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Inexistence d'une industrie cinématographique
La réalité la mieux partagée dans l'espace UEMOA
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 04/10/2006

À la question de savoir s'il existe une industrie cinématographie dans leurs pays respectifs, les directeurs de la cinématographie des huit pays de l'Uemoa restent unanimes dans la négation. Cette situation qui perdure, inquiète les professionnels du secteur.

Le secteur du cinéma dans l'Union économique ouest-africain (UEMOA) présente le même visage. D'un pays à un autre, la situation est la même. Dans les huit pays qui composent l'espace, il n'existe pas d'industrie cinématographique. Les exposés fournis lors de la table ronde du festival Clap Ivoire tenu du 5 au 9 septembre dernier à Abidjan sur le thème "Réglementation du cinéma et de l'audiovisuel dans l'espace Uemoa : état des lieux", en disent long sur ce secteur. Pour les différents directeurs de la cinématographie des pays de l'espace Uemoa, la situation est critique.

Directeur du Centre national des arts et de la culture de Côte d'Ivoire, Yao Norbert Ettranny, est catégorique sur l'inexistence d'une industrie du cinéma dans son pays. Car, selon lui, parler d'industrie suppose beaucoup de choses : la production, la distribution, l'exploitation et la diffusion. La situation en Côte d'Ivoire, note-t-il, est la même partout ailleurs en Afrique subsaharienne. "Le cinéma meurt parce qu'il n'y a plus de salles, les productions coûtent cher, l'argent manque ou n'existe pas dans certains cas, le marché est mal organisé, les lois sont inappliquées", souligne M. Ettranny par ailleurs promoteur du Festival Clap Ivoire d'Abidjan.

Président de l'Institut national du cinéma et de l'audiovisuel de Guinée-Bissau, Carlos Vaz abonde dans le même sens. Pour lui, on ne peut pas parler d'industrie de cinéma, car il n'existe pas de marché de production et de consommation des films. Pour un pays qui comptait neuf à huit salles de cinéma à l'époque, l'inexistence de salles actuellement dans tout le territoire bissau-guinéen, pose le problème de la diffusion et de la circulation des produits.

Au Mali, la situation est encore pire. De l'avis du réalisateur malien Sidy Diabaté, représentant le directeur de la cinématographie, les statistiques parlent d'elles-mêmes. Là où il y avait une soixantaine de salles à Bamako, il n'en existe plus que trois aujourd'hui et, à l'intérieur du Mali, il n'y a pas de salle. Du côté de la production, fait savoir Sidy Diabaté, le Mali produisait un long métrage tous les deux ans. Maintenant, relève notre interlocuteur, "nous avons un long métrage tous les cinq ans. Et avec le coût élevé des films, les cinéastes ont recours au numérique".

Au Bénin comme dans les autres pays de l'Uemoa, estime le représentant du directeur du cinéma béninois, Jonas Cloubou, l'absence d'une réglementation pose de sérieuses difficultés. "Nous ne pouvons pas asseoir une industrie du cinéma en Afrique, affirme Jonas Cloubou, si le secteur n'est pas organisé". Même s'il existe dans presque tous ces pays des lois sur le cinéma, l'application fait défaut dans la majorité d'entre eux, s'accordent les acteurs.

Fatou Kiné SÉNE

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