Les rencontres du cinéma et de la télévision de Lomé (Recitel) qui se sont déroulées du 2 au 15 Octobre 2006 au centre culturel Denyigba ont vu la participation des assoiffés du cinéma. Parmi eux, nous avons déniché et interviewé Madjé AYITE, jeune réalisateur de 25 ans qui est venu avec son film lauréat du prix de l'indépendance en Avril 2006 à Lomé.

1- Madjé AYITE, vous réalisateur togolais, comment êtes vous parvenu à ce métier ?

Depuis le collège je voulais faire du cinéma mais je ne connaissais personne dans ce domaine au Togo que je pouvais contacter. Quand j'ai commencé le lycée, on nous a annoncé que le doyen des cinéastes togolais Do Kokou allait venir pendant les grandes vacances nous montrer comment faire des films. Je me suis dit que c'était une occasion pour moi. C'est là que j'ai suivi une initiation au scénario avec lui ; puis nous avons fait un court métrage dans lequel j'étais le scripte. Deux ans plus tard j'ai écrit mon propre scénario que j'ai réalisé ; ensuite l'école de cinéma EICAR en France avait lancé un concours de scénario, j'ai été sélectionné et j'ai suivi cette formation. Plus tard j'ai fait des stages à la TV2 (NDRL…La TV2 est une télévision privée du Togo) où j'ai réalisé des courts métrages, une série et puis les films se sont enchaînés jusqu'à maintenant.

2- Que pensez-vous des initiatives des Recitel [Rencontres du Cinéma et de la Télévision de Lomé] ?

Je trouve que les Recitel sont une bonne initiative qui permet aux jeunes de se familiariser avec l'audiovisuel et le cinéma. Vous apprenez beaucoup de choses en un temps record. Quand vous passez par les Recitel vous ne verrez plus les films de la même façon.

3- Parlez-nous de votre film Vanessa et sosie qui a remporté le prix de l'Indépendance et qui a été projeté au cours des Recitel.

Vanessa et sosie est mon premier long métrage. C'est une histoire d'amour couplée à la conséquence du trafic d'enfants. J'ai eu beaucoup de difficulté pour tourner ce film. Pour un jeune qui débute, j'étais producteur et réalisateur à la fois. C'était très difficile mais c'était devenu un défi personnel parce que toutes les portes de financement étaient fermées. Je l'ai fait avec mes propres moyens et voilà j'ai remporté un prix.

4- Qu'est ce que ce prix a apporté dans votre vie ?

Ce prix a apporté beaucoup de choses dans ma vie ; d'abord c'est une grande joie pour moi de gagner un prix au début de ma carrière ; c'est vraiment géant. Ensuite ce prix montre qu'il y a quelque chose qui se fait au Togo même si le cinéma n'est pas très connu.

5- Entretenez-vous de bonnes relations avec les anciens du cinéma togolais ?

Bien sûr, j'ai travaillé avec certains sur leurs films comme Batita Talakaena, Koffi Hantz, Richard Lakpassa, feu Issa Nabine et j'ai eu la chance de rencontrer Abalo Kilizou. J'ai appris beaucoup de choses avec toutes ces personnes. Je souhaite que ça continue.

6- Que pensez-vous du cinéma togolais ?

Le cinéma togolais n'est pas connu. Il y a des gens qui veulent faire du cinéma au Togo mais ils ne sont pas encouragés, puis il y a manque de formation mais avec les Recitel qui auront lieu chaque année je suis sûr que dans peu de temps on parlera des cinéastes togolais.

7- Avez-vous d'autres films à votre actif ?

J'ai fait beaucoup de films mais je vous en donne quatre : Katafiti 406 un court métrage diffusé sur CFI ; le court métrage Rap Génération sélectionné pour la Berlinale talent campus en Allemagne et au Festival de film de quartier à Dakar en 2004 et diffusé sur TV2 ; le moyen métrage Avenir, reflet du passé sélectionné au Festival de film de quartier à Dakar ; le long métrage Vanessa et sosie qui a eu le prix de l'Indépendance 2006 à Lomé.

8- Quels sont vos projets pour l'avenir ?

Ce qui est sûr je reste dans le cinéma et j'ai plein de projets de tournage.

9- En tant que 'ancien'des jeunes réalisateurs, quels conseils avez-vous à donner à ces jeunes togolais qui veulent embrasser le même métier que vous ?

(Rire)…'ancien'c'est un peu exagéré. Je suis un réalisateur c'est tout.
Je ne peux qu'encourager ces jeunes qui veulent faire du cinéma. Le seul conseil important que je peux leur donner c'est qu'aucun producteur ne se lèvera un jour pour passer dans toutes les maisons pour faire la liste des jeunes qui veulent faire du cinéma pour les aider. Il faut qu'ils se lèvent eux mêmes pour écrire des scénarii et les réaliser. Et après ils pourront penser à être contacté par les producteurs.

Propos recueillis par Sitou AYITE,
AJCC-Togo