AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 364 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Une folie créative raisonnable
Réveil, de Mohamed Zineddaine
critique
rédigé par Noureddine Mhakkak
publié le 29/08/2006

Si on veut comprendre bien les thèmes majeurs d'une œuvre littéraire ou artistique, on doit d'abord analyser son titre. Car le titre, comme a dit Gérard Genette, est le premier seuil qui nous mène vers l'univers de cette œuvre, elle-même, avec sûreté et confiance.
Pour cette raison, je me suis demandé quand j'ai vu pour la première fois le film du réalisateur marocain Mohamed Zineddine, Réveil, ce que ce titre veut dire. Et quelles significations peuvent être cachées entre ses lettres ? Est-ce que ce Réveil concerne seulement le personnage principal du film, qui n'est qu'un simple écrivain d'un temps perdu ? Ou il nous concerne, nous même, en tant que des récepteurs du film ?
Tout ce que nous pouvons dire maintenant, c'est que le personnage principal de ce film, est resté en état d'éveil, pendant tout le temps du film, et que nous, les spectateurs, nous étions restés éveillés aussi, en suivant les pas de ce personnage, et ses pensées.
Laissons maintenant ces questions et revenons au film.
L'importance de ce film ne tient pas à sa qualité d'image, ni à sa façon de réalisation qui était si frappante avec sa simplicité, mais à sa forme artistique, en général, qui mélange la folie créative avec la raison, la fiction avec le documentaire d'une part, et à ses thèmes humanitaires en tant que thèmes universels d'autre part. Ce film raconte l'histoire d'un jeune homme qui veut devenir écrivain sans aucun projet à la tête, sauf qu'il est un mangeur de livres selon l'expression du grand Borges. Cet écrivain en racontant à lui-même son propre histoire, à travers les mots, il nous offre une histoire d'une toute génération. Une génération qui était en train de chercher la valeur des principes et les chemins de la liberté, selon l'expression du grand Sartre, dans un monde qui était en mouvement permanent. Faut-il nous dire que cette recherche, elle-même, est le réveil qui veut nous décrire ce film ? Peut-être, mais ce qu'on peut dire, c'est que ce film en s'appuyant sur les faits des mots, nous fait entrer dans un monde de création. Et qui dit création, dit vie, vie réelle et vie imaginaire aussi. La vie des personnages, l'écrivain, ses amis et les autres qui ne sont que l'enfers, elle-même, et la vie des livres, les livres lus et le livre écrit puis publié. Ces deux vies qui étaient présentées en parallèle durant le temps du film à travers l'image ordinaire (noir et blanc) et la voix off qui était pleine de vie (poétique, philosophique et politique..) nous ont donné l'impression d'être dans un monde plein d'ambiguïté, de passion et surtout de souffrance.
De même que l'abeille construit, comme a dit Nietzsche, les alvéoles et simultanément les emplit de miel, de même le cinéma crée son univers imaginaire avec une beauté artistique remarquable.
Ce cinéma même, nous a offert, grâce au réalisateur marocain Mohamed Zineddine, ce film là, qui est un film d'auteur par excellence, et qui nous a obligé en tant que critique de cinéma, d'écrire ces lignes.
Bravo Mohamed Zineddine.

Noureddine Mhakkak

Films liés
Artistes liés
Structures liées