain d'animation)

"Le cinéma d'animation existe depuis de nombreuses années. Mais il y a très peu de productions. On peut dire que dès les années 1950, il y a eu les premières réalisations d'Afrique noire, notamment au Congo où il y a eu la série télévisée Les palabres de Mboloko. Mboloko, c'est l'antilope. C'est une série qui a été interrompue dès l'arrivée de Mobutu au pouvoir, puisque l'antilope de par son dynamisme tournait en ridicule le léopard qui était l'emblème du pouvoir."

Propos recueillis par Amour GBOVI

Quotidien Fraternité (Cotonou, Bénin)

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