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Orage sur l'école africaine
Sango Malo, de Bassek Ba Kobhio
critique
rédigé par Charles Ayetan
publié le 31/10/2006

Réalisé en 1991 par le camerounais Bassek Ba Kobhio, le film Sango Malo est une adaptation de son roman intitulé Sango Malo, le maître du canton. Né le 1er janvier 1957 à Nindje (Cameroun), le réalisateur a fait des études de sociologie et de philosophie et suivi les pas du Sénégalais Sembène Ousmane qui a adapté à l'écran son roman Le Mandat. Il le confie lui-même dans une interview réalisée par Jean-Marie Mollo Olinga, publiée sur www.africine.org : "L'écrivain et cinéaste Sembène Ousmane à qui j'avais toujours rêvé de ressembler, est celui qui m'a emmené véritablement dans le cinéma." À travers Sango Malo, Bassek Ba Kobhio traite de la problématique de la finalité de l'école en Afrique. Comment adapter l'école aux réalités de l'Afrique ?

Ce long métrage s'ouvre sur la brillante formation de Malo Malo Bernard, le nouvel instituteur du village Lébamzip dont l'ambition est de révolutionner le système éducatif des pays d'Afrique. Le jeune maître devrait dès lors affronter toutes les autorités en place : le directeur d'école, le chef canton, le préfet, sans omettre de renverser les normes coutumières issues de longues années de traditions. En un temps record, Malo Malo allait réduire le cadre théorique de l'école en une dimension hautement pratique. "Classe en plein air", ateliers, champs et projet de coopérative trouvent vie.

Enfants et adultes y passent. "Vois tout", l'homme toujours armé de sa bouteille de bière - pour avoir vu sa famille décimée par un incompréhensible orage - et de son poste radio, signe de clairvoyance et de son ouverture sur le monde, n'est pas du reste.

Que dire du drastique directeur d'école qui, par le biais de l'offrande du fruit du labeur champêtre de ses élèves de l'école nouvelle, résolut de rejoindre la barque du "jeune homme têtu" pour une aventure révolutionnaire dont la prison est la destination. Est-ce là le signe d'un échec d'une révolution quasi-solitaire qui défie même les génies de la forêt sacrée au profit du développement ? Est-on vraiment passé des salles de classe à "l'école comme lieu d'apprentissage" ?

Par-delà tout, le réalisateur semble montrer lui-même dans son interview précitée que "la situation de l'Afrique est telle que le cinéaste a une obligation d'engagement".

Primé au Festival de Cannes en France, ce film a propulsé Bassek Ba Kobhio vers une brillante carrière cinématographique.

Charles Ayetan

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