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Chronique d'une mangeuse d'anges
A Casablanca, les anges ne volent pas de Mohamed Asli (Maroc)
critique
rédigé par Yvette Mbogo
publié le 22/04/2005

Le premier long métrage de Mohamed Asli a reçu la plus grande distinction du festival de cinéma de Carthage : le Tanit d'or. Son film est une chronique sociale.

Saïd (Rachid El Hazmir) a quitté sa famille, laissant femme (Aicha) et enfants pour aller travailler comme serveur dans un restaurant à Casablanca. Il y trouve Ismail, serveur lui aussi qui est hanté par une paire de chaussures d'une valeur de 12 00 dirhams. Othman pense sans cesse à son cheval blanc et lui envoie régulièrement des sacs de pain sec. Le patron, Fassi, a son argent et c'est cet état de choses qui rend la situation encore plus difficile. Chacun ici est rattaché à quelque chose qui l'absorbe, un peu comme dans le quotidien des hommes ordinaires. Cependant, dans ce restaurant de Casablanca, la réalité est différente de leurs espérances. Leurs occupations et leurs rêves finissent par les phagocyter et…il faut se mettre à l'évidence: "Casablanca est mangeuse d'hommes".

Dans cet environnement caractérisé par la froideur humaine, l'égoïsme de ceux qui ont quand même, le manque de solidarité touche tout le monde. Malgré les différences ethniques des uns et des autres, berbère, arabe ou sahraoui, nul n'en est épargné. Le réalisateur dénonce le niveau élevé de souffrance qui a atteint la société marocaine d'aujourd'hui. Ainsi, tout au long de sa journée, surtout durant les moments difficiles, les paroles de Aicha (Leila El Ahyani), qui l'avait pourtant mis en garde, reviennent sans cesse sur sa conscience le suppliant de revenir.

La souffrance de Saïd, impuissant devant son épouse (Aicha) agonisante, sa mort, devant des voyageurs insensibles, sont des pistes que Mohamed Asli aborde dans son film pour évoquer les réalités qui l'entourent. La froideur de cette société s'annonce par le choix du décor du réalisateur, la neige. En dehors de Casablanca, le reste du pays (la campagne) croupit dans la neige, où même se mouvoir devient très difficile, avec une vie précaire. Cette chronique sociale que Mohamed Asli tente de rendre plus réelle avec ses personnages est un film très pathétique. Il se sert des rêves et des attachements de chacun pour montrer que finalement Casablanca n'était qu'un leurre où seuls les vautours et les rapaces planent.

Yvette MBOGO
(Cameroun)
à Carthage

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