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Le Révolutionnaire
Sango Malo, de Bassek Bâ Khobio (Cameroun)
critique
rédigé par Espéra Donouvossi
publié le 15/05/2007

On ne transforme pas les hommes en les blessant de leur amour propre et tout ce qui se fait pour les hommes sans les hommes, est fait contre eux. Dans l'histoire de tous les temps, une révolution idéologique mal conçue est toujours mal comprise et échoue facilement.

Sango Malo, le maître du canton, est un roman écrit par Bassek Ba Khobio et qui a été adapté à l'écran en 1991 sous le titre de Sango Malo par l'auteur même. Le long métrage de 91 minutes produit par Les Films Terre Africaine, est la peinture d'une révolution idéale mal inculquée. Le jeune instituteur sort fraîchement et brillamment de l'École Normale avec toutes les chaleureuses félicitations de ses camarades. Mais ce concert de joies s'étiolera très tôt et l'emballe dans un conflit idéologique quand, dans sa fonction d'instituteur, il n'a qu'une seule conviction : " l'école doit être plutôt pratique, et c'est l'école de la vie" et une vision : bouleverser les vieilles habitudes. Rêve ou réalité ? Il rencontre sur sa route un premier adversaire, le directeur d'école, un farouche conservateur qui estime que Malo Bernard ne parle que "de mots et rien que de mots ". Pour lui c'est "le diplôme d'abord et les manuels après".

Bassek Ba Khobio a su peindre à travers son œuvre, toutes les insuffisances du système éducatif en vogue dans les pays africains où on ne forme que des diplômés manuellement stériles. Cela peut engendrer ou du moins engendre des conflits de génération dans certains pays africains où bastions de la tradition s'opposent aux révolutionnaires. Même si l'ambition de Bernard Malo, l'instituteur est de "faire de l'école, un lien d'apprentissage de la vie pour servir les hommes, la société et l'État" tel qu'il le dit, il n'en demeure pas évident que la stratégie utilisée pose problème. La courtoisie, l'humilité et le dialogue qui devraient être le terreau à l'éclosion de cette révolution idéale sont relégués au second rang. Aucun bouleversement de l'ordre pré-établi ne peut se faire sans la moindre courtoisie. Cette leçon, Malo Malo, l'a omise et cela lui a coûté toutes les sévères et méchantes appréciations : un arrogant qui s'érige en monsieur je-sais-tout et qui n'a aucune considération de respect à la chefferie traditionnelle ni aux coutumes.

C'est un film qui plonge le spectateur d'une manière esthétique dans une vie qu'il est habitué à boire. Un chef d'œuvre plein de révélateurs par exemple Monsieur " voit tout" qui "sait tout et fait tout" , qui a souvent en main un poste radio symbole d'une ouverture sur le monde et une bouteille d'alcool pour tuer les soucis et souvenirs de toute sa famille perdue dans un drame.

Sango Malo, par son succès, a lancé véritablement la carrière cinématographique de Bassek Ba Khobio après sa projection à Cannes.
La réussite de ce film a permis à son réalisateur de réaliser son deuxième film. Il importe de signaler que Bassek Ba Khobio est le délégué général des Écrans noirs de Yaoundé, un festival qui s'est imposé au Cameroun.

Espéra G. DONOUVOSSI

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