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L'imaginaire créatif
Ali Zaoua, de Nabil AYOUCH (Maroc)
critique
rédigé par Noureddine Mhakkak
publié le 17/07/2006

Le film Ali Zaoua, du cinéaste Nabil Ayouch, fait partie des films marocains qui ont reçu un succès remarquable auprès du grand public et notamment des jeunes spectateurs. À l'instar de : Un amour à Casablanca (Abdelkader Lagtaâ), À la recherche du mari de ma femme (Abderahman Tazi), Femmes et femmes (Saâd Chraïbi), Ali Zaoua doit sa réussite au fait que le spectateur y trouve mixés, fort admirablement, le comique au drame, l'action au suspense, la parole à l'image. Et parce qu'il rassemble tous les "ingrédients" d'un grand film de point de vue mise en scène, scénario, distribution et interprétation des rôles, prises d'image et de son, décors, montage, etc... Ce film commence par une scène, fort intéressante, qui plonge dès le début le spectateur dans le monde des enfants de rue et on comprend très vite que ces enfants, abandonnés pendant longtemps à leur sort, suscitent actuellement un intéressement de tous et en premier lieu des médias : on cherche à appréhender les raisons qui poussent un enfant à quitter, pour un sans retour, son foyer paternel et à choisir de mener une existence de vagabond et de clochard.
Ainsi débute l'histoire de Ali Zaoua, le "mort-vivant" du film et son héros symbolique : au moment où il quitte une bande de voyous avec ses trois amis Kouita, Boubker et Omar, et commence à rêver d'un nouveau monde plein d'espoir, d'une terre pleine de lumière et où se lèvent chaque jour deux soleils au lieu d'un, une pierre jetée par une main "aveugle", achève sa vie et met terme à son rêve et son espoir de vivre dans la dignité.
Ses trois amis, dont Kouita s'avérera par la suite le héros principal du film, essayerons d'accomplir le rêve de leur regretté ami et leader. Ils useront de tous les moyens dont ils disposent – aussi dérisoires soient ils – et de toute l'énergie qu'ils ont pour enterrer leur ami en tant qu'un vrai marin (métier dont celui ci rêvait, avant de mourir) et en présence de tous ses proches :
- Sa mère qui se préoccupait beaucoup plus de lui satisfaire ses besoins basiques de nourriture et d'habillement ainsi que de lui décorer, soigneusement, sa chambre sans se douter le moindre instant que le chemin de la prostitution qu'elle a choisi (ou qu'elle a été forcée d'emprunter) est rejeté par son enfant avide de dignité et de liberté.
- Le pêcheur, cet vieil homme de la mer, auprès duquel Ali a, enfin, trouvé de la tendresse et qui lui a promis de l'aider à bâtir son avenir et l'emmener à la terre où la liberté s'exerce sous deux soleils et non pas un ;
- Ses trois amis Kouita, Boubker et Omar (1) qui ont partagé un certain moment son rêve et son désir d'être responsable et libre ;
- Ses frères-ennemis, guidés par Addib le chef de la bande responsable de sa mort et de l'achèvement de sa fuite vers un monde meilleur.

Par ce film, Nabil Ayouch met en évidence tout son talent de cinéaste. Il fait jouer pour la première fois des enfants qui ont peu (ou manquent) d'expérience comme acteurs. Il transpose une réalité vécue en un imaginaire cinématographique, parfois avec un certain audace qui ne diminue en rien la beauté artistique, la pertinence des mots et la sincérité d'images dont jouit le film.

Noureddine MHAKKAK (Maroc)

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