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Un testament d'humour et d'amourHommage au cinéaste ivoirien disparu
Caramel, de Henri Duparc (Côte d'Ivoire)
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 19/03/2007

Si pour feu Henri Duparc, comme le disait lors de l'hommage que le Fespaco lui a rendu le cinéaste sénégalais Mahamat Johnson Traoré, "créer, c'est comme accoucher", c'est bien ce qu'il a fait en réalisant son dernier film Caramel. Il centre son film autour de Fred, un célibataire endurci de 30 ans, exploitant de salles de cinéma, qui tisse une relation amoureuse avec Caramel, une jeune fille de 25 ans. Ils se rencontrent lors d'une projection du film Mangala, fille des Indes, un film qui a rencontré un énorme succès en Afrique. Avec beaucoup d'humour et d'amour, le cinéaste ivoirien en profite pour aborder les maux du 7ème art africain. Les stratégies déployées par Fred pour attirer les cinéphiles avec des rétrospectives ou de nouveaux films africains se sont soldées par des échecs retentissants, une séance n'enregistrant que trois entrées. Comme le dit Fred, "seuls les films américains trouvent l'adhésion des cinéphiles aujourd'hui". Pourquoi Duparc tient-il à parler économie du cinéma dans un film qui se veut une comédie ? L'humour domine en effet lorsque Maria, la grande sœur de Fred, s'obstine à mobiliser ses proches pour lui trouver la bonne chaussure. Il en oublierait ses soucis professionnels.

Par les mimiques des acteurs et l'humour des dialogues, Duparc fait de Caramel un film populaire. Les formules de Maria nous font rire tout au long du film, du style : "il aime les rondes avec de gros seins, mon frère". Mais le public accroche aussi par l'histoire, ce qui met de côté le souci de Duparc de conscientiser sur la gravité des problèmes auxquels doit faire face le cinéma africain. C'est le besoin familial de Maria qui l'emporte, elle qui recherche une femme pour son frère.

Mais Caramel se termine dans une étonnante ambiguïté. Ce film testament ressuscite Caramel pourtant décédée dans un accident, car le cinéma rend possible les rêves que ne peut offrir la réalité. Elle revient auprès de Fred son fiancé l'accompagner encore un moment, comme Duparc le fait encore à travers ses films qui restent bien au-delà de sa présence parmi nous. Il le fait à sa manière, provocateur et anticonformiste, notamment sur sa façon de voir la religion, et son humour ravageur n'a pas fini de nous réjouir.

Fatou Kiné SÈNE (Sénégal)

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