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Noir de nouveau !
Xalima la plume, de Ousmane William MBAYE
critique
rédigé par Martial Ebenezer Nguéa
publié le 05/09/2006
Martial E. Nguéa
Martial E. Nguéa
Seydina Insa Wade
Seydina Insa Wade

William Mbaye fait un documentaire sur la vie d'un musicien de légende.

Le personnage légendaire de Seydina Isna Wade, musicien de renom du Sénégal, parti du pays depuis vingt-cinq ans pour une nouvelle carrière artistique, a marqué l'esprit de William Mbaye, au point de lui rendre témoignage dans un documentaire : Xalima la plume. Le réalisateur ouvre sa caméra libre sur une image d'un concert en soirée de l'artiste. Curieuse, elle fouine les coins pour découvrir l'homme. Il quitte le pays en 1973 et revient vingt cinq plus tard. Que s'est-il passé ? Pourquoi, ce retour ? C'est autour de cette interrogation que le réalisateur battit son univers.

Comme dans un road-movie, la caméra voltige sur ses rencontres, en parlant de sa carrière internationale très riche et très meublée. Il cherche, en plans larges tournés dans les rues de Dakar, avec une caméra libre constamment en mouvement, images et paroles de l'artiste se mêlent et sont libres, vraies. Les mouvements au cœur et au ras du sol donnent au spectateur la sensation de pénétrer l'univers entier de Seydina. Il découvre son itinéraire. Le film est sans commentaire. Il multiplie les angles de vue sur l'artiste philosophe, héritier des traditions ancestrales qu'il partage avec le monde à travers son long périple, intéressant, surtout pour capter son nouvel engagement.

Ce film est un véritable témoignage sur la vie des artistes, des grandes figures de l'histoire de l'Afrique. Il interpelle à plus d'un titre la jeunesse africaine.
De prime abord, il frappe par le sujet. Il permet de connaître les hommes de son histoire d'Afrique. À côté de cette histoire, tout au long du film la musique diverse et variée se succède, plage après plage pour mieux découvrir l'immense répertoire, associée aux images en boucle de ses compagnons de carrière, indiquent la preuve par dix du grand talent de sa légende. Et le spectateur, celui d'une époque, retrouve avec une nostalgie particulière cette musique, une vraie communion avec le musicien.

Ousmane William Mbaye partage avec le public, à travers le sujet, la beauté et l'intérêt que représentent ces légendes de l'histoire d'Afrique (en tant que source de valeurs, références) et leur rôle comme source d'énergie. Comme clef de voûte, ce film est adressé à la jeunesse qui s'exprime dans le film afin qu'il soit aussi témoin de ce travail qui est à faire. Pour un développement, et un équilibre social, en guise de communion et de bénédictions, comme perçues dans les traditions africaines. En même temps, il s'ouvre sur un plan serré de l'océan atlantique qui donne tout un décor à Dakar, pour fermer par une note d'espoir sur ce même océan de la presqu'île de Dakar. Et Seydina peut enfin chanter "je suis redevenu noir".

Sorti à Dakar en 2003, Xalima la plume rentre droit dans les registres des films d'histoire patrimoniale sur les grandes figures qui ont marqué l'histoire d'Afrique à l'instar de Moumié de Frank Garbely, Ali Farka Touré de Marc Huraux, Mobutu Roi du Zaïre de Thierry Michel ou Lumumba de Raoul Peck, pour ne citer que ceux là. Et à ce titre, c'est un film plein d'espoir pour la reconstruction des mémoires qui s'opère en Afrique, depuis peu, par les Africains.

Martial E. Nguéa

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