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Mystères du pays
Sorcière la vie, de Monique Phoba
critique
rédigé par Nadège Siélinou
publié le 24/08/2006

Atelier de Yaoundé - 10ème FENCAF

La première idée qu'on se fait lorsqu'on entend ce titre, c'est de voir une fiction qui met en scène différents acteurs sous un thème qui traite de sorcellerie, de mauvais sort, et de tout ce qui a trait au mysticisme. Mais il n'en est rien.
Sorcière la vie est tout simplement un documentaire qui met au grand jour plusieurs tares liées à la mixture de la culture africaine et de la culture occidentale.
Le documentaire met en scène la réalisatrice même du dit documentaire, cette Africaine née en Belgique et élevée à l'occidentale qui, de retour dans son Congo natal, se trouve confrontée à des appréhensions qui bloque l'inconnue qu'elle représente, quant à la découverte de sa tradition d'origine. De retour chez elle, elle fait la connaissance de son oncle, le Docteur Djeuka, qui est juge coutumier et qui, pour être apte à régler les litiges coutumiers, est taxé de sorcier.
On y retrouve également ces enfants qui sont rejetés par les membres de leurs familles parce qu'ils ont été taxés de sorciers par des pasteurs de ces nouvelles églises en plein essor.
D'un autre côté on rencontre cette mère qui ne sait quelle culture inculquer à ces enfants parce qu'elle-même, ayant été tenue à l'écart, ne maîtrise pas grand-chose de sa propre culture africaine.
Ce sont des images assez attrayantes, sous les commentaires de Monique elle même. Le montage est assez bien fait. Il se dégage une expression de sérénité, à travers des images gaies, l'expression des visages. Monique Phoba a un regard plutôt positif en ce qui concerne la sorcellerie en Afrique.

Ce documentaire met sur le tapis trois problèmes d'actualité dans le continent africain. Premièrement, le problème de la culture africaine qui se meurt à petit feu. Sous le joug de la colonisation, nos traditions ont été fortement banalisées. Le documentaire met d'ailleurs en scène un colon de 28 ans proclamé juge coutumier et qui, sans avoir le moindre pouvoir surnaturel, exécute une danse réservée aux sages. C'est ainsi que les jeunes se désintéressent de leurs traditions, et adopte une culture hybride, parfois dangereuse pour la société qui les entoure. On retrouve également des Africains qui ignorent tout de chez eux jusqu'à leur langue.
Deuxièmement, le documentaire décrie le problème des nouvelles églises, véritables sources de désunion pour les familles en afrique. Ces nouvelles églises utilisent la religion et la sorcellerie pour se remplir les poches:c'est l'industrie des nouvelles églises.
Troisièmement, c'est le problème des suspicions sans cesse présentes dans la vie des Africains qui font en sorte que les gens sont taxés de ce qu'ils ne sont pas. C'est ainsi que l'on retrouve des villages de sorciers, des enfants sorciers qui sont écartés ou carrément lapidés en toute impunité.
Ces différents problèmes méritent d'être traités séparément pour une meilleure sensibilisation des Africains. À la fin de la projection, le public reste visiblement sur sa soif, il s'attendait à plus de détails sur les sujets traités.

Nadège Siélinou

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